«Nkrumah n’a aucune influence sur les combattants pour réclamer les attaques, ce n’est qu’un récupérateur» Selon ABDOU ÉLINKINE DIATTA

La sortie guerrière de Mamadou Nkrumah Sané, patron de l’aile extérieure du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), revendiquant la reprise des violences contre l’armée, n’est juste que de la récupération, selon Abdou Élinkine Diatta, ancien porte-parole du mouvement irrédentiste. Qualifiant Nkrumah de «fanfaron» qui «n’a aucune influence sur les combattants», Élinkine dénonce le fait qu’il se vautre dans sa sécurité en France pour envoyer à la mort des fils de la Casamance et des militaires. Il critique aussi les sorties «sataniques» de certains «généraux» qui, pense-t-il, «s’ils devaient se retrouver au milieu du sifflement des balles n’opteraient jamais pour le conflit armé».



Après la vague de réactions suscitée par les attaques perpétrées par des éléments du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) ayant fait deux morts du côté de l’armée, l’ancien porte-parole dudit mouvement, Abdou Elinkine Diatta, que nous avons pu accrocher sur cette affaire, dément formellement Mamadou Nkrumah Sané de l’aile politique établie à l’extérieur. À en croire Élinkine, Mamadou Nkrumah Sané qui se fait passer pour le commanditaire de la reprise des combats contre l’armée «n’a aucune influence sur les combattants dans le maquis pour pouvoir réclamer les attaques».



«Nkrumah fait des déclarations incendiaires parce que ce n’est pas lui qui se dresse devant les balles»



Pour notre interlocuteur, «ces déclarations sont fausses, ce n’est qu’un récupérateur qui cherche à conforter son séjour à l’étranger, comme il l’a toujours fait en essayant de se valoriser». Considérant que ceux qui mettent de l’huile sur le feu n’ont aucune considération pour la vie des militaires qui sont des «fils du Sénégal» et encore moins pour «les combattants du Mfdc qui sont également des être humains», l’ancien porte-parole du Mfdc tire à boulets rouges sur Mamadou Nkrumah Sané. «Confortablement installé dans son luxe en France, Nkrumah fait des déclarations incendiaires en encourageant la violence, le feu et le sang, parce que ce n’est pas lui qui se dresse devant les balles sur le théâtre des opérations», lance Abdou Élinkine Diatta qui pense que «M. Sané n’a aucun respect pour les fils de la Casamance qu’il encourage, via les médias, à aller à la mort, parce qu’il n’a pas d’autres canaux de communication avec les combattants en dehors de la presse».



«Si ces généraux devaient eux-mêmes se retrouver au milieu du sifflement des balles…»

Mettant dans le même panier les généraux qui théorisent la guerre et la confrontation en lieu et place du dialogue, Abdou Élinkine Diatta qualifie leurs sorties de «sataniques». Parce qu’il reste convaincu que «si ces généraux devaient eux-mêmes se retrouver au milieu du sifflement des balles ou si leurs propres enfants étaient engagés sur le théâtre des combats, ils n’opteraient jamais pour le conflit armé».

Interpellé sur les mises en garde à peine voilées que le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Me Madické Niang, a adressées à Mamadou Nkrumah Sané établi en France, quant à la possibilité de son extradition, l’ancien porte-parole du Mfdc explique qu’il est contre. Pour deux raisons. En dehors de la nécessité de respecter les droits de l’Homme en pareille situation de crise, Abdou Élinkine Diatta estime que «l’extradition de Nkrumah Sané ne servira à rien du tout parce qu’il ne s’agit que d’un fanfaron qui n’a rien à voir avec la recrudescence de la violence en Casamance».



«L’extradition de Mamadou Nkrumah Sané ne servira à rien»



Quid des causes de cette montée de la violence ? Abdou Élinkine Diatta est d’avis qu’elle résulte d’une combinaison de facteurs, d’évènements et de comportements malheureux qu’il convient de bannir pour aboutir à une paix durable. «La cause de cette tournure violente est à chercher dans la réunion de plusieurs éléments. En situation de crise, il faut savoir parler aux gens. Et le fait de regrouper quelque part des femmes qui se disent femmes du bois sacré, qui sont alimentées et qui promettent de retirer les fils de la Casamance du maquis, a, à mon avis, radicalisé certains combattants», explique-t-il, avant de s’interroger sur l’opérationnalité d’une telle démarche : «Est-ce qu’à ce jour, elles ont désarmé un seul combattant ?» À cela s’ajoute, dit-il, «certaines réactions de l’armée assimilées par les combattants du maquis, qui sont de l’autre côté de Diabir, comme de la provocation». Pour lui, l’implication dans le processus de paix de Kamougué Diatta qui avait été arrêté en Gambie avant d’être libéré n’a pas été une bonne idée.



«La solution émise par Niasse est extraordinairement meilleure»

À la question de savoir quelle est la meilleure solution pour faire taire les armes, Abdou Élinkine Diatta ne prône pas autre chose que le dialogue, sans avoir demandé des préalables. «Je le dis depuis des années, il faut d’abord des assises inter-Mfdc en France avant l’ouverture du dialogue avec le gouvernement», soutient-il. C’est pourquoi il salue la clairvoyance du leader de l’Alliance des forces de progrès (Afp), Moustapha Niasse, qui a proposé l’implication du Conseil de sécurité des Nations-Unies. «La solution émise par Niasse est extraordinairement meilleure que toutes ces déclarations extraordinaires. Je me demande pourquoi les autorités sénégalaises ne veulent pas internationaliser la recherche de solution alors que le conflit en Casamance est l’un des plus vieux du continent africain. C’est une solution de sagesse qui rejoint les appels du Khalife des Mourides, Serigne Bara Mbacké et l’invite de Serigne Abdoul Aziz Sy Junior, le porte-parole du Khalife des Tidianes, Serigne Mansour Sy», retient Abdou Élinkine Diatta.