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Me ABDOULAYE BABOU MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE, DU TRAVAIL ET DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES : « Les enseignants percevront une indemnité de quinze mille francs dès fin janvier 2007 »

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Me ABDOULAYE BABOU MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE, DU TRAVAIL ET DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES : « Les enseignants percevront une indemnité de quinze mille francs dès fin janvier 2007 »

Au cours d’un entretien dans nos locaux, le ministre de la Fonction publique, du Travail et des Organisations professionnelles, Me Abdoulaye Babou, a décliné sa feuille de route.

Il a abordé le front social et l’enveloppe que l’État a dégagée pour trouver une solution au dernier point d’achoppement des négociations entre l’État et le Cusems, l’indemnité de logement qui passe de 35.000 à 60.000 francs (8,5 milliards), dont les effets se feront sentir dès la fin du mois de janvier 2007, la grève des travailleurs de l’Asecna. Me Babou a aussi insisté sur les inévitables réformes qui doivent s’appliquer à l’Ipres, à l’Ipm, à certaines conventions collectives devenues obsolètes

Monsieur le Ministre, en parlant de votre département, la première question qui s’impose, c’est la grève d’une partie des enseignants. Est-ce là un problème qui ne peut pas trouver une solution définitivement ; et pourquoi le climat social est-il souvent en ébullition de ce côté-là ?

Comme vous le rappelez, une certaine catégorie d’enseignants a présenté au gouvernement une plate-forme revendicative de soixante points. Au moment où j’ai pris le relais et d’après les comptes rendus qui m’ont été faits, j’ai constaté de visu que sur les soixante points, les cinquante-neuf ont été résolus. Le protocole d’accord m’a été présenté, trois centrales syndicales sont parties prenantes : l’intersyndicale A, l’intersyndicale B et le Cusems. Personne ne remet en cause les cinquante-neuf points qui ont eu un dénouement. Mais, au moment où il a fallu signer, seule l’intersyndicale B a apposé sa signature. L’intersyndicale A, le Cusems ayant refusé de signer pour la raison simple que l’indemnité de logement dont il était question n’avait pas été résolue. Sur les soixante points de revendication en tout, seule l’indemnité posait problème.

Je suis spécialiste en droit du travail et relations professionnelles, j’ai fait des études supérieures en ce sens à l’université de Nanterre. Mon ancien professeur de négociations collectives qui était l’ex-secrétaire général de la Cgt me disait que si dans des négociations collectives, on parvient à avoir satisfaction entre 10 à 20% des problèmes posés, on a gagné. Donc, sur cet accord, cinquante-neuf points d’accord avaient trouvé solution. Rien que de ce point de vue, on ne peut pas dire que le gouvernement n’a rien fait. Cela, il faut avoir le courage de le reconnaître, n’est pas déjà mal. Le seul point d’achoppement était l’indemnité de logement. Le principe de son augmentation avait été retenu, mais ce qu’il restait, c’était de savoir sous quelle modalité.

L’offre du gouvernement était d’étaler les quinze mille francs à raison de cinq mille francs par année, (soit en trois annuités). Il faut dire que cette indemnité est un supplément, chose que les gens oublient souvent. Parce que les vingt mille francs étaient déjà acquis, c’est les suppléments qui devaient être étalés en trois annuités jusqu’en 2009. Dans sa magnanimité, le président de la République nous a instruits, le ministre de l’Éducation, le ministre du Budget et moi-même de trouver immédiatement une solution à ce problème. C’est pourquoi le gouvernement a mis sur la table huit milliards cinq cents millions. C’est un effort conséquent, en disant que dès janvier 2007, nous réglons en une seule tranche les quinze mille francs. Mais le gouvernement a ajouté qu’en octobre 2007, nous allons y ajouter encore cinq mile francs.

En d’autres termes, cela veut dire que d’un point de départ de vingt mille francs comme indemnité initiale, la somme va passer à quarante mille francs, soit une augmentation à cent pour cent. Dans quel pays a-t-on vu un gouvernement satisfaire les revendications des travailleurs à raison de cent pour cent. C’est un cas unique au Sénégal. Vu sous cet angle, j’ai convoqué donc les centrales syndicales en présence du ministre de l’Éducation nationale et du Budget et nous leur avons exposé l’offre du gouvernement et, en ce moment, tout le monde a dit banco. C’est normal, parce qu’une revendication si elle est satisfaite, elle n’a plus d’objet. On nous a présenté une plate-forme de soixante points, et nous avons résolu les soixante points, donc, il n’y a plus d’objet. Le mot consacré qui a été utilisé par le Cusems et la centrale syndicale A, c’est dire qu’il va retourner à sa base. Là aussi, je trouve que c’est normal, parce que ceux qui étaient venus à notre rencontre, c’étaient des mandataires. Quand un mandataire est commis, il doit rendre compte à ses mandats, mais cela devait être une pure formalité. Par la suite, on a entendu des surenchères au niveau de la radio, au niveau des médiats.

