Mendicité : un maître coranique écope d’un mois de prison avec sursis

Dakar, 20 sept (APS) – Le tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné lundi à un mois de prison avec sursis, un maître coranique poursuivi pour les délits d’exploitation illégale d’enfants et de coups et blessures volontaires, a constaté l’APS.

A la barre, le prévenu a expliqué qu’il avait frappé son disciple, non pas pour une histoire de mendicité, mais parce que celui-ci fréquentait régulièrement la plage, malgré l’interdiction qu’il lui en avait faite.

Le maître coranique indique que plus de 30 talibés fréquentent son daara installé à Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar.

La version du marabout a cependant été battue en brèche par la ‘’badianou-Gokh’’ (marraine des enfants). selon elle, l‘enfant s’est présenté à son domicile vers les coups de 21 heures en pleurant.

Après avoir interrogé le talibé âgé seulement de sept ans, celui-ci avait alors déclaré que son ’’sérigne daara’’ (maître coranique) l’avait frappé.

Et il avait, dit-elle, expliqué sa punition par le fait qu’il n’avait pas pu rapporter la somme de 500 francs CFA que le marabout a fixée pour chaque talibé par jour.

La marraine ajoute que l’enfant a indiqué que son père et sa mère vivraient à Ziguinchor (sud), soulignant que le médecin qui l’a examiné a fait état de séquelles, signes graves sur son dos.

Elle indique que c’est elle qui avait envoyé l’enfant au commissariat de police de Guédiawaye, qui a ensuite saisi le procureur pour l’arrestation du sérigne daara.

Quant au président du tribunal, il a sévèrement réprimandé le sérigne daara, en lui signifiant qu’il a n’a pas le droit de maltraiter les enfants qu’on lui a confiés pour apprendre le Coran.

Il lui a intimé l’ordre de ramener l’enfant chez ses parents, s’il n’a pas la possibilité de subvenir à ses besoins en nourriture, notamment.

Le président du tribunal souligne que les maîtres coraniques ne sont pas obligés de nourrir et de vêtir leurs disciples, car ces charges incombent avant tout aux parents des talibés.

‘’Si vous n’avez pas les moyens d’entretenir vos talibés, il faut simplement les retourner aux parents’’, a-t-il lancé à l’endroit du maître coranique.

L’avocat de la défense s’est par contre offusqué du fait qu’aujourd’hui, on est en train de traîner les serigne daara devant les tribunaux, alors que les parents des enfants sont les seuls responsables de la situation.

Plusieurs personnalités, marabouts et hommes d’affaires, a-t-il rappelé, ont été formés dans les écoles coraniques traditionnelles.

Selon la défense, les Occidentaux et en particulier l’Europe font une pression sur les autorités africaines pour ’’une soi-disante interdiction’’ de l’exploitation et de la traite des enfants. Mais pour l’avocat, cela ne doit pas être un motif pour conduire les maîtres coraniques vers les prisons.

Le tribunal des flagrants délits, à la suite de son délibéré, a condamné le maître coranique à un mois de prison avec sursis et ordonné le retour de l’enfant chez ses parents à Ziguinchor.