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Mécaniciens de DAKAR : Entre précarité et déguerpissements

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Mécaniciens de DAKAR : Entre précarité et déguerpissements
Installés dans tous les coins et recoins de Dakar, les mécaniciens sont indispensables aux automobilistes. Un tour dans les garages de la capitale permet de prendre le pouls de ces ouvriers qui vivent la précarité.

A Dakar, les mécaniciens occupent tous les espaces publics libres. Dans chaque coin et recoin de la capitale sénégalaise, il existe des garages de fortune.  De fait, ils sont indispensables à la société.  Partout où ils s’installent, les mécaniciens sont sollicités par des personnes de toutes les classes sociales pour un service bien déterminé et vital : dépanner ou entretenir la voiture ou la motocyclette.

Selon certains mécaniciens, l’occupation anarchique de ces espaces s’inscrit dans une logique. « Nous voulons juste offrir aux automobilistes un accès facile aux garages », explique Dame Sène, chef de garage informel à Scat Urbam. Selon lui, une voiture peut tomber en panne n’importe où et le grand souhait du conducteur est de pouvoir trouver un garage fonctionnel qui puisse le tirer d’affaire le plus rapidement possible. Si c’est dans cette logique que les mécaniciens occupent pêle-mêle les zones inhabitées jusqu’à enlaidir le paysage urbanistique de la capitale,   cette occupation anarchique n’est pas sans obstacles à l’exercice de leur métier.  C’est pourquoi, ils font l’objet de tentatives de déguerpissement sans état d’âme. De fait, les mécaniciens sont toujours les premiers touchés par les activités de désencombrement opérées par les autorités municipales de la région.

« Nous sommes constamment sommés de déguerpir des lieux que nous occupons. Et cela n’est pas sans conséquence sur notre travail. A chaque fois que nous nous déplaçons, nous perdons la moitié de notre clientèle », confie Lamine Niang, chef de garage informel sis à la Cité Sipres.

Même son de cloche chez Sémou Diouf, un chef de garage mécanique au terrain Foyer de Dakar. En exercice dans ce métier depuis 1982, il  a eu à travailler comme ouvrier mécanique en Mauritanie.

Les établis qui défigurent le paysage urbain

Sémou indique ne pas y avoir rencontré des problèmes du genre. « Je travaillais sans problème en Mauritanie. Je n’ai jamais été déguerpi de mon garage à Nouakchott. Mais depuis mon retour au Sénégal, je n’arrive plus à exercer mon métier dans la quiétude. Sous le diktat des autorités municipales, je ne fais que me déplacer d’un endroit à l’autre. J’ai commencé à Grand-Yoff et voilà que je me retrouve au terrain Foyer de Colobane. Actuellement, j’en suis à mon neuvième lieu de travail», confie t-il avec un air désolé.  Et de poursuivre : « nous nous sentons vraiment lésés dans le métier que nous exerçons. Pourtant les ouvriers mécaniciens contribuent   au développement du pays. Le fait de recevoir et d’encadrer des jeunes garçons, qui ont abandonné les bancs de l’école, contribue à la réduction du banditisme et de la délinquance juvénile ».

Ne sachant plus, aujourd’hui, à quel saint se vouer, Sémou dit qu’il reste favorable au recasement des mécaniciens dans un site, quel qu’en soit l’emplacement.  « L’essentiel est d’avoir un lieu fixe où exercere, toute tranquillité son métier », soutient-il.  Abdou Karim Seck, chef de garage tôlerie au terrain Foyer de Colobane est, lui, à son cinquième garage entre 1992 à 2010. Une situation qui ne l’enchante guère, parce que selon lui, les déplacements qu’il fait constituent un handicap majeur dans le travail. Tout comme Lamine, Abdou Karim a perdu un nombre important de ses clients. « Il faut que ces déplacements cessent. L’endroit que nous occupons présentement nous a été attribué par le propriétaire. Le jour où il aura besoin de son terrain, nous nous verrons encore dans l’obligation d’en chercher un autre », fulmine-t-il.  Pour lui, il est temps que les ouvriers mécaniciens se réunissent en bloc pour pouvoir s’imposer et revendiquer ce qui leur revient de droit : un site où ils pourront être recasés et travailler dans la quiétude et la stabilité.

La tension avec les autorités municipales a fait également que beaucoup de mécaniciens renoncent à leur métier. A cause de ce problème de site fixe, la majeure partie des ouvriers en mécanique ont préféré jeter l’éponge, d’après Sémou Diouf qui ajoute que certains se sont même retrouvés derrière les barreaux pour cause de déguerpissement.  Ceux-ci s’étaient engagés à réparer des voitures qui se sont trouvées sur la voie des bulldozers. Pris de court, ils ont assumé la responsabilité de beaucoup de dégâts sur les véhicules endommagés ou des pièces perdues, lors des opérations de désencombrement. Du coup, les propriétaires n’ont pas hésité à mener des actions en justice pour obtenir des dommages et intérêts.    En exercice depuis 16 ans, Lamine soutient que la mécanique ne nourrit plus son homme, c’est pour cela dit-il, que certains de mes employés ont décidé de renoncer à ce métier. Il n’a pas vu de mal à cela, puisque ces employés touchent mensuellement entre 20.000 et 25.000 Fcfa. Raison pour laquelle Lamine est peu exigeant envers eux. « Je leur donne la possibilité de faire autre chose.  Mes employés ne se limitent pas simplement au métier. Ils font en même temps que la mécanique, de la tôlerie, de l’électricité ou encore de la peinture, ils font des à-côtés pour pouvoir joindre les deux bouts ».

