La circulation à Dakar est un véritable chemin de croix. Tous les jours, la capitale sénégalaise est prise d’assaut par de milliers d’automobilistes. Et hormis les embouteillages, les tronçons coupés par les eaux de pluie, un autre trouble-fête de taille est venu se greffer au tableau lascif du tissu urbain défectueux de la presqu’île du Cap-Vert : les charretiers. Même si certaines avenues de Dakar leur sont interdites, ces derniers persistent et passent, à leurs risques et périls, allant jusqu’à défier l’autorité ! Reportage !
Il est 16 heures, passé de quelques minutes. Sous le ciel dégagé de Dakar, le soleil darde, à nouveau, ses rayons. La chaleur se sentait, et celle-ci enchevêtrée aux klaxons des véhicules rendait l’atmosphère plus « hostile ». Des cantines longent le trottoir, et à leurs côtés des tisserands. Un peu plus excentré, un charretier, harassé, certainement, par la fatigue, marque une pause sous l’ombrage des arbres sis à l’Avenue Cheikh Anta Diop au niveau du canal 4. Habillé d’un pantalon bleu et d’un tee-shirt presqu’en charpie, le visage renfrogné un cocher sous le couvert de l’anonymat explique : « Je reconnais le panneau d’interdiction à l’accès aux charrettes. C’est un tableau rond au fond blanc, qui a une bande rouge au milieu duquel on a dessiné un cocher sur sa charrette ». Les conducteurs de charrettes ne sont pas autorisés à prendre cette avenue. Mais notre interlocuteur l’ignore ; car, « il n’y a plus de tableau d’interdiction », reconnaît le policier en fraction. En d’autres termes, l’interdiction n’est pas matérialisée, donc le fautif ne peut pas être sanctionné. À quelques centaines de mètres de là, une autre avenue, où les conducteurs de calèches ne sont pas les bienvenus, porte ces tableaux d’interdiction. On est à l’avenue Bourguiba, on y’a trouvé le même constat amer. Les milieux différent certes, mais le constat reste le même. Des charretiers qui violent le code de la route, au vu et au su des policiers chargés de rendre la circulation fluide. En effet, un haras prend forme à quelques jets de pierres du croisement Baobab. Un des conducteurs de calèches du nom de Souleymane Sène, laisse entendre : « Je connais certes les sens interdits, mais ce ne sont pas ces tableaux qui m’empêcheront de passer. Je suis prêt à payer les pots cassés, car je ne peux pas rester sans travailler ». L’opération de déguerpissement des carrosses dans les zones qui leur sont interdites orchestrée, en Juin, par la police, n’est qu’un coup d’épée dans l’eau, reconnaissent les riverains. Cette défiance des charretiers à l’endroit des policiers, illustre parfaitement les limites de la police de la circulation. « Ce laisser-aller est de la faute de l’Etat », dit M. Moctar Faye. Le directeur général de la nouvelle prévention routière pense, aussi, qu’une forte amende doit être infligée à ces charretiers qui meublent les grands axes routiers de Dakar, ils n’ont pas d’assurance, ni de permis, et mettent en danger les usagers ». En revanche, les policiers de la circulation rencontrent pas mal de difficultés avec les charretiers, mais aussi avec leurs supérieurs hiérarchiques. « Pas plus tard que la semaine écoulée, un policier a été fauché par un charretier », dixit le policier de circulation, trouvé sur place, avant d’ajouter que, « le policier blessé a été traité de con par le service ». Le même policier reconnaît qu’il ne prendra aucun risque, pour arrêter un charretier, encore moins un conducteur de scooter, « malgré nos mises-en-garde, ils forcent le passage ». Par ailleurs, « ces charretiers provoquent l’ire des automobilistes. « Ils transgressent la loi en sachant qu’ils ne seront pas sévèrement punis », se désole un conducteur au volant ; avant de tempêter, « qu’ils doivent êtres lourdement sanctionnés ». En attendant que la police de la circulation en découse avec ces charretiers qui la défient, les automobilistes, quant à eux, prennent leur mal en patience. Cette impunité des charretiers est certes à noter. Mais il ne faut pas perdre de vue, ces conducteurs de scooters qui ne portent pas de casques, ou ces chauffeurs qui ne maîtrisent même pas le code de la route. L’Etat doit donc prendre les devants, pour parer à d’éventuels accidents. « Mieux vaut prévenir que guérir », dit-on.
Societe
0 Commentaires
Participer à la Discussion