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« NDOGOU » GARGANTUESQUE : Quand on achète plus qu’on ne peut manger

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« NDOGOU » GARGANTUESQUE : Quand on achète plus qu’on ne peut manger

Faire la diète toute une journée et vouloir avaler tout ce à quoi on a pensé la journée, a pour conséquence de garnir de manière excédentaire, les tables des fidèles musulmans à l’heure de la rupture. Cet excès de dépenses est-il un gaspillage ou une nécessité ?

Pendant le Ramadan, nombreuses sont les familles où, à l’heure de la coupure, jusque tard dans la nuit, on se régale abondamment. Du pain de mie ou de chasse, des saucisses de vaux ou de volaille, des tartines (chocolat, beurre, confiture, etc.), en passant par le « fondé » (bouillie de mil), les condiments constituant le panier du petit déjeuner, tout y est. Ce cocktail d’aliments variés garnit souvent le fameux « ndogou » (repas de coupure du jeûne) des Sénégalais. Est-ce la récompense de la privation de nourriture toute une journée ou est-ce la faim qui dicte sa loi à la ménagère ? Ou encore est-ce du gaspillage ? La ménagère Ndèye Touty Samb, la trentaine, habitant l’unité 19 des Parcelles Assainies, soutient que c’est pour une nécessité de « préparer des mets succulents pour les membres de la famille qui ont sacrifié au jeûne depuis l’aube ». « Durant ce mois béni, je dépense jusqu’à 4000 ou 5000 francs Cfa la journée pour pouvoir offrir aux membres de ma famille, à l’heure de la rupture, une table garnie de saucissons, de fromages, gruyères, de crudités, de jus de gingembre, d’oseille, de pain de singe, etc. », explique une dame rencontrée au marché « Dior » des Parcelles Assainies.

« Parfois cet excès d’aliments pendant le Ramadan est en partie causé par la faim. En ce sens que quand on reste la journée sans manger, on pense à toute sorte d’aliments et on a envie de les acheter pour faire davantage de plaisir aux jeûneurs. On a toute sorte de choses en tête qu’on veut mettre sur la table. De ce fait, on est tenté d’acheter à tout va », explique Ndèye Ndiaye, âgée de 40 ans, qui a fini de faire ses emplettes dans ce même marché. Par ailleurs, elle poursuit que, du coup, la dépense quotidienne prend une courbe ascendante. Ndèye précise aussi qu’en période normale, elle dépense entre 1500 et 2000 francs Cfa, mais en Ramadan, elle dépasse ces montants pour aller jusqu’à 3000 francs Cfa par jour. « Avec la folie des femmes, on est tenté d’entasser toute sorte d’aliments sur la table lors de la rupture pour faire plaisir à tous. Et la plupart du temps, c’est de la nourriture qu’on ne parvient pas à manger en l’espace d’une nuit et on garde les restes dans le réfrigérateur », fustige cette habitante des Hlm Grand-Médine. Même son de cloche pour Mame Diarra Sougou qui soutient : « chez nous, à l’heure de la rupture, on sert : le ‘séxaw’ ou le café, le ‘ngalax’ (bouillie de mil mélangée à la sauce d’arachide), du jus de ‘bissap’, des dattes, du pain, des saucisses, du fromage, etc. ».

Triplement des commandes de charcuterie

Michel Coly, gérant de boutique d’une station d’essence soutient qu’ « en cette période de jeûne, ce sont les produits utilisés d’habitude pour le petit déjeuner (café, lait, sucre, thé, beurre chocolat, etc.) et la charcuterie qui marchent le plus. La commande de charcuteries constituées de saucisses de volaille et de vaux a même triplé », confie-t-il. « Les mets différents et leur abondance ne sont guère du gaspillage du moment où c’est pour faire plaisir à sa famille. Il faut le meilleur et le plus délicieux des plats aux gens qui ont jeuné toute la journée », se défend Mme Seck Adjia Laye, rencontré au marché Tilène de la Médina. Par contre, Mame Codou Paye, peste : « Il faut éviter le gaspillage. Ce qu’on a tendance à gaspiller en un jour, on peut le partager en deux ou trois jours pour faire de l’économie. D’autant plus que les temps sont durs ».

Sous le couvert de l’anonymat, un père de famille rencontré à la Médina déclare : « Quand la faim te ronge la journée, tu penses et achètes, tous ce qui te vient à l’esprit. Mais, au bout de quelque temps, tu te rendras compte que c’est du gaspillage ». Abou Fall, habitant la cité Djily Mbaye de Yoff, ne voit pas d’inconvénients au pléthore de victuailles : « je suis content et ravi de pouvoir me gaver de toute ces bonnes choses qui venaient dans mes hallucinations, la journée, quand la faim me tenaillait ».


 



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