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Pierre GOUDIABY ATEPA, architecte : ‘ Tant qu'on n'aura pas déplacé le marché Sandaga ça n'ira pas ’

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Pierre GOUDIABY ATEPA, architecte : ‘ Tant qu'on n'aura pas déplacé le marché Sandaga ça n'ira pas ’

La sortie de l’architecte Pierre Goudiaby Atépa, le 21 octobre dernier, à l'émission Grand Jury de la Rfm pour tirer la sonnette d’alarme à propos de l’occupation et de l’envahissement anarchique des voies et domaines publics de la capitale n’a pas été du goût du maire de la ville de Dakar Plateau. ‘De quoi je me mêle’, a semblé lui répondre Mohamed Fadel Gaye qui n’a pas aimé ce que l’architecte a dit sur sa ville. Face à cette réplique, Pierre Goudiaby Atepa a rebondi à travers une interview qu’il nous a accordée en visite guidée au centre ville de Dakar. Non seulement pour attirer l’attention de tout le monde, mais également pour prendre des images qui confirment ce qu’il a dit, dans le dessein de faire une exposition dont il souhaiterait qu’elle soit présidée par ledit maire.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui est à l’origine de votre histoire avec le maire de la ville de Dakar Plateau ?

Pierre Goudiaby Atepa : D’abord, je n’ai ni d’histoire ni de problèmes avec qui que ce soit. J’étais dans mes droits de citadin de la ville de Dakar, d’attirer l’attention de l’honorable maire sur les problèmes et sur des faits qui me rendent malheureux. Et, étant un enfant de Dakar - même si je suis né dans ma verte Casamance - j’y ai quand même grandi, je me considère comme ce que les gens appelleraient un ‘boy Dakar’. Alors, le ‘boy Dakar’ est meurtri par ce qu’il voit et j’ai voulu dénoncer cela sans polémique. J’ai voulu simplement que les gens comprennent qu’on ne peut pas continuer comme ça. Et j’ai souhaité qu’il (le maire de Dakar Plateau) fasse ce que nous sommes en train de faire : je vous ai invité à faire ensemble un tour de visite pour constater ce qui se passe à Dakar Plateau. D’ailleurs, j’ai l’intention de faire une exposition et je demanderai à Monsieur le Maire du Plateau de présider cette exposition. Où je vais montrer des images de Dakar qui me choquent. Je suis en train de chercher des images de Dakar d’antan pour comparer ce qui se passait avant à ce qui se passe aujourd’hui. Je voudrais simplement que le maire et d’autres d’ailleurs soient confiants. Il n’est pas le seul. C’est lui qui a pris la mouche, mais il n’est pas le seul responsable. Je pense que quelque part, nous sommes tous responsables, et d’abord, nous, les professionnels de la ville qui ne dénonçons pas. Je verrais bien les architectes se coaliser entre eux pour dénoncer cela, tout comme ils se sont coalisés pour dénoncer certaines incohérences dans le cadre de la corniche de Dakar. Et, quand ils l’ont fait sans polémique aucune, les autorités de l’Oci ont rectifié le tir. Je voudrais que le maire et les autres puissent prendre cet exemple pour dire : écoutez, ça suffit, il faut assainir, il faut que ça s’arrête, cela ne peut pas continuer comme ça ! On est en train de ‘cantiniser’ Dakar. Et pire, Dakar est devenu… Il n’y a malheureusement pas de mots pour décrire cela. Quand j’avais pris des photos, la dernière fois - que je compte exposer- je n’en revenais pas ! J’étais allé voir un ami et en rentrant, vers 23 h, j’ai vu le spectacle, je suis allé jusqu’à mon bureau à Fann, j’ai pris mon appareil photo et suis venu prendre des images, afin que nul n’en ignore, comme on dit. Et j’ai des images que je voudrais partager aves la presse et avec d’autres, afin qu’ils voient et qu’on arrête. Cela ne peut pas continuer ! C’est tout ce que je dis ! Je souhaiterais vraiment que le maire me rejoigne dans cette croisade : une croisade pour l’assainissement de la ville, pour que chaque citoyen de cette ville se sente responsable de la dégradation et pour que chacun puisse faire ce qu’il peut. Mais, cela ne peut pas continuer. Vous imaginez des moutons sur l’avenue William Ponty ! J’ai des images de gens qui dorment, de gens qui se baignent, qui font la cuisine sur William Ponty. Mais, quand même, où sommes-nous ? Le président de la République a l’ambition que nous ayons la plus belle corniche du monde. Mais, à quoi cela sert-il, si une fois qu’on a quitté la corniche, on tombe sur la plus grande avenue de notre pays qui présente une image pas du tout reluisante ? C’est tout ce que je dénonce, encore une fois, sans aucune agressivité à l’endroit de Monsieur le Maire du Plateau ou de qui que ce soit.

