Des laissés pour compte. C’est le sentiment qu’ont les agents du défunt Ama-Sénégal spécialistes du nettoiement enrôlés par l’entente Cadak-Car. Aujourd’hui, c’est quelque 1 200 tonnes d’ordures qu’ils évacuent de la capitale chaque jour à bord de camions à ciel ouvert mal adaptés à ce genre d’opération et sans le minimum d’équipements de protection que sont des bottes, des gants et un masque pour la respiration. Ce qui les expose à des risques de contraction de maladies cutanées et pulmonaires. Et dans ce registre, Madani Sy, le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs du nettoiement (Stn) indique que plus de 10 de ses camarades éboueurs ont perdu la vie pour cause de tuberculose. Il révèle avoir lui-même saisi les employeurs lors du décès de la dernière personne terrassée par la maladie, au moment où le salaire du défunt était déjà suspendu.
« Nous travaillons avec les ordures, mais nous ne sommes pas des ordures »
À en croire les membres de la direction du Stn, le mal est beaucoup plus profond. « Plusieurs autres agents ayant contracté la tuberculose parce qu’exposés aux ordures sans équipements ont été mis en quarantaine », explique Madany Sy, avant d’ajouter que sans une prise en charge médicale, beaucoup de ces malades marginalisés parviennent difficilement à subvenir à leurs besoins, à s’acquitter de leur loyer, à payer leurs radios et autres analyses même si le traitement de cette maladie est gratuit. « Nous travaillons avec les ordures, mais nous ne sommes pas des ordures. C’est le même budget de 460 millions de F Cfa que l’Etat avait accordé à Ama qui a été investi dans le projet transitoire. Pourquoi Ama pouvait payer l’équipement nécessaire à ses agents alors que le nouvel employeur refuse d’en faire autant pour éviter pareille épidémie de tuberculose ? », se désole M. Sy. Quoi qu’il en soit, le Secrétaire général du Stn réclame de meilleures conditions de travail pour ses camarades avec un équipement adéquat, une couverture médicale efficiente, le paiement à temps des salaires et la rapide liquidation de Ama-Sénégal afin que les droits des agents déflatés soient payés. Menaçant de dérouler un nouveau plan d’action, M. Sy révèle en outre que la dégradation de la condition de technicien de surface est d’autant grave qu’il est à craindre que les changements intervenus dans la gestion de cette affaire perturbent le paiement des salaires du mois prochain. Selon M. Sy, la période transitoire qui ne devait durer que 4 mois, au lendemain du départ de Ama, vient de traverser son 13e mois sous la tutelle de l’Entente Cadak-Car et du ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature. Une cogestion qui atterrit entre les mains de Djibo Ka et, selon certaines sources, ce dernier veut que cette affaire soit transférée intégralement à l’Entente Cadak-Car ou bien reversée complètement dans son département. D’ailleurs, révèle Madani Sy, le millier de travailleurs d’Ama repris par le projet transitoire risquent de se retrouver avec des problèmes parce que, redoutent-ils, « il y a de fortes chances pour que les salaires du mois d’août soient entièrement dévolus à l’Entente Cadak-Car ». Une délocalisation que les travailleurs ne souhaitent pas du tout.
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