MBOUR - La Senelec s’oppose à l’extension du réseau électrique à Malicounda

«Sans énergie, il ne peut y avoir ni croissance ni développement», a dit le président Macky Sall lors de l’inauguration de la centrale solaire de Bokhol. Mais les autorités de la Senelec de Thiès ne semblent pas comprendre cela. Elles refusent aux populations de Malicounda/Carrefour l’accès à l’énergie et ce, depuis plus d’un an. Malicounda/Carrefour, un quartier situé à l’entrée gauche de Mbour entre le croisement Saly et le croisement de Malicounda en provenance de Dakar. Les habitants qui ruminent leur colère, déclarent avoir été abusés et escroqués par la Senelec de Mbour et de Thiès.

Les faits remontent à 2015. Les populations, victimes de vols de panneaux solaires, de volailles, de motos, de cambriolages de boutiques et de quincailleries avaient déposé sur la table du commandant de la brigade de Mbour plusieurs plaintes sans succès. Une audience avec le préfet de l’époque (actuel gouverneur de Tambacounda) avait suscité beaucoup d’espoir, mais la suite n’a pas eu l’effet escompté. Alors, les populations, soient 26 pères de familles, se sont cotisé. Cinq millions cinq cent mille francs (5.500.000 F) pour bénéficier d’une ligne privée.

Un entrepreneur privé qui a été proposé par l’agence de Mbour a encaissé la somme et a réalisé les travaux en fin mars 2016. A la même période, il y a eu un grand mouvement dans la Senelec et pratiquement tous ceux qui étaient impliqués dans le dossier ont bougé, sauf le chef d’agence. A Thiès également, le directeur a été remplacé et Malicounda/ Carrefour s’est retrouvé avec une nouvelle équipe aussi bien à Mbour qu’à Thiès. Moussa Samba, le tout nouveau directeur de la Senelec de Thiès, de passage à Mbour, ayant aperçu des poteaux nouvellement implantés s’est informé et a donné l’ordre à l’agence de Mbour de ne pas alimenter ce réseau.

Il explique que le réseau est long (2,7 km) et qu’il aurait des chutes en fin de ligne. Des arguments battus en brèche par ceux qui avaient autorisé les travaux, avant son arrivée. Alors, les initiateurs de la ligne privée se sont déplacés de Mbour à Thiès pour rencontrer Moussa Samba. Ce dernier évoque des raisons techniques qui font qu’il n’y aura pas d’électricité de qualité avec cette ligne, vu sa longueur. Ainsi, la délégation a proposé de saucissonner la ligne en trois. Acculé et surpris par cette tournure à laquelle il ne s’attendait pas, il déclare que la Malicounda/Carrefour est une zone léguée à un concessionnaire tunisien.

Seulement, il a osé faire l’aveu qu’il n’a pas vu le document l’attestant. Cela a beaucoup surpris et étonné la délégation qui a pensé qu’il serait peut-être actionnaire dans cette entreprise. Sinon qu’est-ce qui justifierait cette volonté manifeste de bloquer ce dossier ? Et curieusement des lignes privées appartenant à des pachas continuent d’être approuvées dans le quartier. Pour se débarrasser de ses hôtes indésirables, Moussa Samba les renvoya auprès du concessionnaire. La rencontre a été provoquée en août dernier par le maire de Malicounda, Maguette Sène qui, d’ailleurs avait donné une participation de cinq cent mille francs (500.000) pour soutenir l’initiative.

Le concessionnaire du nom de Salem, dirigeant l’entreprise sénégalo-tunisienne dénommée la SCL, a avoué que le retard de l’électrification de cette zone ne dépend plus de lui, mais de COSELEC, l’entreprise en charge des travaux qui, dit-il, « m’a été imposé par l’Agence sénégalaise de l’électrification rurale (Aser) ». Salem explique que l’entreprise a déjà empoché les 40% du budget soit 8 milliards mais n’a réalisé que les 8% des travaux. Chaque jour l’entreprise promettait à Salem que la semaine à venir, les travaux seront réalisés et la date butoir, fixée par Mor Kassé, était la fin septembre.

Devant les multiples rendez-vous manqués de Coselec qui évoque souvent l’attente d’un matériel manquant, les populations ont tenu à rencontrer de nouveau le concessionnaire. Celui-ci explique que le quartier était oublié. Personne dit-il, ne savait si Malicounda/Carrefour appartenait à Saly, à Mbour ou à la commune de Malicounda. Comme personne ne savait où classer Malicounda/Carrefour, comment Moussa Samba a pu le concéder à un Tunisien des mois auparavant ? Comment le maire qui a participé financièrement à ce projet pouvait ignorer à quelle commune appartenait ce quartier alors qu’il empoche chaque jour les frais de mutation des acheteurs de parcelles dans la zone ?

Autant de questions qui font croire que la Senelec, la mairie, la Coselec ont vendu le quartier à la Scl. Il demanda ainsi aux populations de mener la même pression en tapant à la porte de la Coselec. C’est ainsi que les représentants des populations ont pris langue avec Mor Kassé, le directeur général adjoint. Celui-ci explique que « Malicounda Carrefour vient d’être ajoutée à la liste des villages à électrifier il y a juste deux mois. Ce qui remet en cause les propos de Moussa Samba et confirme ceux du Tunisien. Il poursuit : « Des villages ont été identifiés il y a plus de deux ans et jusque-là ils ne sont pas encore branchés. Estimez-vous heureux comme l’Aser a accepté votre dossier », a-t-il expliqué.

Il se lança donc à son habitude dans les promesses jamais tenues. Une valse de deux mois aura suffi aux demandeurs d’électricité pour claquer la porte. Fatigués d’être ballotées à gauche et à droite, le groupe a fini d’aller voir l’Agence sénégalaise d’électrification rurale. (Aser). Une demande d’audience a été déposée au secrétariat du directeur général le lundi 10 octobre mais jusque-là, aucune réaction. Dans tous les cas, les habitants envisagent de porter des brassards rouges et des pancartes le 30 octobre prochain pour en informer le président de la République lors de l’inauguration de la centrale solaire de Malicounda.