Wal Fadjri : Le mécontentement du maire de Dakar-Plateau n’est-il pas dû au fait que vous ne l’aviez pas contacté avant de faire votre sortie ?

Pierre Goudiaby Atepa : Non ! (il insiste) Je veux arrêter cette polémique. De grâce, ne me parlez plus de Monsieur le Maire. Voyons ce qu’on doit faire ou les conseils qu’on doit donner, sans prétention aucune, pour que ce spectacle puisse s’arrêter. Posez-moi, alors, des questions sur l’environnement, s’il vous plait. Mais vraiment, Monsieur le Maire du Plateau, ce n’est pas mon problème ! Je l’ai interpellé parce que c’est lui le premier responsable. Encore, une fois, il n’est pas seul à l’être, et je l’invite à une ouverture d’esprit pour venir voir, ensemble, comment nous pouvons nous battre. Parce que je sais que, quelque part, lui-même est un peu dépassé. Mais alors, qu’il nous dise ce qu’on doit faire pour qu’il ne soit plus dépassé.

Wal Fadjri : Avec la marche vers le sommet de l’Oci, de grands travaux sont en cours avec toutes les conséquences que cela entraîne. Notamment des embouteillages monstres dans la ville de Dakar…

Pierre Goudiaby Atepa : Au Sénégal, nous réagissons comme des enfants gâtés. J’ai des étrangers africains qui étaient là et qui me disaient : nous préférons avoir, même si c’est pendant deux ans, des embouteillages, mais nous saurions qu’au bout de ces deux ans, nous aurons des infrastructures. Alors, il faut oublier, de grâce, les embouteillages. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Et arrêtons de nous comporter en enfants gâtés ! Je préfère les embouteillages, tout en sachant que dans six mois ou un an, nous allons régler les problèmes. Que les gens arrêtent de se lamenter. Qu’on essaye de voir ce qui va se passer dans deux ans. Vous commencez déjà à en voir les produits. Et il faudrait vraiment rendre à César ce qui est à César. Nous savons qu’il y a beaucoup de problèmes. Mais sur le problème des infrastructures, vous ne pouvez pas reprocher aux autorités de faire ce qu’elles sont en train de faire pour améliorer les structures que nous avons. Je pense que cela est un faux débat. Par contre, il faut commencer dès maintenant à voir comment faire pour préserver cela, ou comment faire pour améliorer ce que nous avons. C’est pour cela que j’ai invité les autorités de l’Oci à intégrer les artistes sénégalais dans ce qu’ils font. Pour que les ouvrages d’art qui sont en train d’être réalisés, puissent être transformés en œuvre d’art. Et je suis très heureux qu’elles aient accepté. Elles ont reçu les artistes, lancé des appels d’offre et les artistes vont s’approprier les ouvrages d‘art pour en faire des œuvres d’art. Il ne faut donc pas que les difficultés qu’il y a sur la corniche puissent obstruer tout le reste. Car, quand je vois ce qui se fait sur la Vdn, avec la Cse, je suis très satisfait. Et je crois que tous les Sénégalais qui ont vu cela, le sont également. Quand je vois, à partir de mon cabinet ce qui est en train de se faire, jusqu’à la Sainte mosquée de la divinité, je suis content. Je me dis qu’il n’y a pas que la corniche. Essayons donc de voir les choses globalement et de positiviser.

Wal Fadjri : Mais face à l’occupation anarchique des trottoirs et même de la chaussée dans certaines rues du centre ville de Dakar, que faut-il faire pour décanter la situation ?

Pierre Goudiaby Atepa : Tout ce spectacle de pousse-pousse, de chariots, de commerçants, etc., qui sont installés n’importe où et n’importe comment, vous croyez que c’est normal ?

‘Il faut d’abord déplacer le marché de Sandaga, car, tant qu’on ne l’aura pas fait, ça n’ira pas ’.

Wal Fadjri : Et que faut-il faire ?

Pierre Goudiaby Atepa : C’est à ce niveau que se situe le fond du problème. Et c’est là que des techniciens comme nous peuvent intervenir. Il est vrai que ces gens qui font leur petit commerce, doivent continuer à le faire. Mais j’estime qu’on doit leur trouver un endroit où tout le monde saura que quand vous y allez, vous y trouver tous les bana-bana (ou vendeurs ambulants). Mais il faudrait que Ponty ou le centre ville soit restitué aux sociétés, aux entreprises, aux boutiques structurées, qui payent normalement leurs impôts, pour que les gens viennent y faire leurs courses. Et qu’on ait une vitrine à montrer. Mais on ne peut pas cantiniser toute la ville. Il faut que le maire ou les maires s’asseyent avec les autorités, le ministère de l’Urbanisme, les architectes et même avec de simples citoyens pour qu’on ait une espèce d’états généraux de la ville de Dakar entre techniciens, afin que l’ambition que les Sénégalais ont pour leur ville puisse être traduite dans les faits et qu’on puisse vraiment arrêter ce spectacle. Pour ce faire, il faut d’abord déplacer le marché de Sandaga, car, tant qu’on ne l’aura pas fait, ça n’ira pas. Et créer un autre Sandaga, pour ne pas qu’on nous reproche, encore une fois, de faire partir les gens sans leur trouver des solutions.

