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MOUSTAPHA SOURANG, MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE : « NOTRE AMBITION, C’EST LE MAINTIEN DES ÉLÉVES JUSQU’AU-DELA DU CM2 »

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MOUSTAPHA SOURANG, MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE : « NOTRE AMBITION, C’EST LE MAINTIEN DES ÉLÉVES JUSQU’AU-DELA DU CM2 »

A la suite du constat selon lequel la grève de 72 heures déclenchée par une partie de l’Intersyndicale des enseignants a été « très peu suivie », le ministre de l’Education, Moustapha Sourang, pense que le mouvement est inopportun. Il en donne les raisons dans cet entretien. Il y revient aussi sur le bilan de l’année scolaire écoulée, et, entre autres, sur les efforts faits par le gouvernement pour améliorer la qualité dans le système éducatif, de l’éducation de base au supérieur.

M. le ministre, une partie de l’Intersyndicale des enseignants est allée en grève les 24, 25 et 26 octobre derniers. Quel commentaire en faites-vous ?

Je dois dire que la grève n’a concerné que 25 % des enseignants dans l’Elémentaire, et encore dans les villes. Car dans les zones rurales, les écoles ont bien fonctionné. Dans l’Elémentaire, le système scolaire a fonctionné entre 75 et 90 %. De même, il n’y a presque pas eu de mouvement dans le moyen-secondaire. Donc, de façon globale, le mot d’ordre a été très peu suivi.

Allez-vous prendre des sanctions contre les grévistes ?

Nous avons pris acte et avons constaté que d’autres syndicats ont fait dans le sens contraire. Ils l’ont dit clairement. Nous appliquerons la règlementation en matière de Droit du travail que le Bit (Bureau international du travail) a validée. Nous nous sommes aussi renseignés et avons informé beaucoup d’instances internationales sur les réalités. Je crois maintenant que l’idée de ponctionner sur les salaires a été validée par le droit du travail international. Cela ne posera aucun problème, les journées non travaillées ne seront pas payées.

A peine entamée, l’année 2007-2008 est déjà perturbée par la grève d’avertissement des syndicats enseignants qui posent, entre autres points, la question des sept milliards de francs promis par le président de la République. Est-ce qu’on peut s’attendre à une résolution définitive de ces questions ?

Oui, je l’ai dit à trois ou quatre reprises dans la presse. Le chef de l’Etat a promis de donner exceptionnellement sept milliards de francs CFA à diviser par le nombre d’enseignants bénéficiaires. Et le Premier ministre a confirmé que cet engagement sera respecté. Car, quand le président prend un engagement, c’est tout le gouvernement qui est engagé, à commencer par le Premier ministre. Qui a trouvé l’occasion de le redire à un endroit où on ne peut pas prendre des engagements légers. C’était lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale. Donc cet engagement sera respecté, mais l’échéance, c’est au mois de décembre. Le ministère de l’Education et le gouvernement ont déjà commencé à y travailler. Nous avons déjà au ministère de l’Éducation recensé l’ensemble des bénéficiaires : les instituteurs titulaires, les instituteurs adjoints, les maîtres contractuels qui étaient en activité au moment où la décision à été prise. Donc, on n’a aucun problème. Pour le document, le ministère du Travail est en train de travailler avec le ministère du Budget suite aux orientations du Premier ministre pour voir comment gérer tout cela.

Et qu’en est-il des parcelles promises aussi aux enseignants ?

A ce propos, pour les onze syndicats qui ont donné des listes avec des noms et des matricules, nous sommes en train de procéder au recensement pour l’immatriculation. Car, l’accord postulait qu’on attribue les parcelles aux enseignants qui sont encore dans le système éducatif. Nous avons dû faire dans l’urgence, parce que malheureusement, le ministère de l’Urbanisme nous a dit qu’il attendait deux ou trois syndicats qui n’ont pas donné à temps leurs listes. Nous avons été malheureusement obligés de prendre la liste des syndicats qui ont commencé à donner des noms et leurs bénéficiaires, et nous sommes en train de travailler là-dessus. L’objectif est de pouvoir faire des immatriculations individuelles, mais chaque syndicat a déjà reçu sa notification globale de parcelles. J’ai moi-même vu personnellement le plan de masse qui a été fait par le ministère de l’Urbanisme, il n’y a aucun problème de ce point de vue. Le gouvernement donne ainsi des signaux clairs. En somme, le retard sur les parcelles est dû au fait que nous avons attendu que tout le monde soit globalisé, mais tous les syndicats n’ont pas donné leurs listes. Nous avons été obligés de travailler sur la base de celles qui nous sont parvenues pour ne pas les pénaliser. D’autres part, pour l’engagement sur les sept milliards de francs, c’est jusqu’en décembre, et nous sommes encore en train de travailler sur ce point. C’est dire que rien ne justifie un déclenchement de grève, trois ou quatre semaines seulement après la rentrée.

