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Partie de la Casamance avec 130 clandestins à Bord : Une pirogue échoue à Yoff avec 1 mort et 14 blessés graves

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Partie de la Casamance avec 130 clandestins à Bord : Une pirogue échoue à Yoff avec 1 mort et 14 blessés graves
Le décompte macabre des victimes de l’émigration clandestine se poursuit encore. Samedi dernier, dans l’après-midi, sur la plage de Yoff Tonghor à Dakar, une pirogue a échoué avec à son bord 90 rescapés dont 14 blessés graves et un mort.

Ils faisaient pitié à voir ce samedi sur la plage de Yoff Tonghor. Ils, ce sont les 90 émigrés clandestins rescapés qui rêvaient de rejoindre l’eldorado espagnol à bord d’une pirogue de fortune. Ces rescapés qui ont eu la chance d’échapper à la mort étaient très mal en point. Exténués par plus de dix jours de voyage en mer, ces aventuriers se tordaient de douleur sous le regard d’une foule nombreuse de curieux. Les sapeurs pompiers alertés sont venus promptement faire le tri et évacuer les blessés les plus graves dans les structures hospitalières. D’ailleurs 14 d’entre eux ont été ventilés dans les hôpitaux de Dakar et le reste pris en charge médicalement au dispensaire Philippe Maguilen Senghor de Yoff pour les premiers soins. On dénombre du coup une personne sans vie.

Selon les témoignages recueillis auprès des rescapés, ils étaient près de 130 personnes dont deux femmes à prendre le départ à partir de l’île de Djogué en Casamance pour émigrer clandestinement en Espagne en empruntant la mer. Parmi eux, il y a naturellement des Sénégalais, originaires de Touba pour la plupart, des Gambiens, un Nigérian et un Sierra Léonnais. Selon la police, leur pirogue a fait 12 jours en mer et avait même atteint la Mauritanie avant de faire demi-tour et venir échouer à Yoff. Et la question que tout le monde se pose est de savoir qui sont les 39 autres passagers ? Puisque à la plage de Yoff Tonhgor il n’y a eu qu’un seul mort constaté. Sans doute, ils sont disparus. Des rescapés ont laissé entendre que des corps sans vie de leurs compagnons de galère ont été balancés en mer.

Ce que confirme le Lieutenant-colonel Alioune Ndiaye, chargé des relations publiques de la police. ‘A leur arrivée sur la plage de Yoff Tonghor, ils étaient 90 personnes seulement, alors qu’au départ de la Casamance ils étaient 130 passagers. Autrement dit, il y a 39 décédés en mer et jetés par les autres dans la mer. Les rescapés nous ont signalé qu’au moment des préparatifs, il y avait un mort’, a expliqué le chargé des relations publiques de la police. Selon lui, la faim, la soif, la pénurie de carburant et les intempéries sont à l’origine du voyage avorté de ces clandestins.

Interrogé sur l’efficacité du dispositif Frontex, le Lieutenant-colonel Alioune Ndiaye répond qu’’on ne peut pas dire que le Frontex n’est pas efficace. Au contraire, le Frontex est très efficace. Nous enregistrons, aujourd’hui, quelques rares départs comparé à ce qui se faisait il y a six mois. Mais, aujourd’hui, il faut bien le dire, il y a des entêtés qui continuent à braver le dispositif et à braver les intempéries et la mort pour aller coûte que coûte en Espagne. Ce sont ces gens-là qui constituent ce lot de morts que nous voyons tous les jours’. Et de poursuivre en précisant que ‘le premier dispositif avait pris fin. C’est sur la demande de la partie espagnole et sur accord du gouvernement du Sénégal que ce même dispositif a été maintenu sur une période supplémentaire d’un an jusqu’en septembre prochain. Et ce dispositif a été renforcé aussi bien en moyens humains qu’en moyens matériels. Ce qui fait qu’aujourd’hui, de Saint Louis à Cap Skirring, toutes les plages sont bien surveillées aussi bien par les forces de police que les forces de gendarmerie. En haute mer, il y a les navires de la marine nationale sénégalaise qui surveillent. Il y a également des avions de l’armée de l’air qui continuent leur travail de surveillance des côtes. Justement, c’est ce qui fait que lorsque les pirogues partent de Djogué, elles sont obligées de prendre la droite pour aller au-delà des eaux territoriales sénégalaises. Ce qui multiplie par dix les risques. Parce que si les pirogues vont au- delà des eaux territoriales sénégalaises, elles ont mille chances de se perdre en mer. Il y a aussi d’autres risques : faim, soif ou tous autres risques’.

Toutefois, le Lieutenant-colonel Ndiaye est d’avis que la police et les autres corps engagés dans le Frontex ne font pas uniquement de la répression. Loin s’en faut. ‘A côté de la répression, il y a la sensibilisation à l’endroit de ceux qui sont retournés’, certifie-t-il. ‘Mis à part les convoyeurs, ceux qui sont retournés ne sont jamais condamnés. Ce sont seulement les convoyeurs qui sont poursuivis devant les tribunaux. Car les jeunes sont considérés comme étant des victimes de l’arnaque. Ils sont protégés. Il y a même un suivi psychologique qui se fait pour que ces jeunes puissent réintégrer le tissu social et prendre conscience du danger de ce qu’ils voulaient faire’, renseigne-t-il.

Certains rescapés ont juré ne jamais tenter une telle aventure. Même son de cloche entendu chez les jeunes qui ont été choqués par ce qu’ils venaient de voir. ‘C’est de la folie que de tenter de rejoindre l’Espagne par une embarcation de ce type. En plus, la richesse dont on parle ne vaut pas cette souffrance. Les jeunes doivent se ressaisir et rester chez nous pour travailler’, raisonne l’un d’eux.

En conclusion, le Lieutenant-colonel Alioune Ndiaye a insisté sur les dangers que courent tous ceux qui rêvent de bâtir des châteaux en Espagne en empruntant comme moyen de transport les pirogues de fortune. ‘Je voudrais attirer l’attention des jeunes sur les dangers de l’émigration clandestine, sur la mort qui est là. Parce que quand les clandestins réussissent à passer entre les mailles de la police, ils vont tout droit vers la mort. Si par miracle, ils atteignent l’Espagne, ils sont gardés dans des prisons en attendant leur rapatriement. Donc, il n’y a pas d’issue. Il faut que ceux qui continuent à tenir un autre discours arrêtent de tromper les jeunes en disant qu’ils ont raison de partir par ce qu’il n’y a rien à faire dans ce pays. On ne peut pas être dans un pays pour sauver des jeunes et avoir deux langages contradictoires. Il faut dire aux jeunes que la mer n’est pas un terrain de jeu’, lance-t-il à l’endroit de la population jeune.

A signaler que les candidats à l’émigration clandestine, majoritairement jeunes déboursent entre 400 000 et 500 000 francs par voyage. Le Sénégal et l’Union européenne ont mis en place un dispositif de sécurité pour lutter contre ce phénomène. Mais, force est de reconnaître que si les départs qui se faisaient entre Dakar, Rufisque, Kayar et Saint Louis se font rares maintenant, de plus en plus, au sud du Sénégal des pirogues appareillent à Djogué en Casamance et en Mauritanie.



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