Petersen, le marché qui bouche la circulation

Dakar, 17 août (APS) - Neuf heures sur Petersen, dans le quartier du Plateau à Dakar. La chaleur de la matinée accompagne le mouvement des vendeurs et des clients de ce marché conquis par les vendeurs à la sauvette et des étales à perte de vue.

Les premiers marchands guettent les clients du matin et autres vacanciers de passage, tandis que d’autres vendeurs déballent leurs marchandises tirées de gros sacs plastiques, d’où elles avaient été enfoncées la veille.

Des commerçants se réfugient dans leurs cantines, alors qu’un petit monde de vendeurs est laissé à son sort. Le soleil qui avait disparu ces derniers jours du ciel dakarois à cause des pluies incessantes, semble être revenu en force, laissant les habitants en sueur.

Le centre commercial du coin, censé ‘’recaser les marchands ambulants’’, est contrôlé par de grosses fortunes opérant au centre-ville. Les petits poucets se partagent les espaces piétons pour poser étales, tables en bois ou kiosques de fortune.

Tôt, l’animation reprend de plus belle dans ce marché attelé à une gare routière, l’une des plus grandes stations de transport urbain de Dakar. Petersen est surtout connu comme zone de prédilection des vendeurs à la criée de la capitale sénégalaise.

‘’Body 400, ensemble soutien boxeur 500‘’, lance, dans un français ‘’abrégé’’ un vendeur à l’accent fort wolof. Bientôt, sa voix sera dominée par plusieurs micros désireux de ferrer les clients.

Mille et une réclames fusent de toutes parts. Les unes fortes, les autres stridentes. Toutes percent l’oreille et perturbent une certaine clientèle. Personne n’entend ce qui se dit de près. Tapage oblige. Chacun donne de la voix pour se faire entendre.

Le marchandage est âpre entre un client et un vendeur sur le prix d’un sac à main. Du vrai faux cuir, comme une pièce de couleur cousue de fil blanc. ‘’5.000 francs, c’est le dernier prix‘’, lâche le vendeur. ‘’Laisse, ça au moins à 3.500 francs’’, insiste une dame sous le regard acquiesçant du marchand.

De l’autre côté, des ‘’marchands ambulants’’, de jeunes vendeurs à la sauvette, occupent les trottoirs, débordant même la chaussée. Ils vendent des habits pour enfants, adultes et jeunes filles. Babioles et produits contrefaits sont également leurs spécialités.

Sous les parasols qui leur servent d’abris, ces marchands fredonnent les morceaux de musique locale. Au box-office, le dernier opus de Fallou Dieng ‘’Manaa‘’ (Importance) revient. Comme ce musicien, les vendeurs eux guettent ‘’les clients importants’’.

Par moments, des femmes se laissent emporter par l’ambiance joyeuse, ‘’en ces temps de morosité économique’’. Des vendeuses esquissent des pas de danse au rythme d’une musique venant de loin. Ces vendeuses étalent sur la chaussée de la joaillerie, de basse qualité.

Dans ce désordre, les véhicules qui sont obligés d’emprunter ces voies ou celles qui s’y aventurent ont du mal à se frayer un passage. La circulation est en permanence gênée dans cette zone, au grand dam des minibus du transport urbain de Dakar.

L’occupation illégale des trottoirs et chaussées par diverses activités marchandes est la cible des nouvelles autorités municipales. Le nouveau maire de la ville, Khalifa Ababacar Sall, a d’ailleurs déclaré la guerre à ce commerce sur des rues non marchandes.

Petersen grouille de monde, mais ne dépasse pas Sandaga, le premier marché de Dakar, situé à quelques encablures. ‘’Il y en avait bien plus l’année passée’’, dit Mamadou, un vendeur. ‘’La crise est passée par là. Les clients ne font que marchander.’’