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Manifestation contre l'annulation des mandats d'arrêt : Les victimes franco-sénégalaises exigent la mise en examen de Mame Madior et Youba Sambou

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Manifestation contre l'annulation des mandats d'arrêt : Les victimes franco-sénégalaises exigent la mise en examen de Mame Madior et Youba Sambou
Les familles des victimes sénégalaises basées en France ainsi que celles des victimes françaises ont manifesté ce week-end à la Place du Trocadéro dans le 16e arrondissement de Paris. Il s'agissait de montrer leur volonté de poursuivre leur action devant les juridictions françaises après l'annulation des mandats d'arrêt internationaux.

(Correspondant permanent à Paris) - Plusieurs dizaines de personnes qui se réclament des familles de victimes du bateau Le Joola ont manifesté, samedi, sur le Parvis des droits de l'homme, au Trocadéro. Des messages de dénonciation sont inscrits sur de feuilles blanches brandies comme pour faire savoir que l'affaire du Joola suit son cours et que l'annulation des mandats n'y peut rien. On peut lire : ‘Affaire du Joola : trop de zones d'ombres. Qui veut-on protéger ? Les familles appellent à témoins’ ; ‘Toutes les familles des victimes soutiennent la justice française pour que la vérité soit connue et rendue en France’ ; ‘Familles des victimes du Bateau le Joola. Près de 2 000 victimes : Drame méprisé, banalisé par les autorités sénégalaises. Sept ans de souffrance, d'attente de vérité et de justice’. Ce n'est pas tout, car des pancartes mentionnent l'interférence de la politique dans cette affaire. Pour les manifestants, c'est un ‘drame politisé, un drame aux enjeux économiques et politiques’. D'autres s'interrogent sur la question du renflouement. ‘Le bateau Le Joola, à quand le renflouement ? Les familles attendent. Tout est encore possible. Il se trouve à 18 m de profondeur et à 22 km des côtes’.

C'est dire que l'annulation des mandats d'arrêt n'a pas douché les familles des victimes. Cela leur a donné, apparemment, une certaine vigueur pour poursuivre leur combat pour la justice. ‘Vu le rebondissement de la procédure judiciaire, on se mobilise pour montrer aux autorités sénégalaises que nous n'abandonnerons jamais cette affaire tant qu'il n'y a pas de vérité. Il faut la vérité parce que jusqu'à présent, nous ne connaissons pas la cause de cette catastrophe’, fait-il savoir ce membre du collectif des familles des victimes du Joola, Ndy Diatta entouré de Mme Djiba Yandé Diatta et de Mme Kato Dacosta. La première femme a perdu deux neveux et 36 personnes de son village et la seconde son mari et neuf membres de sa famille. Et Ndy Diatta d'enchaîner : ‘C'est la connaissance de cette vérité qui nous permettra de faire le deuil de nos parents, de nos enfants ou de nos proches qui ont disparu. Nous ne comprenons pas que le président sénégalais mette en place un pool d'avocats pour défendre ceux qui sont supposés être à la base de cette catastrophe ; alors que de notre côté, il y a près de 2 000 morts. C'est qui est scandaleux, c'est qu'il utilise l'argent du contribuable pour payer ces avocats. Nous ne comprenons pas pourquoi le président sénégalais a fait ce choix’.

Pour lui, après avoir classé sans suite les plaintes des familles des victimes au Sénégal, les autorités sénégalaises feraient mieux de laisser ‘la justice française faire son travail’. ‘Ces plaintes ont été classées sans suite sous prétexte que le Commandant de bord est mort. Pour eux, c'est le seul responsable de cette catastrophe. Non, nous ne sommes pas d'accord. Cela ne tient pas. Si nous devons accepter que le Sénégal est un pays démocratique ou en voie de démocratisation, nous ne pouvons pas admettre qu'une telle procédure judiciaire soit classée sans suite au Sénégal, pour un drame qui a occasionné plus de 2 000 morts. Le seul rempart que nous avons, c'est la justice française et heureusement. Et nous ne pouvons pas accepter de voir encore les autorités sénégalaises vouloir empêcher la justice française de faire son travail. Nous lançons un appel au président sénégalais pour qu'il puisse contribuer de toutes ses forces pour aider la justice française à situer la vérité. C'est cela la motivation de notre manifestation’, explique Ndy Diatta. Ce compatriote se dit ‘satisfait à moitié’ par la décision, rendue mardi dernier, par la justice annulant les mandats d'arrêt lancés contre Mame Madior et Cie. Selon lui, l'objectif des autorités sénégalaises n'est pas atteint puisqu'il s'agissait d'annuler la procédure. ‘Cela n'a pas été le cas. Nous sommes satisfaits sur ce point. Par contre, nous savons que les deux personnalités, Mame Madior Mboye et Youba Sambou, détiennent beaucoup d'informations. Ce serait intéressant de les mettre en examen, sachant que les mandats d'arrêt sont synonymes de mise en examen. Même si leurs mandats d'arrêt internationaux sont annulés, cela ne veut pas dire qu'ils ne seront pas entendus. Et s'il y a lieu d'identifier une responsabilité de leur part, la justice fera son travail. Nous sommes satisfaits parce que la procédure est toujours là et que nous avons confiance en la justice française pour aller jusqu'au bout. C'est ce qui est sûr, on aura la vérité. Ce sera quand ? Je ne sais pas, mais on l'aura’, se promet-il.