Les enseignants ont posé la question de la pérennisation des indemnités, qu’en pensez-vous ?

L’engagement du président de la République à donner sept milliards de francs est ponctuel. Pour le reste, le gouvernement dira dans le cadre des contextes et des rencontres ce que l’Etat peut faire ou ne peut pas faire. L’engagement, c’était de donner les sept milliards de francs à titre exceptionnel et de discuter sur ce qui peut être fait ou ne pas l’être. Voilà où on en était.

M. le ministre, quel est le bilan que vous tirez de l’année scolaire 2006-2007 ?

L’année s’est terminée normalement, parce que pour nous, l’échéance la plus lourde était de faire les examens à tous les échelons. Les examens ont eu lieu de l’entrée en Sixième au baccalauréat en passant par le Bfem. Tous ces examens se sont déroulés normalement avec l’immense majorité des enseignants du Sénégal. Je voudrais leur rendre hommage pour le travail de qualité accompli. C’est un travail qui a permis de libérer les enfants du stress, car pédagogiquement d’abord, l’année est toujours un stress pour un enfant, mais aussi de les libérer par des examens pour qu’ils sachent comment se situer. L’année s’est passée normalement aussi parce que nous avons eu une augmentation du ratio de fonctionnement en ce qui concerne les flux de sortie. Nous avons eu cette année 107.000 admis en 6ème contre 92.000 l’année dernière. Le Bfem est devenu un diplôme sécurisé. Nous avons reçu de très bons taux de réussite, alors que si vous vous souvenez, il y a trois ans, les gens disaient que le Bfem est trop difficile et que ce n’était pas à la portée des enfants. Enfin, le niveau de qualité a été relevé et les élèves et leurs profs se sont adaptés à ce contexte de qualité. Il y a des zones rurales où les gens ont réussi à 67%. Pour le baccalauréat, cela s’est bien passé pour l’essentiel, on a eu 24.000 admis, ce qui est presque la moitié de nos bacheliers sur des diplômes où vous n’avez entendu ni fuite ni tricherie massive ni quoi que se soit. C’est très important à souligner.

Comment expliquer que, malgré les efforts, les crises et les perturbations se sont répétées l’année dernière ?

Maintenant, comme vous le dites, il y a des perturbations et des crises mais il faut analyser sociologiquement la nature de ces crises. Lorsque le chef de l’État a pris la décision d’affecter 40, voire 41% même d’après les bailleurs de fonds, du crédit de fonctionnement de l’État à l’éducation, cela parait si surprenant pour beaucoup de personnes. Mais, à l’arrivée, on se rend compte que c’est une dépense extrêmement pertinente parce que c’est un investissement pour le futur. Ces 41% nous ont permis de régler des problèmes très importants. Premièrement, ils ont permis de gérer les plateformes de revendications ou en tout cas de lever des facteurs de blocage pour ce qui concerne la pédagogie. Tous les syndicalistes, tous les enseignants savent qu’il y a quelques années, avant 2000, les problèmes tournaient essentiellement autour du fait que l’État n’avait pas suffisamment construit de salles de classes, n’avait pas suffisamment recruté, qu’il n’y avait pas assez de manuels, d’écoles et de tables. Je prends toute la presse à témoin : sur les 5-6 ans qui viennent de s’écouler, vous n’avez jamais entendu un blocage dû à ces facteurs aussi bien dans ces plateformes que dans ces crises qui sont survenues. Pour la simple raison que durant cette période, de 2001 à maintenant, les 40 % ont permis de construire 15.000 classes, 50 lycées neufs, de faire passer les Cem de 270 à 780, d’acheter 8.000.000 de manuels distribués dans les écoles, de mettre en place des cantines scolaires où les enfants mangent et de recruter près de 30.000 enseignants à raison de 5.000 par an, dont 3.500 dans l’élémentaire et 1.500 dans le moyen-secondaire. Cela est vérifiable. Ce qui veut dire que c’est une dépense efficace, qui a doublé le nombre d’admis au bac et à l’entrée en 6ème.

