Momar Ndao: «Ça doit être la première d’une série de baisses de l’électricité»

Le chef de l’Etat Macky Sall a annoncé une baisse de 10% sur le prix de l’électricité. Une mesure que le président de l’Association sénégalaise des consommateurs, Momar Ndao, a analysé avec Seneweb.

M. Ndao comment accueillez-vous cette mesure de baisse ?

En tant que consommateurs nous apprécions la mesure à sa juste valeur pour plusieurs raisons. La première c’est que ces 12 dernières années, l’augmentation cumulée de l’électricité est de 49% pour les petits ménages, ceux qui n’ont pas de frigo, et de 82% pour ceux qui ont un frigo et plus. Donc on était arrivé à un moment où on ne pouvait plus augmenter le prix de l’électricité du fait des difficultés de Senelec. On était arrivé à une situation qui était très difficile. C’était intenable du fait de l’augmentation des prix du baril de pétrole et du fait aussi de la vétusté des machines. Donc ce sont  toutes ces difficultés cumulées avaient  fait que Senelec était en train de sombrer.

Quels facteurs ont permis cette baisse ?

Maintenant il y a une baisse des prix du carburant. Si l’on sait que le carburant a représenté jusqu’à 70% des charges de Senelec. Et ce même carburant tourne autour de 34%. Cela veut dire qu'il y a eu une baisse vraiment drastique des charges de Senelec qui, parfois, dépassaient les 200 milliards de Cfa. Aujourd’hui les conditions ont été réunies pour qu’on puisse répercuter cette baisse aux consommateurs. Il faut aussi dire que depuis quelques temps on a opté pour de machines qui ont des consommations assez faibles. Donc si le combustible baisse, si le cout au Kw/h baisse, il est normal qu’il y ait une répercussion sur  la facture d’électricité. Et c’est ainsi que la Commission de régulation avait  calculé qu’il y avait la possibilité de baisser le prix de l’électricité. Et  le Président l’a entériné et annoncé. Ce qui est une bonne chose. Je pense que ça doit être la première d’une série de baisses qui devraient arriver progressivement.

Pourquoi ?

Parce qu’avec le développement des unités de production  qui vont  vendre à 60 francs Cfa le Kw/h, notamment les unités solaires, notamment les unités de production de charbon, et aussi avec la découverte de gaz et de pétrole, nous aurons des couts d’achat de combustible beaucoup plus faibles qu’aujourd’hui. Il faut aussi étendre l’électricité au maximum de ménages. Parce qu’aujourd’hui le nombre ménages ayant accès à l’électricité est assez faible. Donc nous saluons cette baisse et nous pensons qu’il y aura d’autres baisses qui vont progressivement  être notées dans l’avenir.

Mais d’aucuns disent que l’Etat aurait pu baisser plus…

Oui tout à fait. C’était bien possible, mais il faut choisir entre baisser davantage pour ceux qui sont déjà des privilégiés et qui ont l’électricité ou faire une petite baisse et augmenter l’accès pour qu’il y ait un accès démocratique de l’électricité. C’est un jeu d’équilibres que le gouvernement a dû faire pour dire ‘‘on va aussi permettre à ceux qui  n’ont pas d’électricité d’y accéder’’. Et  je pense que cela aussi est une excellente chose. On peut toujours baisser mais le problème qui se pose aussi c’est que malgré  la baisse du prix du baril il y a une augmentation des prix du dollar. Si le dollar était au prix où il était, on aurait pu avoir une baisse plus importante. De plus, il y a eu beaucoup de hausses des prix du baril qui n’ont pas été répercutés sur le prix de l’électricité. Moi je suis persuadé que si tous les programmes en cours  sont réalisés il y aura d’autres baisses du prix de l’électricité.

Youssouf SANE