ETAT DU NAVIRE AVANT LE DRAME, RETARD DES SECOURS, ETC. : Ces interrogations qui taraudent l’esprit des parents de victimes

Membre du collectif des familles des victimes du Joola, Ba Sagna estime que ‘le Sénégal, qui est à la fois propriétaire et exploitant du navire, doit s'expliquer sur ce naufrage, répondre aux questions qu'on se pose’. ‘Comment se fait-il qu'un navire qui est en mauvais état soit remis en service ?

Comment se fait-il que toute la nuit du naufrage, personne ne s'est posé la question de savoir si le bateau est revenu ou non. On ne comprend pas pourquoi le Général Guèye, qui était chargé de déclencher les secours, est allé à Saint-Louis avec Méïssa Tamba, tournant le dos au navire qui était en train de chavirer. On ne comprend pas non plus pourquoi le Sénégal ne laisse pas la France juger l'affaire, si chez lui il n'y a pas de justice. Il ne faut pas polluer la justice française’, dénonce-t-il. Avant d'enchaîner : ‘Nous pensons que c'est le Sénégal qui a perdu parce que le fait d'envoyer un pool d'avocats pour être désavoué, c'est une honte pour le Sénégal’. ‘C'est honteux que le Sénégal dépense l'argent du contribuable pour demander la nullité de la procédure. Le Sénégal doit s'appliquer les vertus de la justice, de la morale parce que ce n'est pas normal d'apprendre à la jeunesse à ne pas reconnaître la justice’, fulmine-t-il.

En tout état de cause, les manifestants pensent que les autorités sénégalaises ne veulent pas que la justice soit dite. ‘Les familles des victimes n'entendent pas que les autorités sénégalaises fassent pression pour empêcher les ‘sachants’ de parler (…) Qui veut-on protéger ? Pourquoi un tel acharnement à vouloir empêcher que la justice française puisse mener à bien ce dossier ?’, lit-on dans un tract, distribué durant la manifestation. Ce document rappelle que ‘les mandats d'arrêt émis par le juge d'instruction ont pour objectif de permettre aux personnes concernées de s'exprimer sur le drame du Joola ; que la volonté exprimée par les autorités sénégalaises d'en terminer avec ‘l'affaire du Joola’ n'est pas acceptable pour les familles de toutes nationalités confondues. L'affaire ne sera pas classée en France, comme cela a été fait au Sénégal. Et contrairement à ceux qui veulent faire croire cette possibilité aux autorités sénégalaises, les manifestants rappellent que le peuple sénégalais attend la vérité ; et il sait que celle-ci ne pourra venir que des juridictions françaises.

En outre, des attaques ont été lancées contre le ministre d'Etat, ministre de la Justice sénégalaise, Madické Niang : ‘Non aux propos de Me Madické Niang, non à la politisation de ce drame’, dénonce-t-on dans la source documentaire. Les familles des victimes disent ne pas croire au fait que les ‘agissements’ des autorités sénégalaises devant les juridictions françaises soient seulement une volonté ‘dictée par le respect de la procédure’. ‘Le message (que nous lançons), c'est qu'il (le président Wade) arrête ce qu'il est en train de faire pour annuler cette procédure, enclenchée au niveau de la justice française. Le président Wade a été le premier, au lendemain du drame, à dire qu'il voulait toute la vérité. Pratiquement depuis plus cinq ans, malgré ses beaux discours à Ziguinchor ou ailleurs, il a toujours essayé de faire bâcher cette histoire’, soutient le président du Collectif des victimes françaises, Alain Verschatse, qui a perdu sa fille dans ce drame. Ainsi, ajoute notre interlocuteur. ‘En France, on n'est pas inquiet, parce que la décision de justice n'annule pas la procédure. L'annulation des mandats d'arrêt contre Mame Madior Mboye et Youba Sambou ne signifie pas qu'ils ne seront pas entendus un jour. Même si, on est peu déchu de cette annulation, car on sait que Mame Madior Boye se terre chez elle. Et si elle se terre chez elle, c'est parce qu'elle craint’.



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