Il ne crie pas. Il ne chuchote pas non plus. Il est partout et pourtant souvent ignoré. À Dakar, le bruit n'a pas de visage, mais il s'impose chaque jour comme une réalité pesante, tapie dans les klaxons, les moteurs, les chantiers, les marchés. C'est à ce phénomène que se sont attaqués les étudiants de l'Institut des Métiers de l'Environnement et de la Métrologie (IMEM), à travers une cartographie du bruit de la capitale.
Sans tambour ni trompette, ces jeunes chercheurs pris leurs sonomètres et arpenté la ville, micro après micro, site après site. Leur ne démarche repose pas sur un algorithme, mais sur une intuition humaine : « notre impression d'endroits bruyants ». Ce choix les a menés dans les artères, carrefours et marchés les plus animés de Dakar. L'objectif étant de mesurer, à la source, ce que tant de citadins supportent en silence.
Le résultat, livré dans les colonnes du magazine Environnement Afrique, donne froid dans le dos ou pour rester dans le thème, mal aux oreilles. Sur les 18 sites analysés, seuls 4 respectent la norme européenne fixée à 80 décibels. À l'échelle nationale, avec une limite de 85 décibels, 7 sites restent tout de même hors-jeu.
Le carrefour du Relais décroche la palme de la nuisance. Les roulettes, à l'inverse, semblent échapper au tumulte. Une donnée que les auteurs nuancent : « résultat ponctuel mais qui ne prend pas en compte les dimensions temporelles et spatiales du site expérimental ».
Les données fournies s'expriment en « décibel A », une unité de mesure pondérée qui reflète la perception humaine du son. « le bruit, même d'intensité relativement faible, peut agir comme un 'stresseur' par la gêne et la perturbation qu'il provoque », évoque le magazine. D'ailleurs, la science la classe parmi les premiers agents de dégradation de la qualité de vie urbaine.
Le document publié par l'IMEM ne se contente pas de relever les niveaux sonores. Circulation automobile, moteurs de chantier et rassemblements humains sont les principales sources répertoriées. Les voitures, les bus, les motos, « sauf le BRT qui est un bus électrique qui ne fait pas de bruit », s'imposent comme les principaux coupables. Les marteaux-piqueurs et les bétonnières ne sont pas en reste. Quant aux marchés, ils orchestrent leur propre symphonie, entre cris, moteurs et haut-parleurs.
Si la cartographie n'est qu'un début, elle pose déjà les jalons d'une réflexion urgente. La revue ajoute que : « le bruit constitue la nuisance la plus fréquemment mentionnée dans les enquêtes portant sur l'évaluation de la qualité de l'environnement, notamment en milieu urbain ».
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