Le droit de cousinage entre Diolas et Sérères pourrait être mis à profit, dans le cadre du règlement de la crise en Casamance. C'est la certitude que le président de l'Ong PROMETRA International partageait, hier, avec la presse. Dr Erick Gbodossou rappelait également que le processus de paix qui était enclenché en terre Sérère avec la tenue des Assises de Foundiougne, était parti pour instaurer l'armistice dans cette zone située au sud du pays. Mais compte tenu de la pluralité des ailes Atika - militaire et politique - l'Etat gagnerait, selon lui, à y impliquer les Saltigués pour aboutir à une paix durable.
La communauté des Saltigués, reconnue à travers sa cérémonie annuelle de divination dénommée « Khoyes » détiendrait, selon le président de l'Ong PROMETRA International « une torche pour éclairer le chemin des aveugles. A ce propos, Dr Erick Gbodossou soutient que les détenteurs des savoirs endogènes méritent plus qu'une oreille attentive. En effet, leurs prédictions faites à l'occasion de leur dernier conclave tenu au centre de Malango, se sont vérifiées. L'axe routier Dakar - Touba, pour lequel les Saltigués attiraient l'attention des autorités et des populations (non sans prescrire des sacrifices pour conjurer le bilan des accidents mortels) a livré après le grand Magal de Touba, le bilan d'une quinzaine de décès par accidents. Même si le nombre de victimes enregistrées lors du dernier Maouloud a été moindre, le tradipraticien fera remarquer « une certaine recrudescence des dégâts mortels sur nos routes, de façon générale ».
Il a déploré ce qu'il appelle « la négligence des Sénégalais par rapport aux solutions que leur offrent très souvent les Saltigués ». Pourtant, dit-il, « ce sont souvent des offrandes qui sont à la portée de toutes les bourses ». Plus grave encore, les Saltigués avaient également prédit le regain de tension dans la région Sud, au moment où d'aucuns considéraient l'accalmie comme les prémices d'une paix définitive. En cousins Sérères des Diolas de la Casamance, les Saltigués offraient leur contribution dans la recherche de solution pour une paix durable. A rappeler que les résultats des négociations entre l'Etat et le MFDC dans le cadre des assises de Foundiougne 1, auguraient de meilleurs lendemains. Avant que la tenue de Foundiougne 2 ne soit hypothéquée par le décès du prélat, l'Abbé Diamacoune Senghor et par la diversité des interlocuteurs à laquelle le pouvoir fait face aujourd'hui. Selon Dr Gbodossou « le recours au cousinage entre Diolas et Sérères serait la clé de ce conflit vieux de plus de 30 années ». En préconisant aussi une telle formule, le président de l'Ong PROMETRA International s'inscrit dans le sillage selon lequel « la solution en Casamance ne peut être que culturelle ».
A l'en croire, l'usage des armes ne fera que pérenniser cette guerre. Car « le problème casamançais, de par sa genèse, est comme un pacte de sang que la descendance se doit de perpétuer ». Il faudrait, selon lui, expérimenter le dialogue avec les gardiens du temple de la forêt sacrée, chose que seuls les Saltigués pourraient réussir du fait d'un lien et d'un soubassement profonds. Parce que le droit de cousinage veut qu'aucun Diola ne fasse couler le sang d'un Sérère et vice-versa. C'est pourquoi l'implication des Saltigués dans la recherche de solution ne peut qu'éteindre ce foyer de tension qui a fini de compromettre l'essor de la Casamance et, par ricochet, le développement harmonieux dont a besoin le Sénégal.
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