Le rêve d’ouvrir son propre garage

Abdou Karim Seck, chef de garage de tôlerie sis au terrain Foyer embouche la même trompette.  « La mécanique fait vivre difficilement son homme ». A l’en croire, être apprenti mécanicien en est une chose et être mécanicien et gérer son propre garage en est une autre.  Pour Karim Seck, le fait d’être mécanicien et chef de garage ne signifie pas qu’on est tiré d’affaire et qu’on gagne bien sa vie. « Les charges financières pèsent sur beaucoup de chefs de garage, car tu dois dépenser aussi bien pour ta propre famille que pour les apprentis. Au moment où je vous parle, j’assure chaque jour à tous mes apprentis, le petit déjeuner, le déjeuner et leur transport, sans compter mes propres charges familiales », confie-t-il. Avant de poursuivre « un mécanicien gagne sa vie quotidiennement, du moins, le mécanicien du garage informel.  Je distribue à l’ensemble des ouvriers du garage, apprentis y compris, ce que je gagne chaque jour.

La somme peut varier entre 5.000, 10.000 ou 15.000 Fcfa. Tout dépend du marché et du nombre de clients. Il arrive aussi des jours où nous n’empochons pas un seul centime. Mais tout se passe dans une compréhension collective ».

Beaucoup de mécaniciens finissent par abandonner le métier

Si c’est pour les chefs de garage que tout n’est pas rose, les apprentis, eux, souffrent le martyr. En effet, ils n’y gagnent que des miettes.  Pourtant, la plupart du travail est abattu par ces jeunes qui ont, pour la majeure partie d’entre eux, abandonné très tôt les bancs de l’école à la recherche d’un travail pour soutenir leur famille. Hamadou Baldé fait partie de ce lot de jeunes mécaniciens qui triment dans les garages pour ne gagner que quelques pièces de monnaie.

« Je travaille à longueur de journée et le soir, mon patron me donne quelques pièces pour mon transport. Je sais que je ne mène pas une vie décente actuellement, mais je vis dans l’espoir qu’un jour tout va s’arranger et que le temps des 500 Fcfa et 300 Fcfa, au soir d’une journée  de dure  labeur, sera révolu ».   En effet, Hamadou Baldé rêve dans un avenir non lointain de pouvoir gérer son propre garage.  Le jeune Papa Tine a très tôt embrassé le métier de mécanicien. « J’ai commencé à fréquenter les garages quand j’avais 9 ans. Comme j’étais faible à cet âge, je ne faisais que de petites courses pour mon patron ou d’autres aînés », confie t-il.  Pour lui, le début n’a pas été facile. « J’avoue que le milieu dans lequel j’évolue m’a beaucoup forgé. Trois ans après mes débuts, j’avais fait d’énormes progrès », dit-il avec fierté. A 12 ans déjà, Papa Tine tenait pour la première fois une clé pour déculasser les pièces d’une voiture. Depuis lors, il travaille dur dans le garage de Sémou Diouf, tout en espérant des lendemains meilleurs.

« Pour le moment, je ne gagne que des miettes. Mais je pense qu’empocher quelques pièces en fin de journée vaut mieux que de rester à la maison à se tourner les pouces.  De toute façon, j’ai l’espoir qu’un jour tout sera rose pour moi. Il suffit juste d’y croire ».

Lamine Dieng, jeune apprenti mécanicien, confie aussi que leur chemin est plein d’embûches.  « Nous sommes exposés à des risques au plan sanitaire », dit-il. Et de poursuivre : « « beaucoup d’entre nous souffrent de problèmes pulmonaires et lombaires, sans compter les risques de contracter le tétanos en cas de blessures par les métaux ».  En réalité, il arrive des moments où, par faute de matériels adéquats, ces mécaniciens soulèvent eux-mêmes des objets lourds comme des barres de fer ou des moteurs de voiture. Un travail de forçat.



7 Commentaires

  1. Auteur

    Naar Bi

    En Juin, 2011 (09:01 AM)
    gaw ngeen!
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  2. Auteur

    Senerusse

    En Juin, 2011 (09:05 AM)
    akh boyi kaye comme aye ferrari !
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    Auteur

    Lity

    En Juin, 2011 (09:16 AM)
    Courage vous finirez avec la pain béni :up: 
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    Auteur

    Cherche Fam

    En Juin, 2011 (09:23 AM)
    je cherche une femme senegalaise a mariè je suis en italie si ya des candidate se montrer mercii
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    Auteur

    Detectiv

    En Juin, 2011 (09:53 AM)
    c'est ça qui est la verite
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    Auteur

    Tienne

    En Juin, 2011 (10:08 AM)
    DAKAR UNE BIG TOWN DOIT ETRE DÉSENCOMBRÉE WAAAY
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    Auteur

    Tienne

    En Juin, 2011 (10:56 AM)
    oui
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