La méthode commence à faire jurisprudence dans la pratique de administration publique du Sénégal : chaque fois que les syndicats enseignants chauffent le front social, le gouvernement brandit la menace des retenues sur les salaires en se fondant sur la règle du ‘service fait’ comprise comme un dogme en matière de Finances publiques. La présente grève de l'Intersyndicale n'a pas fait déroger le gouvernement sur ses usages classiques. En visite de chantiers sur le site de l'Université Al Azar, le ministre de l'Education a fait dans la menace en déclarant que tous les jours de grève donc non travaillés seront défalqués du traitement des grévistes. ‘C'est une politique de courte vue’, oppose Mamadou Diop Castro, secrétaire général de l'Uden et un des responsables de l'Intersyndicale enseignante en bisbilles avec le gouvernement. Castro se désole que le pouvoir, au lieu de régler les problèmes des enseignants ‘utilise l'arme de la menace’. Le patron de l'Uden est convaincu que la règle ‘pas de travail, pas de salaire’ ne saurait s'appliquer à la grève. Parce que, pense-t-il, toute la procédure exigée en matière de grève a été, scrupuleusement, respectée. Il s'agit, notamment, du dépôt du préavis de grève. Face à cela, ‘le gouvernement a fait le mort et poussé les syndicalistes à la grève’, accuse Castro.
Et pour montrer toute leur détermination à ne pas se laisser intimider, ce dernier déclare : ‘nous opposerons la radicalisation à toute mesure visant à ponctionner les salaires’. Que personne ne s'attende à ce que les syndicalistes investissent la voie de la légalité pour pousser le gouvernement à fléchir. Une requête devant le juge administratif n'est, en effet, pas à l'ordre du jour. Selon Mamadou Diop Castro, ‘c'est la lutte sur le terrain qui sera le seul critère de la vérité’. ‘Nous ne nous embarrasserons pas de législation’, ajoute-t-il pour être plus précis.
Aguerrie par ses luttes passées, l'Intersyndicale reste vigilante quant à toute volonté du gouvernement d'user de manœuvres dolosives pour dégager moins que ce qu'il fallait en cas d'accord. ‘Avant l'alternance, on nous avait coupé les salaires pour payer les rappels. C'est cette supercherie (que veulent reconduire les nouvelles autorités) que nous condamnons’, souligne le syndicaliste en chef de l'Uden. Lequel ne s'est pas limité à camper sur des positions défensives. Castro attaque et exige, en effet, la démission des ministres de l'Education, du Budget et de la Fonction publique qui ont démontré, selon lui, ‘leur incapacité à respecter leurs engagements’. En fait d'‘engagements’, il s'agit des accords signés entre 2003 et 2006.
Castro et compagnie entendent démontrer toute leur hargne à se battre jusqu'au dernier homme pour dire non à la ‘discrimination’ et pour faire ‘rétablir la justice’. Pour cela, la bataille de l'opinion ne sera pas négligée. Pour Castro ‘l'opinion doit être interpellée’.
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