Les jeunes de Colobane ne sont pas satisfaits de l’état insalubre de leur quartier dont les rues sont inondées par les eaux usées et pluviales. Pour réagir face à cette situation et montrer leur ras-le-bol, le collectif des jeunes du quartier a bloqué hier, vendredi 15 septembre, toutes les voies de circulation menant à ce quartier populaire de Dakar. C’est le premier acte des « journées rouges » décrétées par les jeunes qui se sont affrontés aux forces de l’ordre à coup de pierres, sous l’éclat des grenades lacrymogènes.
Il est 16 h hier, vendredi 15 septembre, quand les jeunes du quartier de Colobane ont barricadé toutes les voies de circulation qui traversent leur quartier. Le rond-point de la place Douala est barré, de même que la route longeant la Gendarmerie qui mène vers le marché. Dans cette rue, des taxis sont garés en fil indien au moment où les chauffeurs savourent leur thé, sous les arbres. Tout Colobane est bloqué et barricadé. Les jeunes organisés en petits groupes avancent, des morceaux de tissu rouges attachés à la tête, et lancent des pierres aux forces de l’ordre. La rue Co 43 est devenu un véritable champ de bataille où s’affrontent les éléments du Groupement Mobile d’Intervention (Gmi) qui lancent des grenades lacrymogènes et ces jeunes du quartier. Cet échange de projectiles va durer tout le reste de l’après-midi. Moussa Diaw, le président du collectif des jeunes du quartier, a révélé qu’ils ont adopté cette méthode pour se faire entendre. « Depuis quatre ans, nous avons exposé aux autorités les mêmes doléances sans satisfaction. C’est pour cette raison que nous avons décidée de descendre dans la rue pour protester. Nous exigeons le bitumage des routes, la stabilisation des trottoirs, l’assainissement et l’évacuation des eaux usées et pluviales ; ainsi que l’approvisionnement correct en eau potable », a noté Moussa Diaw, tout en sueur. En ce moment même, les forces de l’ordre circulent dans le quartier avec des fusils lance-grenades à la main. Des grenades sont larguées à la rue Co 43. L’air était devenu irrespirable quand le chef de quartier, Séga Barry Gassama, surgit et demande aux policiers d’arrêter. Une altercation s’en suivit. Ses enfants viennent à la rescousse pour le ramener à la maison. « J’avais demandé aux jeunes d’aller chercher une autorisation de marcher pacifiquement, ce qu’ils n’ont pas fait. Je ne suis pas responsable de la démarche des jeunes, et je les avais prévenus. Je suis sorti parce que les lacrymogènes sont insupportables », a déclaré le chef de quartier. Les jeunes organisés comme de véritables guérilleros, lancent des pierres sur les policiers et courent dans tous les sens pour se mettre à l’abri. Les policiers les poursuivent jusqu’au marché.
Entre autres problèmes évoqués par les membres du collectif des jeunes de Colobane se trouve l’état du centre de santé. « Le centre de santé est difficile d’accès car les routes sont impraticables », s’est indigné Moussa Diaw qui a tenu à rappeler que « depuis le début des travaux de l’Apix sur l’autoroute, la circulation est déviée dans Colobane, causant d’énormes désagréments à la population ». Au niveau du centre de santé, le personnel ressent le même inconfort. « L’insalubrité est notoire dans ce quartier. Les mouches et les moustiques fatiguent les malades. Nous sommes obligés de mettre des moustiquaires dans les salles », a noté la Majore du centre de santé.
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