Nafissatou Dia Diouf conseille aux jeunes écrivains de ‘’lire les autres et de se comparer’’

La rigueur ajoutée au travail obstiné et quotidien font les vertus d’un bon écrivain, loin de l’étiquette de ‘’foufous’’ et de ‘’fantasques’’ collée aux artistes de manière générale, a estimé Nafissatou Dia Diouf.‘’Non, pour quelqu’un qui a un talent, ce serait un gâchis s’il ne travaillait pas derrière. Le travail, c’est peut-être 80 pour cent et l’inspiration et le talent 20 pour cent’’, a indiqué l’écrivaine sénégalaise dans une interview parue dans l’édition de mai du mensuel Intelligences.‘’J’en ai marre de l’étiquette qu’on colle aux artistes – je me considère comme artiste parce que créatrice – en disant qu’ils sont foufous, originaux, fantasques…’’, a indiqué Nafissatou Dia Diouf, récemment primée parmi les 50 femmes sénégalaises ‘’leaders d’exception’’.

Listant des conseils de base pour les jeunes écrivains en herbe qui rêvent de devenir des hommes de lettres réputés, elle a déclaré : ‘’d’abord, il faut une grande exigence envers soi-même. Il ne faut pas penser qu’être lettré permet d’écrire, ou alors qu’il faut juste de l’inspiration pour écrire’’.‘’L’inspiration est effectivement très importante car il faudrait dire des choses nouvelles, des choses qui interpellent. Cependant, ça demande également beaucoup de travail derrière. A la base de tout cela, il y a la lecture, et ça je ne le répète jamais assez’’, a-t-elle souligné.

‘’On ne peut pas se lever et inventer des choses ex-nihilo. Il faut savoir ce qui s’est écrit, il faut savoir se comparer même si on n’est pas forcément du même style ou d’accord avec les idées de tel ou tel auteur’’, a insisté Nafissatou Dia Diouf.‘’Il faut avoir une bonne vision, une bonne culture générale de ce qui s’est écrit dans notre environnement, c’est-à-dire le 21e siècle en Afrique, dans sa ville et dans le monde en général’’, conseille t-elle.’’Il est donc très important de lire, de savoir ce qui est écrit et ensuite effectivement suivre son inspiration, son feeling, mais avec rigueur’’, ajoute encore celle qui vient de publier ‘’Cirque de Missira et autres nouvelles’’.Parlant de ce qui l’a inspiré pour ‘’Cirque de Missira’’, son dernier recueil de 17 nouvelles, Nafissatou Dia Diouf a expliqué que ‘’c’est surtout qu’on vit dans une société haute en couleur, où il y a tous les jours des choses qui se passent et beaucoup de choses à dire, pour peu qu’on soit un minimum observateur’’.‘’Ce recueil parle d’une indignation profonde sur beaucoup de choses qui passeraient pour des choses banales, que seul un regard neuf pourrait vraiment voir et dénoncer’’, a précisé l’écrivaine de 37 ans, directrice du département communication de l’opérateur historique des télécoms au Sénégal.

Priée de dire si ce recueil de nouvelles qu’elle vient de publier constitue le plus abouti de ces publications à ce jour, Nafissatou Dia Diouf a répondu : ‘’Non, non et j’espère d’ailleurs ne jamais avoir ce sentiment dans la vie’’.‘’Je n’aimerais pas avoir à un moment donné la sensation d’arriver au sommet, parce qu’après le sommet c’est la décadence. Je pense qu’il faut se fixer des objectifs ambitieux mais toujours repousser ses limites et son horizon’’, a-t-elle poursuivi.Nafissatou Dia Diouf a commencé à publier ‘’depuis une dizaine d’années’’ (nouvelles, poésie, ouvrages pour enfants) et a remporté de nombreux prix dont celui du jeune écrivain francophone à Muret (France, 1999).La Fondation Léopold Sédar Senghor lui a également décerné en 2000 son premier prix pour sa nouvelle ‘’Sables mouvants’’ et son deuxième prix de poésie pour ‘’Ode à l’amour’’.L’auteure de ‘’Les petits chercheurs’’ et ‘’Kidiwi, la gouttelette curieuse’’ a également représenté le Sénégal dans la catégorie littérature des 5e Jeux de la Francophonie à Niamey (Niger) où elle a obtenu la mention spéciale du jury.