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Moïse Ambroise GOMIS : Ce qui me lie à Mme Abdou Diouf - Après miss Diongoma, des islamistes m'ont menacé de mort

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Moïse Ambroise GOMIS : Ce qui me lie à Mme Abdou Diouf - Après miss Diongoma, des islamistes m'ont menacé de mort
Les intempéries qui ont secoué le Landerneau politique sénégalais ont parfois fait vaciller sa longue carrière cathodique. Présentateur emblématique de variétés sur le petit écran public, organisateur attitré de miss Sénégal, Moïse Ambroise Gomis, sourire facile, bedaine tranquille, préfère sa compagnie élégante et cultive des amitiés politiquement peu conciliables. Ancien souteneur du candidat Diouf en 2000, il garde une relation privilégiée avec l’ancien couple présidentiel, donne des coups de main au libéral saint-louisien Ousmane Masseck Ndiaye, mais voterait volontiers pour Moustapha Niasse, l’homme qui le rassure.

Wal Fadjri : Lors des élections locales du 22 mars, votre soutien est allé au maire sortant, Ousmane Masseck Ndiaye. Qu’est-ce qui explique un tel choix?

Moïse Ambroise GOMIS : J'ai tout fait pour qu'il soit maintenu à Saint-Louis [réélu à la mairie de la ville, Ndlr]. J'avais créé un mouvement de soutien pour lui, mais il a été remplacé (…) Je viens de me rendre compte que les Sénégalais ont maintenant pris conscience de l’importance de la carte d’électeur. Il vous regarde faire. On vous montre à la télé, ils applaudissent. Mais le jour des élections, c’est la surprise.

J'ai côtoyé Ousmane Masseck Ndiaye pendant trois ans. On était devenus très proches. Beaucoup de gens me disaient : ‘Ca y est, tu es Pds maintenant.’ Je répondais toujours : ‘J'appuie ceux qui travaillent.’ L'épisode Abdou Diouf est terminé [en 2000, il avait créé ‘Arc-en-ciel’, un mouvement de soutien pour le président sortant, Ndlr]. Il y a eu l'alternance au Sénégal. On pense à l'après-alternance. C'est comme cela qu'il faut raisonner. C'est ce que le peuple demandait. Mais c'est un peuple versatile. Il veut tout ce qu'on lui propose. Il faut que nos hommes politiques cessent de faire des promesses qu'ils ne tiendront pas. L'Etat ne doit plus faire de promesses mirobolantes ; pour les gens, c'est se moquer d'eux. Et les sanctions tombent toujours.

(…) Je ne suis pas politique, mais j’aime les gens qui bougent. Ousmane Masseck Ndiaye m’avait intéressé par sa démarche. Certains disaient : ‘Il est hautain, il ne salue pas, il ne parle pas aux gens.’ Je leur disais : ‘Il travaille, et c’est pour le bien de nos enfants qui vont grandir dans cette cité.’

Wal Fadjri : Pourquoi aimez-vous, en politique, créer des mouvements de soutien au lieu de vous impliquer personnellement ?

Moïse Ambroise GOMIS : Oui, c’est vrai, on aurait pu y penser. La politique n’est pas figée ; mais il y a des gens qui se disent de droite ou de gauche, qu’est-ce que cela veut dire ? On avance dans ses convictions, et les convictions, elles-mêmes, changent. Car le monde change.

Wal Fadjri : L’envie ne vous vient-il pas parfois de descendre directement dans l’arène ?

