Marché triangle sud de colobane: La grande détresse des commerçants déguerpis

Tristesse, désolation, inquiétude, ces mots ne sont pas trop forts pour décrire la situation dans laquelle les commerçants du marché triangle sud de colobane sis entre le pont et les Hlm angle mouss se trouvaient hier au moment où ils s’affairaient à évacuer les cantines. Des objets hétéroclites en tout genre déposés par terre en attendant d’être transportés. Des portes et des fenêtres démontées à la va-vite sous l’œil des occupants . Et comme en de pareilles circonstances, les voleurs ne ratent jamais l’occasion, ils se sont régalés. Au nez et à la barbe des occupants trop affairés ou dépassés par l’urgence. Une atmosphère généralisée de précipitation. De tohu-bohu.

Une évacuation en catastrophe. Parce qu’effectuée sous la pression des véritables propriétaires de ces cantines . « Je suis là depuis 12 ans, je dois dire que je ne sais que faire pour l’instant. Devant l’urgence et l’insécurité mais surtout du fait que je ne pouvais tout transporter sur le champ, j’ai été obligée de vendre une partie de mes marchandises après avoir acheminé l’autre partie chez moi à Grand-yoff » déclare Mme Kanna Der, 40 ans, qui tenait dans le marché une cantine de tissus et d’effets de mercerie. Devant son échoppe et au milieu des détritus de toutes sortes qui jonchent les allées de ce long couloir, Sobel Ngom, tailleur agé de 30 ans, affiche lui aussi son inquiétude « j’ai quatre frères qui étaient avec moi dans mon atelier, je leur ai demandé de retourner dans mon village au Baôl en attendant que je trouve une solution ». Lui, au moins, a été plus chanceux puisqu’il habite non loin dans le populeux quartier de colobane. Il a eu le temps d’évacuer toutes ses machines et les tissus qu’il gardait dans son atelier. D’autres comme Modou Mbaye, électricien, agé de 35 ans et domicilié à Guédjawaye ont tout vendu à la sauvette « moi je suis ici depuis 8 ans, vraiment c’est dur pour nous ! ». Si certains ont pu être dédommagés par la Mairie des Hlm à hauteur de 500 000 francs par cantine, d’autres n’ont pu avoir cette chance. Tout simplement parce qu’ils ne sont pas propriétaires. En effet seuls les propriétaires sont dédommagés. Et non les locataires, nous signale t-on. C’est le cas de Modou Faye, tailleur agé de 30 ans qui, lui, a confié ses bagages à des voisins d’à côté. Dans le quartier des Hlm angle mouss. Mme Ndèye Marième Ly elle est restauratrice établie dans ce marché depuis 20 ans maintenant. C’est-à-dire depuis son ouverture officielle. Elle avait loué quatre cantines pour les besoins de ses activités de restauratrice. Pour elle, un site de recasement doit être trouvé au plus vite car il s’agit là d’une question de subsistance. Dans ce marché, il y’avait 878 cantines. Au départ il s’agissait de commerçants déguerpis des marchés Sandaga, Sandiniery et môle 2 du port, nous apprend El Hadj Doucouré, le responsable du marché. Il révèle que les autorités ont promis un espace de recasement sur le site du parc à mazout à côté. Mais « on espère qu’elles vont tenir parole » a t-il conclu .