Pénuries d’eau à Touba. La facturation comme solution durable.

Les pénuries d'eau constatées dans la ville sainte de Touba lors du Magal, ont amené le pouvoir, l’entourage immédiat du khalife et les membres de différentes familles religieuses de la cité à s'attaquer à cet épineux problème dans la capitale du mouridisme. Des discussions se mènent pour voir comment amener les populations à accepter de payer l'eau. Une réunion a été tenue dans ce sens pour arrondir les angles sur cette question. Deux semaines après les difficultés constatées dans la distribution de l'eau dans la ville sainte de Touba lors du grand Magal, les autorités religieuses, politiques et celles du conseil rural s'attaquent à ce problème pour lui trouver des solutions durables. Déjà à Touba, quelques jours après ce grand rendez-vous religieux, l'eau continue d'être une denrée rare dans beaucoup de quartiers. Et, aussi bien dans l'entourage du khalife général des mourides que du côté des autorités de la République, on est persuadé de la nécessité de mettre fin à cette situation. Mieux, on est conscient que la distribution gratuite de l'eau au million et demi d’habitants ne peut plus continuer. Insuffisance des forages et vétusté du réseau hydraulique Près d'une vingtaine de forages assurent la distribution du liquide précieux aux populations .Et trois ans après la construction de 4 nouveaux forages par l'actuel régime qui pensait avoir ainsi réglé le problème de l'eau depuis 2 002, Touba continue de connaître des problèmes de pénurie d’eau. Car, la pression démographique est telle, que même avec ces forages, ajoutés aux ouvrages anciens, le problème reste entier. Surtout durant la période du Magal où la population quadruple en 3 jours. Par ailleurs, en dehors de cette insuffisance des ouvrages hydrauliques, la vétuste du réseau pose un autre problème dans la distribution de l’eau. Un matériel vétuste, l’absence de techniciens capables de gérer ces outils, sont venus compliquer davantage la situation. Le réseau est endommagé par des populations inconscientes qui le percent n’importe comment pour drainer l'eau vers les concessions, sans se soucier des règles d’hygiène. Ce qui a été une véritable porte d'entrée pour choléra l'année dernière. Ce réseau vétuste est souvent composé de tuyaux à diamètre irrégulier qui n'ont pas résisté aux fortes pressions de certains nouveaux forages. L'absence d'un service comme la SDE, chargé d'exploiter et de distribuer l'eau est aussi pour beaucoup dans les difficultés que connaît la ville dans ce domaine. La privatisation de l'eau et sa facturation comme solution On se souvient encore que le Président Wade, lors de sa visite lors du dernier Magal, avait promis à Serigne Saliou Mbacké de drainer le Canal du Cayor jusqu’à Touba pour régler définitivement les désagréments liés à la distribution de l'eau dans la cité religieuse . Mais nombreux sont ceux qui s'accordent aujourd’hui à dire qu’en plus des ambitions des pouvoirs politiques , la facturation de l'eau doit d'abord s'imposer. D'ailleurs certaines sources nous ont informé d’une réunion des autorités du conseil rural de Touba, des petits-fils du fondateur du mouridisme et de l’entourage du khalife pour discuter de la question. Mais certains membres de la famille religieuse de Touba n'ont pas accepté d’apparaître comme des bourreaux devant les populations. Et soulignent nos sources, ils ont demandé tout simplement aux autorités du conseil rural de prendre leurs responsabilités. Précisant même que ces mesures vont entrer en vigueur bientôt avec les installations industrielles comme les boulangeries, les fabriques de glace, les grands commerces, les stations d’essence et tant d'autres exploitants établis à Touba pour des affaires économiques. Pour ce qui est des foyers, un tarif forfaitaire de mille francs mensuels est fixé. Mais cela n'a pas trouvé un écho favorable chez certains chefs religieux qui pensent qu'à Touba, l'eau ne doit pas être vendue. En tout cas, de chaque coté, des tractations sont menées pour trouver un accord.