Moïse Ambroise GOMIS : Non, j’ai créé ‘Arc-en-ciel’ pour appuyer un président qui était très loin des préoccupations des Sénégalais. Je disais, - ¬et je m’en ouvrais à l’entourage du président - : ‘Le président [Diouf] se rend-il compte que les gens ne sont pas contents ? Est-ce qu’on lui fait vraiment des rapports ?’ J’étais persuadé que non. J’ai voulu apporter un peu de palliatif dans des coins où c’était délicat pour lui. Nous avions beaucoup travaillé à Grand-Yoff, aux Parcelles Assainies, à Pikine. Mon mouvement de soutien était très dynamique. J’avais beaucoup de jeunes dévoués et surtout des étudiants. Figurez-vous que la Mercedes que j’avais à l’époque a été ‘caillassée’. On m’a enlevé les pare-brise lors du premier tour des élections [en 2000, Ndlr]. Parce qu’on était largement en tête à Berthe Maubert [Centre de vote du candidat Diouf, Ndlr]. Au premier tour, on était en tête, mais lorsqu’on perd un homme politique de la dimension de Moustapha Niasse, on ne s’en remet pas. Niasse a été l’élément déterminant qui a fait que Diouf a perdu. Personne ne s’y attendait. Tous pensaient qu’il allait revenir. J’ai beaucoup apprécié le geste de Niasse. C’est un homme politique qui lutte. On lui a fait du tort, il a posé le problème, on ne l’a pas résolu, il a choisi son camp. Même si cela a fait mal, il faut l’accepter. C’est un homme libre. Je l’ai rencontré, je crois, trois mois après les élections, à Paris, avec sa femme. Je suis allé la saluer. Elle m’a dit : ‘Ah ! Moïse je croyais que tu t’étais fâché avec nous.’ Je lui ai répondu ’jamais, jamais’. Moustapha Niasse est un homme qui a de la hauteur. Ce n’était pas de la vengeance, ce qu’il a fait. Il voulait démontrer au président Diouf qu’il s’était trompé…

Wal Fadjri : Votre soutien à l’ex-président Diouf vous a-t-il valu quelques problèmes ?

Moïse Ambroise GOMIS : Oui, oui. Surtout à la Rts. Je me suis retrouvé au frigo. Et, comme j’ai l’habitude du frigo. J’y suis resté tranquillement sans faire d’éclats.

Wal Fadjri : Cette mise à l’écart était-elle justifiée ?

Moïse Ambroise GOMIS : Non, non. Mais je rappelais à certains peut-être des souvenirs qui étaient désagréables. Mais, je dois dire que la pression du public a fait qu’on m’a réintégré. Afin, on me le faisait savoir cela de manière implicite : ‘Il faut reprendre l’émission, il faut peut-être refaire ceci et cela’. Je l’ai pris comme une incitation à reprendre ma place.

Wal Fadjri : Et qui vous aviez mis au placard ?

Moïse Ambroise GOMIS : Personne ne sait. Pour ces choses-là, on ne sait jamais qui décrète. On ne vous donne pas d’explication. On vous dit : ‘oui, il faut qu’on change un peu, faire quelque chose de nouveau’. Mais puisque je comprends très vite, je suis allé me mettre de côté pour ne fâcher personne. J’aide qui veut m’aider, je travaille avec qui veut. Mais cela est allé de mal en pis. La culture démocratique, c’est tout ce qui manque encore au Sénégal. Il faut savoir accepter les changements quand arrive un autre pouvoir. Ils ont changé. Ils ont amené des nouveaux. Mais s’ils se disent qu’il faut taper sur les gens parce qu’ils sont de l’autre bord, je ne suis pas de cet avis.

Wal Fadjri : Lors de la présidentielle de 2000, vous aviez, semble-t-il, reçu des menaces sur votre personne et sur votre famille ?

Moïse Ambroise GOMIS : Absolument ! Je n’osais même plus répondre au téléphone parce que c’étaient des insultes en n’en plus finir.

Wal Fadjri : Et saviez-vous pourquoi ?

