ÉMIGRATION CLANDESTINE : Saint-Louis renoue avec les voyages de la mort

Les jeunes qui tentent de rallier l’Espagne sont loin d’abandonner leur rêve. En effet, en l’espace de 10 jours, la police a mis fin à 2 tentatives de voyage vers l’Espagne. Le premier groupe de clandestin est stoppé net le 10 décembre 2006 et l’organisateur principal de ce voyage périlleux, Bara Fall, a été placé sous mandat de dépôt. Deux jours après, c’est Talla Fall, un autre passeur, qui a mordu la poussière. Il a également été déféré avec les 20 candidats à l’émigration qu’ils voulaient embarquer à bord de sa pirogue. L’arrestation des candidats à l’émigration est une première car seuls les passeurs étaient poursuivis par la justice.

Bara Fall, né à Touba, marchand de profession, est le premier passeur à être interpellé. Il avait, au courant du mois d’octobre dernier, mûri, avec Doudou Seck Sarr, 67 ans, et Dame Thiam, né en 1978, un projet de voyage. À l’époque, ils avaient encaissé les sous de 12 Guinéens pour leur faire rallier les Îles Canaries. Mais le voyage n’a pas pu avoir lieu car leur plan a été déjoué par la police et la gendarmerie. Seul le vieux Doudou Seck Sarr a été arrêté, mais il s’évadera durant sa garde-à-vue pour rejoindre ses deux acolytes qui avaient pris la poudre d’escampette. Ce n’est qu’au mois novembre dernier que la police a été informée de la préparation d’un voyage pour l’Espagne. Dame Thiam qui était l’organisateur est arrêté le 10 décembre 2006 à 20 heures à la plage de l’hydrobase. Fouillé sur place, les éléments de la brigade de recherches du commissariat central trouveront sur lui la somme de 980.000 francs. Une somme que Bara avait encaissée auprès des candidats à l’émigration. Il sera placé sous mandat de dépôt le 12 décembre 2006. Entre temps, son compère Doudou Seck Sarr qui s’était évadé avait fini par mordre la poussière trois jours auparavant. Tous deux sont en détention à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Saint-Louis. Le troisième, Dame Thiam, a été balancé par son épouse avec qui il s’est chamaillé. Et c’est cette dernière qui a vendu la mèche aux pandores. Ce réseau démantelé, c’est au tour d’un autre passeur Talla Diagne qui avait repris le flambeau d’être cravaté par les hommes du commissaire Diédhiou.

Talla poursuivi pour escroquerie et trafic d’émigrants

Né à Saint-Louis, Talla Diagne risque gros. Son cas est un peu particulier car lorsque les policiers l’ont arrêté, il n’avait ni argent, ni pirogue alors qu’il avait encaissé des sommes variant entre 350.000 et 400.000 francs auprès de 20 candidats à l’émigration. «Je ne suis pas un passeur. C’est un certain Mbaye Diop qui habite aux Parcelles assainies qui m’a contacté pour que je lui trouve 60 candidats à l’émigration. J’ai encaissé l’argent de 20 jeunes parmi lesquels, il y a des Guinéens, un Gambien et des Sénégalais. Depuis que j’ai remis la somme à Mbaye, il s’est volatilisé. C’est pour cela que n’ayant pas de pirogue, je n’ai plus l’argent que j’avais encaissé auprès des candidats à l’émigration», a déclaré Talla aux enquêteurs de la police. Arrêtés dans la nuit du 12 au 13 décembre vers 3 heures du matin à la plage de l’hydrobase, Talla et les 20 jeunes qui tentaient de rallier l’Espagne ont tous été déférés au parquet hier soir. D’après une source proche du dossier, les candidats à l’émigration pourraient être condamnés. Ce qui serait une première depuis que le phénomène de l’émigration clandestine a débuté.