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MARIAMA TOURE SOCIOLOGUE (A PROPOS DE L’IMMIGRATION CLANDESTINE) “ C’est l’échec de nos projets éducatifs “

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MARIAMA TOURE SOCIOLOGUE (A PROPOS DE L’IMMIGRATION CLANDESTINE) “ C’est l’échec de nos projets éducatifs “

Mariama Touré, la sociologue a été invitée à se prononcer sur le phénomène de l’immigration clandestine par l’association féminine de « Fraternité musulmane » section du Point E qui innove ainsi, saisissant l’occasion d’une conférence… religieuse de ramadan. Appréciant la question, la sociologue trouve que « le fait social total » traduit les symptômes d’une crise économique, crise des valeurs sociales, crise morale et « surtout l’échec du projet éducatif » en vigueur jusqu’ici. 

Le président de la République, Me Abdoulaye Wade avait interpellé récemment les femmes face à la recrudescence du phénomène de l’immigration clandestine en leur demandant en substance de retenir leurs enfants au lieu de les encourager à risquer leur vie pour rejoindre Barça en Espagne. Introduite samedi dernier par sa collègue et sœur, Fatou Sow Sarr lors de la conférence religieuse, phénomène de mode en ce mois de ramadan du « diwan » (section) du Point E de Dakar de « Fraternité musulmane » de Pire (région de Thiès, département de Tivaouane) dont elle était invitée à questionner pour l’assistance la manifestation migratoire, ses causes et ses conséquences, Mariama Touré la sociologue trouve elle, qu’au plan des causes endogènes de ce véritable fait social total qu’explique « la massification des flux migratoires, le caractère hyper risqué accru par le type de transport emprunté (les lotios : embarcations de fortunes) et tout le système d’organisation du circuit », « Barca ou barsakh » n’est rien d’autre que « l’expression peut être la plus patente d’un des symptômes : crise économique, crise des valeurs sociales, crise morale et surtout l’échec du projet éducatif ».

Selon elle, il faut entendre par école, « pas seulement l’école formelle. C’est plutôt tout endroit fréquenté par l’enfant pour acquérir un savoir, un savoir être ou un savoir faire ; toutes les écoles sont plus ou moins atteintes. Conséquences : mendicité accrue, dérive morale, inadéquation de la formation ». Pour Mariama Touré : « Echec de l’école mais également échec de la famille dont l’espace a échappé aux parents pour céder la place à la radio, la télé, et aujourd’hui internet qui est au bout de la rue au cyber du coin… »

Au plan économique, la sociologue trouve que la crise qui perdure entraînant les conséquences désastreuses des Programmes d’ajustement structurel (Pas) et autres Dsrp, a quasiment supprimé la classe moyenne qui servait de tampon ainsi que « le recours aux valeurs de solidarité et l’entre aide qui fonde l’équilibre d’une société (…) » Or, pour elle, comme un clin d’œil de circonstance,-les délégations ostensiblement visibles qui se succédaient dans les tentes dont celle du nouveau ministre de la Famille , Awa Ndiaye, n’était pas des moindres hachaient en effet le bon déroulement de la conférence et en atténuaient la portée instructive et peut être religieuse,- « le Sénégal est de plus en plus ancré dans le paradoxe des pays les plus pauvres parmi ceux du tiers monde avec une composante très riche encline au m’as-tu vu et (8/8 et bracelet dof bi) à l’ostentation et une vaste composante très pauvre prête à toute aventure pour sortir du ghetto et s’assurer une vie décente même sans superflu ». Alors le « Tekki (réussir) mba torokh (ou être malheureux) forge le comportement social et amène les jeunes à de folles aventures.

Le Sénégal est malade

Ceci d’autant plus que la crise des valeurs sociales qui en découle entraîne une « mercantilisation des rapports sociaux et de la société toute entière : la solidarité et l’entre aide se sont éclipsées au profit de l’accumulation » (le plus souvent d’origine douteuse Ndlr) « et de l’ostentation ». Et dans un tel contexte, constate la sociologue, « les superstructures sont confondues dans l’infrastructure – l’appareil répressif prend le dessus sur l’appareil idéologique – l’homme n’est plus le remède l’homme – son remède est ce qui se trouve dans sa poche ». Et une crise morale qui fait que « les valeurs cardinales de notre société se sont déplacées ». Ou à tout le moins, « toute la famille des fondamentaux sociétaux est en train de plier bagage pour un voyage sans retour », note la sociologue.

Ainsi donc, Mariama Touré, trouve que le phénomène de l’immigration n’est pas simplement économique, car « il aurait été plus simple et moins risqué d’investir la somme requise dans une activité rentable et rester paisiblement dans le cocon familial… » Il est plutôt le résultat ou une des conséquences « d’une société déréglée où les repères sont perdus, les amarres rompues et bien évidemment les jeunes sont les plus atteints dans cette nuit à l’issue incertaine… »

A ce stade de son énoncé, la sociologue en arrive au constat que le Sénégal est bien malade. « Et quand la maladie s’attaque à la raison des gens, ils deviennent déréglés. Le dérèglement ne peut être positif quelque soit la circonstance quand la montre est déréglée elle ne donne plus l’heure, elle ne remplit plus par conséquent sa fonction principale… » S’accordant avec le président de la République qui interpellait récemment les femmes, Mariama Touré assure qu’il leur revient, elles les femmes, de « redéfinir les paradigmes et les valeurs qui fondent une société équilibrée ou des jeunes légitiment ambitieux vivent en harmonie avec des acteurs sociaux capables de prendre en compte leurs aspirations et des les accompagner vers les horizons d’une réussite planifiée aux contours moins périlleux… » Vaste et intéressant sujet dont les deux sociologues répondant favorablement à l’invite de leurs sœurs de « Fraternité musulmane », ont tenté de questionner ce samedi.

Hélas, les débats étaient ailleurs. Ils étaient plutôt sur les remerciements des multiples délégations avec leurs enveloppes dodues de bank-notes et les billets et devises pour la Mecque. Ils étaient dans la nécessité de revisiter l’arbre généalogique, non pas du prophète des Musulmans, mais des « Yax bu reuye » (Sang bleu de naissance ou d’acquisition) qui trônaient à la conférence. Aux côtés du … président du Cena, le vieux juge Moustapha Touré, dont l’épouse, l’ancienne assistante sociale, Anta Niang Touré, était l’organisatrice en chef.



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