Moïse Ambroise GOMIS : C’était peut-être la confusion électorale, le bouillonnement. Tant que c’était moi qu’on visait, je disais que ce n’est pas grave. Mais quand on a parlé de mon épouse, de mes enfants, ça devenait sérieux. Et ils me connaissent bien, car ils m’ont dit où j’habitais, qui je fréquentais. J’ai dû chercher de la protection. J’ai porté plainte à la gendarmerie de Thionk. On m’a dit que c’était un mouvement islamiste qui était dans la banlieue. La gendarmerie m’a dit qu’elle reconnaissait la terminologie utilisée et la façon d’écrire. Depuis lors, je n’ai plus reçu de menaces. Mais on ne m’a jamais dit comment tout cela s’est terminé.

Wal Fadjri : Concrètement, de quels genres de menaces s’agissait-t-il ?

Moïse Ambroise GOMIS : J’ai d’abord reçu une lettre manuscrite. Une lettre, où l’on a écrit des insanités sur mes origines, ma famille et tout ce que la morale ne me permet pas de rappeler. J’ai porté plainte contre X. Depuis cet épisode, je n’ai plus reçu de menaces. Sauf entre les deux tours des élections présidentielles de 2000. Alors là, j’ai reçu des appels vraiment incessants ! toute la journée. Je ne décrochais plus. On m’insultait. On caillassait ma voiture Mercedes, elle n’était plus reconnaissable. Après la défaite de Diouf, je suis resté enfermé pendant deux jours. Même chez moi, je recevais des insultes. Et pourtant, je n’étais pas acteur. Je n’ai pas compris. J’avais un mouvement de soutien, qui s’affichait clairement. Je soutenais le président Diouf. Cela m’a valu tant de haine. Et, tenez-vous bien, même de Ousmane Masseck Ndiaye. Il m’a dit : ‘Ambroise, quand je voyais tes banderoles et tes conférences à Saint-Louis, j’avais envie de foncer sur toi avec ma voiture’. Je lui ai dit : ’Heureusement que tu ne l’as pas fait. Parce que là, je ne t’aurais pas du tout conseiller aujourd’hui.’ Les gens prennent la politique à un degré tellement grave au Sénégal. Je survole cela. Il y a des hommes politiques que j’aime bien. Je suis très copain à Souleymane Ndéné Ndiaye qui venait me rendre visite.

Wal Fadjri : Après les menaces, quelles mesures de sécurité avez-vous prises pour assurer votre protection ?

Moïse Ambroise GOMIS : Je conduisais moi-même mes enfants à l’école. Un ami ‘commando’ nous accompagnait partout. Ce qui m’a surtout déplu, c’est qu’on ait fait référence à mes origines : ‘Vous êtes Manjack, vous n’êtes pas d’ici, vous êtes de la Casamance, foutez le camp chez vous.’ Je leur dis je suis Sénégalais comme vous. Je ne pars pas. Je reste ici.

Wal Fadjri : S’agissait-il de menaces de mort ?

Moïse Ambroise GOMIS : Oui, oui. Les menaces de mort, c’était avec les islamistes.

Wal Fadjri : Que vous reprochaient-ils exactement ?

Moïse Ambroise GOMIS : Ils disent qu’à la télévision, c’est moi qui montre des choses obscènes ; les jeunes filles en train de défiler alors que c’est interdit par l’Islam. Ces gens-là n’ont même pas lu le Coran ! Ils disent n’importe quoi. C’est un amalgame, un tissu de mensonges. Le sommet, c’était avec Miss Diongama [femmes d’âge mûr, Ndlr]. Alors là, je crois qu’il y avait des marabouts qui ne dormaient plus. Ils avaient leur chapelet en main toute la nuit. Ahmet Bachir Kounta [journaliste et guide religieux, Ndlr]] est venu me dire : ‘Ces gens racontent des histoires. Ils ne connaissent pas le Coran. Tu m’as invité, je suis venu, je ne vois rien d’obscène. Ce sont des femmes qui sont habillées en grands boubous, en taille-basses et en ndokettes [Camisoles], c’est ce que portent toutes les femmes dans la rue’. Miss Diongama, c’était peut-être une innovation et que les gens n’aiment pas se voir dans le miroir.

