MODE ALIMENTAIRE À DAKAR : Rush vers le « fataya »

Le « fataya » est une nourriture très prisée par la population Dakaroise ces derniers temps. Conjoncture oblige ou choix alimentaire pour satisfaire le goût du palais. Après le pain, les vacanciers et les femmes se plaisent à se régaler. Tous les soirs, les ruelles de la capitale sont envahies par les vendeuses de « fataya ». Ces dernières se frottent les mains durant cette période de vacances, car, elles voient leur chiffre d’affaires grimper d’un cran.  
 
Depuis le départ des élèves pour les vacances, les vendeuses de « fataya » ont vu leur chiffre d’affaires augmenter malgré la conjoncture actuelle. S’il y a un secteur qui ne souffre pas de la pénurie, c’est bien le secteur de la vente de « fataya ». Au fait, le « fataya » est devenu l’alternative pour la population au cas où il y n’aurait pas de dîner le soir. Mais aussi c’est devenu chez surtout les femmes une habitude de prendre les « fataya ». Ces jeunes filles frêles, à la fleur de l’age, sont souvent accompagnées par le « petit » papa pour raffoler des « fataya ». C’est un peu le cas de Astou, une belle fille, à la noirceur d’ébène, très souriante avec son « petit pa ».
Astou, dira : « Je ne peux pas m’en passer, car tous les soirs avec mon « papa », nous venons ici nous ravitailler. Cela nous permet d’être très solide pour passer du bon temps ». Si certains l’achètent pour rester consistant avec leur dulcinée, d’autres en raffolent pour résister aux durs moments que traverse le pays. Ce jeune Charles en est une illustration. « Je suis vraiment un abonné de fataya, cela me permet d’économiser avec cette période de crise généralisée. Souvent, je l’avoue, il n’y a pas de dîner chez moi. Et, c’est la consommation des fataya qui m’aide à tenir, sinon… ».
En dehors de ce registre de consommateurs, on trouve d’autres qui sont attirés par le goût succulent. Non loin de la station Shell en face du centre international du commerce du Sénégal, à Ouest-Foire, une femme, répondant au nom de Mme Kodio pour les clients du coin, s’active dans ce commerce depuis belle lurette. Sur la table de vente, s’exposent les beignets, les gâteaux, les « acras » et les « fataya », accompagnés de quelques miches de pain pour satisfaire le besoin des clients. À peine 18 heures, dans ce coin, les premiers clients font leur arrivée. En queue comme devant un guichet de banque, ils attendent chacun d’être servi à son tour. Selon Mme Kodjo, malgré la conjoncture actuelle, « il y a une nette amélioration dans les affaires.
Oui, ça marche parce qu’avec les vacances, je peux dire que ça va bien. Depuis quelque temps, je gagne un peu plus qu’avant ». A peine a-t-elle terminé, un client, donnant l’air d’un diplomate et qui préfère garder son anonymat venu s’approvisionne, a pris au rebond les paroles de Mme Kodio pour manifester sa préférence à cette nourriture pas des moindres. « Vous savez qu’actuellement tous est cher dans le monde. Donc pour ne pas trop dépenser mon argent, je suis obligé de venir acheter du fataya qui me servira de dîner. Ils ne coûtent que 25 Fcfa. C’est aussi un bon aliment par rapport à ceux des restaurations rapides ».
Le fataya fait à base de farine a su séduire plus d’un. Les hommes comme les femmes, les enfants ainsi que les adultes, tous ont un penchant pour cette nourriture. « Moi j’aime bien le fataya surtout quand c’est bien fait. Vous savez, il y a une chose qu’il faut dire. Aujourd’hui, tu rentres dans un restaurant de Dakar, je t’assure que même pour avoir un verre d’eau, il faut de l’argent. Donc, je suis obligée de prendre du fataya le soir qui fait partie de nos traditions », note une cliente qui estime encore une fois de plus que « cette nourriture est riche en vitamines, je vois même des patrons qui prennent le fataya à la sortie du travail ».
Dans les restaurants, le prix est plus élève que chez ces femmes qui les vendent en petite quantité à raison de 25 francs l’unité, contrairement à certains « resto » qui les vendent à 500 et d’autres à 700 francs. Pour sa part, M. Charles note : « j’aime bien parce qu’il y a en même temps le fataya et l’accra. Elles le font bien parfois, je mélange même les deux avec du pain. C’est moins cher et ce n’est pas aussi gras que ceux des restaurations rapides ». Ce Monsieur, grand consommateur de fataya, va plus loin et fait une comparaison entre celui qui va dans les restaurations rapides et celui qui achètent chez ces dames. Selon lui, le client des restaurations rapides s’expose plus aux maladies que celui qui achète chez ces bonnes-dames. Malgré le manque de modernisation dans le secteur, le « fataya » reste un aliment très consommé par les Sénégalais.
Elles sont nombreuses aujourd’hui, les femmes qui s’activent dans le commerce de « fataya ». Elles occupent le plus souvent les coins de rue, tous les soirs. Cette activité est très prise aux sérieux, car, elle renforce le revenu des familles démunies et contribue à soutenir l’économie du pays. Elle amortit aussi le poids des dures conditions de vie des femmes et les empêche de s’orienter vers la déperdition.