PENDA MBOW, COORDONNATRICE DU MOUVEMENT CITOYEN : « Le corps de la femme est devenu un enjeu de pouvoir au Sénégal »

Penda Mbow est une militante de la cause féminine, mais elle n’accepte pas que les acquis de cette lutte soient utilisés contre les hommes. Réagissant à propos de l’affaire Assane Cissé, ce vieil émigré sénégalais installé en France depuis 1968 et qui dut faire les pires boulots dans l’Hexagone pour faire fortune et qui accuse aujourd’hui les gens de l’alternance de lui avoir ravi sa femme à faire preuve d’impartialité. Non sans se prononcer sur les problèmes de mœurs évoqués depuis le dernier remaniement ministériel. Entretien…

Source : Walf Grand Place

Walf Grand Place : En tant que militante de la cause féminine, quelle analyse faites-vous de l’affaire Assane Cissé, ce vieil émigré qui accuse sa femme de le tromper avec l’appui des pontes du régime libéral, qui veulent lui arracher ses biens ?

Je ne connais pas Assane Cissé mais son interview m’a complètement bouleversée. En tant que militante de la cause des femmes, je suis très déçue. Parce que nous sommes partie de la situation de la femme victime pour bâtir le Code de la Famille. Donc, il n’est pas normal que la femme use de cet acquis pour non seulement briser son ménage à des fins inavouées, mais aussi s’elle en vienne à exercer une autre forme de violence sur son conjoint au détrment des enfantys. Je pense que c’est conTraire à l‘image de la femme porteuse de paix et gardienne des valeurs.

Quelle approche avez-vous de la situation actuelle de la femme ?

J’ai remarqué que le corps de la femme est devenu un enjeu de pouvoir extraordinaire. Et, la lutte féministe ne veut pas que ses objectifs soient détournés. Parce que j’ai le sentiment que la sexualité de la femme est un outil pour renforcer le pouvoir des hommes. La femme est aliénée plus que jamais au profit des hommes de pouvoir. Il faut qu’un terme soit mis à cela et que la femme se fasse respecter et qu’en même temps, les hommes respectent la femme.

Quel jugement portez-vous sur toutes ces affaires de mœurs évoquées après le dernier remaniement ministériel et qui mettent au premier plan la femme ?

Je voudrais dire qu’il y a évolution de ce point de vue-là. Il ne faut pas que les femmes soient seules à être incriminées. Parce que là où l’on pointe du doigt la femme, il faut pointer du doigt les hommes qui les manipulent. Parce que leur responsabilité est plus que jamais engagée. Et j’exhorte les femmes sénégalaises à s’organiser davantage pour conquérir leurs droits, leur autonomie et le respect qui leur est dû. Et j’espère que la justice sénégalaise sera vraiment impartiale en ce qui concerne le cas d’Assane Cissé, parce que c’est un combat féministe aussi.