Wal Fadjri : C’était à quelle époque, les menaces des islamistes, avant les élections ?

Moïse Ambroise GOMIS : Oui, c’était avant les élections.

Wal Fadjri : Donc cela ne pouvait pas être de vos adversaires politiques ?

Moïse Ambroise GOMIS : Non, il n’y avait pas de connotations politiques. Avec les politiques, c’était plutôt un groupe de jeunes que je soupçonne d’être du Plateau ; notre influence était forte là-bas. L’école Berthe Maubert était mon lieu de vote. Et il faut dire que les étudiants s’étaient mobilisés en masse pour venir tous voter. Je me rappelle, mon ami d’aujourd’hui, Farba Senghor me disait à l’époque : ‘Ambroise, il paraît que les étudiants, c’est toi’. Je lui ai dit, j’assume.

Wal Fadjri : Maintenant de quel camp politique êtes-vous?

Moïse Ambroise GOMIS : De mon camp politique. Je veux gagner de l’argent et faire vivre ma famille.

Wal Fadjri : Vous avez soutenu Oumane Masseck Ndiaye, n’êtes-vous pas de la mouvance présidentielle ?

Moïse Ambroise GOMIS : Non, non. Aujourd’hui si je dois soutenir quelqu’un, qui a un projet et que je sais qu’il peut diriger le Sénégal, c’est Moustapha Niasse. Je ne suis pas de son parti. Je ne vais jamais le voir, mais il y a des gens qui rassurent. Me Wade avait besoin d’un homme comme Moustapha Niasse. Il a des connexions internationales, il est connu et respecté partout. Me Wade avait besoin de Moustapha Niasse pour asseoir sa politique. Cela lui aurait enlevé beaucoup de fardeaux. Il aurait pu vraiment se lancer dans sa Goana comme il le veut, sur le plan international Niasse aurait couvert plein de choses. Mais des mains ont travaillé dans l’ombre pour les séparer. J’avais dit à l’époque à des amis du Pds, comme à Souleymane Ndéné Ndiaye, que cela était une erreur. Il m’a répondu : ‘non, tu ne comprends pas, tu n’es pas politique.’ Je leur avais dit : ‘Si vous enlevez Niasse, vous perdrez plus que vous ne gagnerez.’

Wal Fadjri : Ceux qui sont au pouvoir ne rassurent-ils pas ?

Moïse Ambroise GOMIS : Peut-être, certains qui ont été sanctionnés. Mais il a d’autres qui réussissent leur parcours et qui font du bon boulot. Nous avons un Premier ministre qui est très jeune, qui avance rapidement.

Wal Fadjri : Est-ce que ce serait une surprise si un jour l’on vous voyait carrément dans la politique ?

Moïse Ambroise GOMIS : Oui, pour tous mes amis et autres. Parce que je me vois plus dans les arts, ou en train d’écouter de la bonne musique que de m’occuper de la politique. La politique que nous faisions ici, ce n’est pas celle que j’aime. J’aime que les gens aient une certaine hauteur d’esprit.

Wal Fadjri : Ne vous vient-il pas parfois l’envie de vous engager un peu plus ?

Moïse Ambroise GOMIS : Si, s’il y avait un parti des verts…

Wal Fadjri : Mais il y en a ?

Moïse Ambroise GOMIS : Oui. Ils ne sont pas encore puissants. Un grand parti des verts qui colle à l’opinion, qui se met en tête des manifestations publiques sur la cherté de la vie, sur la défense des intérêts du peuple, sur l’environnement, etc. Il faudrait que ces gens nous donnent envie de nous impliquer. Jusqu’à ce jour, je n’ai pas encore vu un tel parti. Ils sont tous les mêmes. Quel est le parti qui vous fait un programme environnemental ? Vous avez vu la corniche ? On ne voit plus la mer à certains endroits.