Maintenant, il y a des crises dont il faut analyser les causes. Ce sont des crises qui ne sont plus liées à des problèmes de pédagogie pures, mais à des problèmes de nature financière. Ces problèmes, quelle que soit leur légitimité, ne concernent plus les dimensions purement pédagogiques, ni l’affectation de ressources, ni la volonté politique de l’État de bouger, ni la pertinence que les 40% ont réglé des questions pédagogiques. Nous sommes bloqués sur des indemnités et sur des parcelles. Donc, il ne faut pas dire que malgré les 40%, il y a grèves. Mais, du fait des 40%, il n’y a plus de revendications pédagogiques qui bloquent mais il y a crise parce que les revendications portent sur des questions d’argent, de gouvernement, que le ministre de l’Éducation est obligé de soumettre à des arbitrages interministériels sous l’autorité du Premier ministre. Voilà la raison de fond. Ce débat sur l’efficacité, sur l’efficience des dépenses c’est derrière nous.

Récemment, le rapport sur les Omd (objectifs du millénaire pour le développement) montrait qu’il y a, certes, des efforts qui ont été faits, mais il y a des risques que le Sénégal n’atteigne pas les objectifs, notamment en matière d’éducation. Quel commentaire faites-vous là-dessus ?

Le constat de base est que la Banque mondiale et les autres bailleurs ont estimé que le Sénégal fait partie des 10 pays qui peuvent atteindre en 2015 les Omd. Cela, les Omd c’est quoi en matière d’éducation ? C’est d’abord la scolarisation universitaire dans tous les cycles et également la parité filles et garçons. Le taux d’achèvement est quant lui un autre paramètre. Mais, les deux paramètres les plus importants qui ont des documents officiels, c’est la scolarisation des filles et des garçons. Pour la scolarisation universelle, nous sommes passés de 69 % en 2001, à 82, 5 % aujourd’hui. Et cela ne prend pas en compte ceux qui sont dans le système franco-arabe, et qui représente 600.000, alors que tous les pays de la sous-région du Sahel intègrent ces paramètres par ce que les concernés savent lire et écrire en arabe. Ils ne sont pas analphabètes, ils sont alphabétisés et scolarisés. Dans les langues des Nations unies, nous allons bientôt intégrer les arabisants. A partir de ce moment là, il faut considérer qu’en matière de scolarisation, le taux global potentiel de scolarisation est au delà de 95 %. Donc, l’objectif concernant le taux brut de scolarisation est largement à notre portée. C’est pourquoi, nous avons estimé que pour nous, la problématique du taux brut de scolarisation est dépassée.

Le Sénégal a posé et proposé à ses bailleurs de travailler sur ce qu’on appelle le taux d’achèvement, ce faisant nous sommes plus ambitieux. Nous sommes maintenant à 340.000 inscriptions depuis qu’on a baissé l’âge de 7 à 6 ans. Maintenant, nous voulons travailler sur le taux d’achèvement, avec l’ambition de prendre un enfant du CI pour l’amener au CM2. Ce taux est actuellement de 50%. En 2003/ 2004, il était de 35 %, cela a beaucoup avancé et nous avons encore 8 ans pour l’achever. Donc, de ce point de vue, il n’y a pas péril en la demeure. Ce passage est très important, sans compter qu’il y a des données dans les écoles privées qui n’ont pas encore été stabilisées. Néanmoins, ce qu’il faut savoir aussi, c’est que ce taux d’achèvement peut être paralysé par beaucoup de facteurs. Il y a bien sûr des problèmes de niveau pour les enfants qui sortent du système. Mais il y a aussi l’impact de la pauvreté qui fait que dans beaucoup de zones rurales les enfants abandonnent par ce que les parents ne peuvent plus suivre, et ils les sortent pour les envoyer aux champs ; cela peut arriver.

Sans oublier que des parents font quitter leurs filles de l’école pour les marier ou pour en faire des domestiques, malheureusement. En somme, l’impact de la pauvreté est tel que le taux d’achèvement peut être paralysé par les facteurs non pédagogiques. Il nous arrive souvent d’intervenir au niveau de certaines écoles pour que les enfants très brillants ne soient pas sacrifiés, soit pour faire du travail soit pour se faire marier. C’est un paramètre extrêmement important, c’est pourquoi j’ai dit et expliqué pourquoi il faut travailler sur les facteurs d’échecs qui ne sont pas pédagogiques.

logo ARTICLE 31Comment comptez-vous travailler sur le plan pédagogique pour atteindre les résultats attendus concernant le taux d’achèvement ?

