Plusieurs ''SDF'' dont des Sénégalais squattent les rues de Paris

Paris, 21 mars (APS) - Des étrangers issus de plusieurs continents dont des Africains et notamment des Sénégalais squattent actuellement les rues de Paris où, en dépit du froid qui règne, ils y ont élu domicile, au grand dam des services sociaux humanitaires français qui cherchent à les loger dans des endroits décents.

Le Consulat du Sénégal tente également d'intervenir et, à la demande de certains de ces ''Sans domicile fixe'' (SDF) qui sont d'origine sénégalaise, il étudie les modalités de leur rapatriement au Sénégal. En attendant, la situation est préoccupante pour ces individus qui sont en nombre croissant et dont l'état résulterait d'une consommation abusive de l'alcool ou d'une grande déprime née de problémes sociaux.

En effet, selon le Samu et l'Emmaüs qui tentent de les secourir, la boisson alcoolisée et les problèmes de ménage ou de travail, sont pour plus de 50 pour cent de ces malades mentaux les causes de leur état. En plus des Sénégalais, il y a chez ces catégories d'individus des Congolais, des Maliens, des Ivoiriens, des Marocains et des Algériens.

Rencontré à la rue d'Aubervilliers (Paris 19e), ce Sénégalais qui clame au premier venu son désir de retourner au pays, raconte qu'il est devenu du jour au lendemain un ''SDF'', après avoir perdu un procès contre sa femme d'origine antillaise.

''J'étais un travailleur à la SNCF et je gagnais bien ma vie. Un jour, ma femme a voulu m'expliquer de notre appartement du fait qu'elle ne m'aime plus et qu'elle a envie de faire sa vie comme elle l'entend. A la suite de la dispute, elle m'a insulté et sans me maîtriser, je l'ai frappée. Elle m'a assigné en justice et elle a demandé divorce qu'elle l'a eu. J'ai été emprisonné pour six mois pour blessure volontaire'', raconte Daouda alias ''Dabs''.

Sorti de prison, l'homme, un ancien habitant de Dakar Plateau, perd son travail ainsi que ses trois enfants que la justice lui interdit de voir au motif qu'il est ''un papa violent''. ''A partir de là, enchaîne-t-il, je me suis dit que ma vie est f..., car mon casier judiciaire est sale. Alors, j'ai décidé de sombrer dans l'alcool et dans la mendicité. Ici, les gens nous prennent comme des malades mentaux. J'ai vraiment envie de rentrer chez moi. Mais je n'ai pas de moyens de retourner au Sénégal.''

La même complainte est poussée par cet autre Sénégalais rencontré en compagnie de Daouda. Après avoir perdu son travail, il a été expulsé de son appartement et par voie de conséquence il est devenu un ''SDF'', faute de ne plus savoir où aller.

''Ici, les Français ne nous considèrent pas et ne nous acceptent pas dans leur société. On vit sous prétexte d'être des gens malades et on mange n'importe quoi dans la rue'', se plaint l'homme, revu un plus tard en train d'errer à la rue Caillée dans le 18e arrondissement.

Ainsi, vont les ''SDF'' parisiens d'origine étrangère que certains prennent pour des malades mentaux au vu de la vie de clochard qu'ils mènent dans les rues de la capitale française. Quand on les interroge, ils se disent quelquefois être victimes de ...maraboutage ou de sorcellerie.

En tous les cas, ils sont, pour la plupart d'entre eux incapables d'expliquer le pourquoi de leur déchéance, n'en déplaisent aux services sociaux humanitaires qui pointent du doigt l'alcoolisme et le mal vécu de problèmes sociaux.

Les prenant au mot, des parents se dépêchent de les emmener chez des marabouts, là où d'autres refusent systématiquement toute consultation et continuent d'errer dans les rues.