Wal Fadjri : La corniche, c’est l’affaire de Karim Wade…

Moïse Ambroise GOMIS : (Rires), c’est l’affaire du peuple…Je crois que lui-même, il doit se dire si j’avais su, je n’aurais pas touché à la corniche. Il aurait peut-être fait autre chose, et cela serait passé comme lettre à la poste. Il a le droit de faire de la politique et de se présenter. Je ne lui dénie pas ce droit, mais il y a des préalables : il faut faire ses preuves. Puisque maintenant il s’engage en politique, on verra bien si les Sénégalais lui font confiance. Moi, je ne sais pas.

Wal Fadjri : Il n’y a que Moustapha Niasse qui vous rassure parmi le personnel politique ?

Moïse Ambroise GOMIS : J’ai donné mon sentiment sur Moustapha Niasse. Je ne sais pas pourquoi, mais sa stature me rassure. J’ai mes amitiés personnelles. J’ai beaucoup d’amis dans le gouvernement et dans le parti socialiste. Personne n’ignore mes liens avec Jacques Baudin et sa femme. Ce sont des amis de longue date, avec qui j’entretiens d’excellents rapports.

Wal Fadjri : Et vous n’entretenez aucun rapport avec Ousmane Tanor Dieng ?

Moïse Ambroise GOMIS : Si, sa femme est une amie. Elle est Saint-Louisienne et je vais souvent les voir.

Wal Fadjri : Pourquoi n’avez-vous pas continué votre action de soutien au parti socialiste après le départ de Diouf ?

Moïse Ambroise GOMIS : Je n’ai jamais eu de carte du parti. Je n’ai jamais été affilié au Parti socialiste, ni à aucun autre parti. Jacques Baudin m’a dit un jour : ‘toi, tu soutiens, mais est-ce que tu agis ?’ Je lui ai répondu ‘bien sûr, tu as vu tout ce que je fais, et je vais voter, je mobilise les gens, mais je ne saurais militer dans un parti ’. Ni dans les coalitions où il y a des marxistes, des écologiste etc. Il n’y a pas de fondement. C’est pourquoi cela éclate toujours, il n’y a pas de ligne fédératrice dès le départ. Ils veulent tous le pouvoir. Comment y aller ? Ce n’est pas important. ‘Gagnons et après on se met d’accord’, c’est comme ça au Sénégal. Cela n’incite pas les gens à faire de la politique. J’aurais bien aimé voir un parti des verts qui s’occupe de l’environnement, du bien-être de la population, de la santé maternelle, des hôpitaux...

Wal Fadjri : On a l’impression que ce qui vous importe, c’est d’être en bons termes avec le pouvoir pour mener à bien vos affaires ?

Moïse Ambroise GOMIS : Ce serait égoïste. Non, non je ne suis pas d’accord…

Wal Fadjri : Mais vous n’avez pas une conviction politique forte…

Moïse Ambroise GOMIS : Parce je ne suis pas politique. On ne vit pas uniquement de politique. Les gens ne sont pas obligés de s’engager politiquement. On peut aimer quelqu’un et ne pas aimer ce qu’il fait. J’ai des contradictions avec eux sur la manière de gouverner, mais, sur le but, on peut être d’accord. Je crois que les tenants actuels du pouvoir n’ont pas respecté les formes.

Wal Fadjri : Quels types de rapports entretenez-vous avec le couple Diouf ?