Wal Fadjri : Où proposez-vous pour réinstaller le marché de Sandaga ?

Pierre Goudiaby Atepa : Mais, des solutions peuvent être trouvées. Pour peu que nous décidions ensemble de ce que nous voulons faire de cette ville. La structuration urbaine est quelque chose de très sérieux. Je ne peux pas, dans une interview, vous dire qu’il faut mettre le marché ici ou ailleurs. J’invite simplement les techniciens de l’urbanisme à se retrouver avec le ministère, les mairies, etc., pour qu’ensemble, nous voyons comment régler les problèmes. J’ai, bien sûr, mes idées sur ces questions. Mais il y a d’autres aussi qui ont leurs idées, et je souhaiterais que nous puissions les fédérer pour essayer de trouver une solution.

Wal Fadjri : Des autorités municipales octroient l’autorisation de s’installer sur la voie ou le domaine public, comme c’est le cas pour cette marocaine, Mme Majda Benmansour qui a ouvert un restaurant au n° 103 avenue André Peytavin. En plus de déguerpir les personnes qui se sont installées de façon anarchique sur les trottoirs, que faut-il faire pour les autorités ?

Pierre Goudiaby Atepa : Même les acteurs de l’encombrement sont d’accord avec nous et ils sont les premiers à se plaindre. Les actions que je mène ne sont pas destinées contre eux. Si nous nous organisons mieux, en demandant aux responsables d’assumer leur responsabilité pour que les rôles soient bien partagés et que chacun soit là où il doit être, c’est tout le monde qui y gagne. Parmi ces envahisseurs des trottoirs, vous avez beaucoup de gens, comme ils le disent, qui ont renoncé au Barça-Barsac. Je les comprends, mais ce n’est pas une raison pour envahir la rue. Et c’est là où j’interpelle les autorités pour qu’ensemble, nous puissions nous retrouver pour voir quelles solutions trouver. Parce que ce sont des gens qui se débrouillent, qu’on les organise pour qu’ils se débrouillent mieux. Dans le respect des droits et des devoirs des uns et des autres. C’est cela la cité organisée. Demain, on va dire : il faut les rafler tous. Non, ce n’est pas la solution ! D’ailleurs, je demanderai avant qu’on les rafle, de leur trouver une solution. Parce que ce n’est pas également une solution de mettre tout le monde dans une fourgonnette et d’aller les jeter quelque part pour qu’ils reviennent deux jours après. Et, c’est ce qui s’est passé jusqu’à présent. Ne faisons rien dans la précipitation. Comme disait l’autre, je vais encore jeter le pavé dans la marre, cela va faire du boucan. Non, sachons raison garder. N’arrêtons personne, ne faisons déguerpir personne. Retrouvons-nous pour trouver des solutions qui soient convenables pour tous et qu’on réunisse les envahisseurs pour les organiser dans un dialogue serein et responsable.

Wal Fadjri : Faut-il sanctionner les autorités qui sont responsables de l’installation anarchique des gens sur le domaine public ?

Pierre Goudiaby Atepa : Ne parlons pas pour le moment de sanction. Je ne veux faire peur à personne. Je dis simplement qu’il y a eu des erreurs qui ont été commises et il convient de ne plus les commettre. Et de voir quelles solutions apporter à ces erreurs. Je ne jette la pierre sur personne et ne souhaiterai qu’on la jette sur qui que ce soit. Je veux simplement dire que voilà une situation qui n’est pas normale et il convient, avec le maximum de sérénité, que nous nous attaquions à ces problèmes. En même temps, nous nous attaquerons à l’encombre des rues par les mendiants. On en parle, mais on ne fait rien ! A ce niveau, il faut qu’on trouve également des solutions. Augmentons les taxes sur l’alcool, sur la cigarette pour trouver une solution à ces gens-là. Les touristes ne viennent plus. Ce n’est pas normal ! Le taux de retour est inférieur à 6 %, d’après ce que l’on m’a dit. Comment voulez-vous que l’on continue comme ça ? Ce n’est pas possible ! Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut rien voir. Nous sommes tous responsables. Et il convient que chacun à son niveau prenne ses responsabilités pour, comme on dit en wolof, gnou safaral mbirmi.



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