Pour accompagner ce taux d’achèvement sur le plan strictement pédagogique, nous réfléchissons sur ce qu’on appelle la stratégie de gestion scolaire par cohorte. Autrement dit, le maître qui a l’enfant au CI doit le garder au Cp ; ainsi il a deux ans pour corriger les imperfections de l’enfant pour qu’il reste. Si l’enfant passe le CEI le maître le garde au CM1 et CM2. L’enfant aura un maximum de chance pour corriger sur deux et non pas sur sept mois ses carences, et également de perdurer à l’école plutôt que d’être exclu. Le maître qui a l’enfant au Cm1 gardera l’enfant au CM2, et c’est à lui de bien gérer et de bien préparer l’enfant à l’entrée en 6ième.

A cela s’ajoute un autre paramètre qu’il faut mettre en place, cette stratégie pédagogique va être accompagnée d’une formation continue des maîtres pour qu’ils soient aussi mieux adaptés, mieux formés. Au moment où je vous parle, plus de 2000 maîtres contractuels sont en train d’être formés pour avoir des diplômes professionnels et être mieux qualifiés. D’ici 3 ans, il y aura 4000 qui seront formés.

Il y a aussi les manuels que nous sommes en train de donner. Il y a aussi le projet d’école que nous développons, en rapport avec nos partenaires de la Banque Mondiale, la coopération française et d’autres. Il s’agit aussi de financer directement des projets pédagogiques dans les écoles, c’est-à-dire que lorsqu’on nous signale que telle école a des problèmes en lecture, en calcul ou autre, de financer 1.500.000 ou 2.000.000 de francs Cfa pour ce projet pédagogique précis, pour y remédier.

Nous faisons tout cela ensemble dans la mesure du possible en développant des structures de convivialité pour que l’enfant se sente bien suivi à l’école et pour compenser aussi quelques éléments de pauvreté. C’est la politique des cantines scolaires menée avec nos partenaires notamment de la coopération italienne, en plus de ce que nous même avons débloqué 600.000.000 Fcfa pour acheter de la nourriture.

Le deuxième critère en matière d’éducation concernant les Omd, c’est la parité entre les garçons et les filles. A ce sujet, le Sénégal fait partie des 33 pays du Tiers-monde qui ont atteint la parité en 2006. C’est très important. Maintenant nous allons travailler sur le maintien des filles à l’école.

Le système a connu beaucoup d’admis notamment au baccalauréat avec 24.000 nouveaux bacheliers. Comment comptez-vous les gérer ?

Sur ces 24.000 bacheliers, nous avons ce que le président de la République appelle les inconvénients de la qualité. Nous avons mis beaucoup de moyens dans l’élémentaire et dans le moyen-secondaire, et les résultats sont là, et cela progresse.

Concernant d’ailleurs le moyen-secondaire, j’ai reçu, au moment où je vous parle, au moins une dizaine de pays étrangers qui demandent à avoir des bacheliers sénégalais dans leurs universités. Cela veut dire simplement que le Bac sénégalais est de qualité. Et, je le répète encore une fois, selon un expert de l’éducation d’origine française et d’après certaines évaluations, le bac sénégalais à deux points au-dessus de tous les baccalauréats francophones, cela est avéré. Donc, le niveau de mobilité international de nos étudiants est un indicateur de qualité.

Ceci dit, l’Etat a l’obligation de gérer et accueillir les quelques 24.000 nouveaux étudiants. Certains d’entre eux ont bénéficié de bourses d’excellence ou de bourses de pays amis.

Nous allons prendre en charge d’autres dans le cadre des universités du pays. Je souligne dans ce sens que le Premier ministre a autorisé la possibilité d’un programme urgent d’infrastructures pour renforcer en pavillons, amphithéâtres, les universités des régions pour que le maximum d’étudiants s’y inscrive.

J’ai appelé d’ailleurs les recteurs d’universités qui me font le point sur leur capacité d’accueil ou des simulations à faire pour cela. Mais, un programme important de près de 8 milliards de francs Cfa a été élaboré pour renforcer les capacités d’accueil des universités de Dakar, Saint-Louis, Ziguinchor, Bambey et Thiès. Il est prévu de démarrer la construction de ces infrastructures vers fin novembre, le programme sera amplifié en 2008.

Cependant, des solutions provisoires sont en train d’être trouvées pour au moins quelques temps. Car nous voulons faire fonctionner rapidement les commissions d’admission. Il faut noter d’ailleurs à ce propos que beaucoup de nouveaux étudiants adressent des demandes mais ne viennent pas, certains sont à l’étranger alors que d’autres préfèrent les universités privées qui prennent beaucoup de bacheliers. Nous sommes cependant sûrs qu’à partir de l’année prochaine, Bambey, Thiès et Ziguinchor peuvent facilement monter au-delà de 4000 à 5000 étudiants, ce qui serait une révolution, et c’est possible. Nous voulons que dans les 3-4 ans, le nombre d’étudiants de Dakar baisse afin que les ratios étudiants/infrastructures soient au même niveau d’adéquation. En attendant, nous sommes en train de terminer des infrastructures dans les universités de Dakar et de Saint-Louis. Il y a pour l’université Cheikh Anta Diop les nouvelles facultés d’économie, des lettres, et l’extension de celle de Médecine.