Moïse Ambroise GOMIS : A chaque fois que je vais à Paris, je vais voir mon amie, [Mme Elisabeth Diouf]. On passe du temps. Je l’ai côtoyée quand elle avait sa Fondation. Elle a tellement donné pour cette Fondation, ‘Elisabeth Diouf Solidarité partage’. J’ai trouvé dommage qu’on ait arrêté les actions. Il y a tellement de suspicions, cela tue notre pays. Rien n’empêche aujourd’hui que Mme Wade vienne présider la Fondation ‘Solidarité partage’. Ce que Mme Wade fait avec sa fondation, c’est la même chose que celle de Mme Diouf : donner des ambulances, forer des puits. On aurait dû, en bon démocrate, laisser continuer la fondation ‘Elisabeth Diouf’ pour ce qu’elle faisait ; c’étaient des secours pour les populations. Je ne sais pas ce qu’il y a derrière. Je ne suis pas au courant. Elle et moi, de bonne foi, on donnait de notre temps, de notre argent. A la Fondation, on cotisait. Il y a des gens qui sont aujourd’hui dans le gouvernement qui occupaient des positions-clés dans la Fondation et qui cotisaient (...).

Il y a parmi nous des experts en retournement de veste (…) Il y avait des collaborateurs de Diouf qui travaillaient avec l’opposition, on n’en savait rien. Parce qu’il y a eu des retournements de vestes qui étaient tellement rapides. Il y a eu des gens qui ont vendu leur âme avant la défaite. Le président Diouf a été très affecté. Je suis allé le voir trois mois après, à Paris, il m’a montré une malle énorme remplie de courriers de Sénégalais qu’il n’a pas voulu ouvrir. Il m’a dit : ‘Je ne veux rien savoir’. Il avait subi un choc. Il ne s’imaginait pas aussi impopulaire. Il se disait qu’il n’avait rien fait de mauvais, qu’il a essayé de sauvegarder l’outil économique du pays. L’ajustement structurel a duré trop longtemps, et il n’a pas expliqué aux populations pourquoi il a été long et ce qu’il fallait en attendre. Il a essayé de le faire pendant sa campagne, mais c’était trop tard…

Wal Fadjri : Vous êtes l’ami des dames …

Moïse Ambroise GOMIS : Ah ! oui je le revendique. Je suis quelqu’un qui n’a pas eu de mère. C’est peut-être cela qui explique mon attachement aux femmes. Ma maman est morte en couches. J’ai été élevé par la grand-mère. Excusez-moi [Il s’arrête, au bord des larmes, Ndlr]. Vous avez un besoin de sentiment maternel incroyable quand vous vivez tout seul avec un père qui vous adore, mais qui a ses obligations. Une mère, c’est la famille, la chaleur de l’accueil, la sécurité, etc. Je n’ai pas eu cela. Mais j’ai eu quand même une grand-mère, qui n’a vécu que pour moi. Ce sont des périodes de ma vie qui sont difficiles. Voilà pourquoi je m’attache. J’ai besoin de confort (…) Je suis resté tout seul pendant très longtemps. Mon père ne voulait pas se remarier, cela ne me gênait pas. Cela m’a beaucoup conditionné. C’est peut-être cela qui explique que lorsque je suis avec les femmes, je suis à l’aise. Je ne suis pas à l’aise avec les hommes, je l’avoue. Les femmes ont une capacité de rassurer. Il y a des conseils que, seule une mère, peut donner. Cela m’a manqué. C’est peut-être ce qui explique ma proximité avec les femmes. Madame Diouf me considérait comme son enfant. Quand elle voulait quelque chose, elle faisait appel à moi. J’allais vers elle sans attendre quoi que ce soit. A une certaine époque, les gens me disaient : ‘pourquoi ne ferais-tu pas une demande à Madame Diouf pour avoir un poste dans les représentations diplomatiques’. Quand je suis allé la voir, elle m’a dit : ‘Travaille et élève ta famille, qu’est-ce que tu vas faire dans des ambassades où le Sénégal n’a pas de quoi te payer décemment’. C’est elle qui m’a enlevé cette idée de la tête. Si elle ne m’aimait pas, elle ne m’aurait pas donné ce conseil. Elle m’aurait laissé dans une ambassade bidon. Et je n’existerais pas en tant que Ambroise Gomis aujourd’hui.

*(Lire la suite de l’entretien dans notre prochaine édition)



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