Le président de la République a été clair et net. Sa position est invariable et tout le monde l’appuie. On nous a présenté une plate-forme revendicative et elle a été satisfaite à cent pour cent. Si on continue à faire de la surenchère, là on sort du domaine syndical pour épouser d’autres créneaux qui ne nous regardent plus. En tout cas, la réponse a été claire et nette, une satisfaction à cent pour cent. D’ailleurs, les acteurs qui sont les élèves, les parents d’élèves sont vite montés au créneau. L’association des parents a dit clairement qu’elle ne voit plus l’effectivité des revendications dans la mesure où tous les points ont été satisfaits. Les élèves nous ont rejoints ce jour-là au 9 éme étage du Building administratif, à la salle de conférences, pour montrer leur ras-le-bol. Ils ont dit sans ambages ne pas vouloir que leur scolarité soit hypothéquée. Donc, il faut que les Sénégalais soient conscients d’une chose, que ce gouvernement qui a donné satisfaction aux syndicats ne peut pas faire autre chose. Je ne veux pas aller plus loin, suivez mon regard, vous avez compris nous avons accompli notre devoir vis-à-vis des syndicats.

Monsieur le Ministre, quelle est votre position par rapport au problème posé au niveau de l’Asecna par ses agents qui avaient pris la résolution de perturber le trafic aérien ?

À ce niveau, je ne peux dévoiler notre stratégie pour l’heure. Tout ce que je peux vous dire, c’est ce que dès que nous avons été informé du conflit, un dispositif d’alerte a été mis en branle. Nos services sont entrés en contact avec les principaux partenaires syndicaux et sociaux : et le travail se poursuit. Nous espérons qu’une solution sera trouvée dans les jours à venir, peut-être aussi les prochaines heures.

Nous avons un dispositif de prévention et de résolution des conflits, à quelque niveau que ces conflits se situent, que cela soit dans le secteur public ou dans le privé. Cet organe est celui qu’on appelle le Cnds. Il faut l’apprécier et mettre en exergue le travail efficient que fait son président, M. Youssoupha Wade. l a réuni toutes les centrales syndicales le jeudi dernier dans son cabinet et tout doit pouvoir rentrer dans l’ordre apparemment. Je ne peux déflorer ce qu’il a fait comme travail appréciable, mais j’ai bon espoir. Dans le cadre qu’est celui de l’Asecna, le dispositif est entré en branle.

Le président de la République a pour souci, de satisfaire les revendications sociales. Jamais dans l’histoire du Sénégal, il n’y a eu autant d’avancées. Les rémunérations de travailleurs salariés du public ont été presque multipliées par deux. Les gens disent qu’au Sénégal, tout d’un coup, on découvre des milliards, mais où étaient ces milliards. Chaque catégorie de la population a senti qu’il y avait du nouveau. Au niveau des retraites, un travail a été fait en direction de la revalorisation des rentes. Quand on parle de revalorisation des rentes, c’est de l’argent qui rentre. Au niveau de l’Ipres, un travail colossal est en train d’être fait.

Au niveau aussi de la protection sociale, le plan Sésame, une sorte d’assurance maladie universelle, est un exemple unique dans le monde. Comment un pays comme le nôtre est parvenu à assurer la couverture de la maladie universelle à des personnes âgées de plus soixante ans sans bourse délier ? Ce n’est pas seulement dans ce domaine, on a vu le travail colossal fait dans le budget de l’éducation avec 40% qui sont traduits en lycées, décentralisations des structures scolaires jusqu’aux villages les plus reculés ; on voit des Cem rapprocher alors l’école de l’élève.

Je souhaite que les gens puissent être objectifs dans l’appréciation du gouvernement. Les discours ne suffisent plus. Ce gouvernement de l’alternance a montré aux Sénégalais, depuis 2000, ce qu’il est capable de faire. Au niveau des infrastructures, franchement, j’ai l’humilité de reconnaître que quand j’étais au Cpc, une fois en réunion chez Amath Dansokho, on se plaisait à railler le président de la République en disant qu’en 2007, il n’aura que la porte du millénaire à nous montrer et des éléphants blancs aussi.

Est-ce qu’on ne doit pas changer objectivement avec ce qui se passe à Dakar : les infrastructures ; ce qui se passe dans les régions et partout. Je me plais, moi, dans ce cadre, à reprendre ce que Senghor disait : « en l’an 2000, Dakar sera comme Paris ». Et Dieu a fait que c’est Abdoulaye Wade qui va réaliser cette prophétie. Donc, jugeons le président sur la base de son bilan. Ici, si vous avez les chiffres comparatifs, vous trouverez des revendications qui datent de plus de trente ans et qui n’ont jamais été satisfaites. En six ans, le régime de l’alternance est parvenu, sur bon nombre de points sur tous les fronts, à faire enregistrer des avancées significatives. C’est pour cela que je dis que le président de la République est fier pour présenter son bilan, parce qu’avec un bilan de ce genre, il sera réélu dès le premier tour, parce que cela c’est du concret.