L’année dernière déjà, nous avons fait l’extension des facs de science et de droit. Et il faut relever que dans le cadre de leurs ressources internes, l’Ecole supérieure polytechnique (Esp) et la faculté des sciences économiques ont investi dans des bâtiments pédagogiques pour améliorer leurs capacités d’accueil.

Certaines des nouvelles universités sont dans l’attente de leur décret de création, où en sont leurs dossiers ?

Pour ce qui concerne les universités de Thiès et de Ziguinchor, nous avons voulu leur donner un battement parce que le texte est déjà prêt. Vous savez, quand vous créer une université, vous avez besoin d’huiler certains organes, de voir si les mécanismes et structures prévues sont bien adaptés ou correspondent à des besoins réels. Nous leur avions donné un an pour tester et fonctionner sans le texte. Nous sentons où est-ce qu’il faut aller et modifier éventuellement.

Cette année, les enseignants-vacataires de l’université publique de Dakar ont demandé à être payés à temps et à être recrutés. Qu’est-ce que vous entreprendrez à ce propos ?

Je voudrai d’abord préciser la spécificité des vacataires par rapport aux vacataires de l’enseignement moyen-secondaire en général. Ce n’est pas la même catégorie juridique, le vacataire de l’enseignement moyen-secondaire général est quelqu’un qui a un bac + 2 ou une maîtrise et que l’Etat, à travers le ministère de l’Education recrute directement à partir des inspections d’Académie pour dispenser un enseignement dans les lycées et les collèges.

C’est un recrutement administratif au niveau du ministère de l’Education, directement. Par contre, les vacataires de l’enseignement supérieur sont des enseignants qui ont des diplômes universitaires, bien sûrs, mais qui sont recrutés par l’Université. C’est parce que l’autonomie pédagogique empêche qu’ils soient l’objet d’un recrutement administratif comme cela se passe avec les vacataires du moyen et secondaire.

Pour ceux de l’enseignement supérieur, le processus est le suivant - et je l’ai géré pendant très longtemps en tant que recteur de l’université de Dakar : les départements, après avoir fait leur emploi du temps en fonctions des groupes de travaux dirigés, constatent là où il y a des manquements sur lesquels il faut agir, c’est-à-dire là où il manque des professeurs.

Ce sont donc les enseignant du département - d’abord la première cellule pédagogique de base - qui se réunissent et disent : « nous avons donné aux enseignants du département tous leurs volumes horaires ; nous leur avons donné même les heures supplémentaires, mais il reste encore des heurs que nous ne pouvons pas remplir ». Or, il faut que tout fonctionne ensemble, parce que c’est souvent des unités de valeurs qu’il faut valider. Les départements réfléchissent et prennent des dossiers de candidatures, puis proposent des noms bien précis avec des profils très particuliers en fonction des besoins du moment. Ensuite, l’assemblée de Faculté délibère sur là-dessus et valide. C’est ce dossier que l’assemblée de Fac envoie au recteur qui constate le besoin, et paie les vacataires retenus en fonction de cela.

Cependant, ce que l’Etat peut faire est fonction des contraintes budgétaires, sur la base desquelles il peut donner tant de postes à l’université de Dakar. Et le recteur demande à chaque Faculté ses besoins, lesquelles reçoivent, en fonction de nombre de poste donné, les demandes provenant de chaque département. C’est alors que le Recteur leur dit : vous avez tant de postes, vous pouvez recruter tant de vacataires.

Maintenant, dans le cas de ces universités, les vacataires peuvent compétir, s’il y a des postes d’assistants ; il faut qu’ils compétissent, et s’ils sont pertinents, peuvent être recrutés. Ce n’est pas une affaire de l’Etat, mais c’est une affaire mise en rapport avec le budget de l’université et des besoins particuliers. Néanmoins, avec la palette des créations des universités, ces vacataires peuvent postuler pour les universités de Bambey, Ziguinchor, Thiès et Saint Louis, et même de Dakar. Les perspectives s’ouvrent davantage pour eux avec les nouvelles universités que le chef de l’Etat a autorisé de créer.



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