Parlez-nous un peu de l’Ipres qui a été traversée par des soubresauts il n’y a guère. Quelle est la solution qui a été trouvée ?

Ce que vous devez savoir, c’est qu’un gouvernement responsable a intérêt à ce qu’il y ait la paix sociale. Autant la sécurité sociale est aujourd’hui devenue modèle, fonctionnelle à tout point de vue, autant au niveau de l’Ipres, il doit y avoir une certaine mutation dans l’intérêt bien compris des allocataires de l’Ipres. Ils sont plus de cent mille. Un gouvernement qui un est service public ne peut pas ignorer le sort de cent mile retraités. À l’Ipres, il faut qu’il ait nécessairement des réformes et, sur ce plan-là, toutes les parties en conviennent. Il faut réformer l’Ipres pour la rendre beaucoup plus souple, innovante et pratique.

Rappelez-vous, avant l’alternance, l’Ipres avait des problèmes d’argent, et c’est l’État qui a mis la main dans la poche. Parce que l’État ne peut pas croiser les bras. Si les Ipm ont des problèmes et ne parviennent pas à faire face à leurs obligations, c’est l’État qui va toujours mettre la main dans la poche. Donc, l’État gère des intérêts supérieurs, il n’a pas d’état d’âme, c’est l’intérêt général qui prime. C’est cela qu’il faut voir. Ce n’est pas une question de l’opposition cryptopersonnelle, l’État ne raisonne pas sous cet angle. Il trouve des solutions pour le plus grand nombre. Ce dossier est piloté avec beaucoup de sagesse et beaucoup de compréhension. De même que je salue la responsabilité, la prise de conscience patriotique aussi bien du patronat que des organisations syndicales. Nous nous sommes retrouvés déjà autour de M. le Premier ministre et tout se fait normalement, mais attendons, parce que je crois, lorsque les résultats seront portés à votre connaissance, tout le monde y trouvera son intérêt, et c’est cela que cherche l’État et non autre chose.

Le monde du travail est complexe. Comment appréciez-vous le travail que vous êtes appelé à faire, à la tête de ce département à résultats immédiats ?

Je suis tenu par une obligation de résultat, cela veut dire que ça doit être concret. Ce que je fais dans mon département doit être capitalisé, et même à court terme, parce que nous sommes à trois mois des élections et il faut du concret. Ma spécialité, c’est le droit du travail, mais j’ai côtoyé aussi, pendant vingt-trois ans, durant ma carrière d’avocat, les organisations syndicales comme les organisations patronales. Tantôt je défends un employé, tantôt je défends un employeur contre son travailleur. Ce milieu ne m’est pas étranger. Le président nous a donné des orientations. Il nous a dit : tant qu’il est possible, dans l’amélioration des conditions de travail, de rémunérations, de protection sociale des travailleur, faîtes-le en accord avec le ministère du Budget.

Il y a des chantiers à ouvrir, des pistes à explorer sur l’assurance maladie, sur l’assurance-chômage, sur la protection sociale du milieu rural pour parvenir à l’amélioration du monde du travail. La manière de discuter est un autre impératif, heureusement que par nature, le courant passe très bien, je suis un homme ouvert. Je crois que pour faire face à un ministère, il faut posséder une certaine dose de psychologie. Il n’y a pas de petit ministère, mais il peut y avoir un petit ou un grand ministre. Quand je suis venu dans mon département, j’ai trouvé sur place des gens. J’ai demandé les gens qui ont les compétences, on me les a indiqués et je les ai appelés, afin que nous nous réussissions dans la mission de conduire ce département à bon port. Il s’agit, en réalité, d’une équipe expérimentée et rompue à la tâche que j’ai maintenue telle quelle.

Comme il est d’usage, j’ai fait le tour de l’ensemble des services qui dépendent du département. C’est ainsi qu’à l’intérieur même du ministère, j’ai visité la direction de la Fonction publique, la Sécurité sociale, la Cosris, le Cnfa de Rufisque, le Centre médico-social. J’ai également reçu le patronat et ce sera bientôt le tour des organisations syndicales des travailleurs. Je tiens à souligner que je viens ici pour faire des résultats à court et moyen termes.

Pour être concret M. le Ministre, pouvez-vous nous parler des chantiers ouverts et les résultats que vous pouvez présenter, si vous devez faire un bilan tout de suite ?

Pour ce qu’il faut attaquer comme chantiers, je demeure convaincu qu’il faut revoir un peu les conventions collectives dont la plupart sont obsolètes, datant des années 1980. Les grilles indiciaires des salaires sont aussi un chantier à ouvrir. Il faut aussi lancer un grand débat sur une sorte de dialogue au plan économique et social pour faire de l’entreprise un havre de paix où employeurs et travailleurs se retrouvent, parce que nous pensons que le travailleur ne constitue pas un coût pour le chef d’entreprise, mais il est un investissement social.

PROPOS RECUEILLIS PAR SALIOU FATMA LO, BABACAR BACHIR SANÉ & KHOYANE DIOUF (stagiaire)



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