Pour lutter éfficacement contre la mendicité : Les ‘Serigne daaras’ demandent une subvention de l'Etat

Les taalibe qui ont le droit, à l'instar de tout autre enfant, de survivre, de s'épanouir, d'être entretenus dans les conditions les plus favorables. Celui qui parlait hier ainsi, au nom de tous les siens, au forum organisé par le projet de lutte contre les pires formes de travail des enfants, est un ‘Serigne daara’. Et c'est au nom de ce droit des taalibe que ces maîtres coraniques ont réclamé le droit de bénéficier d'une subvention de l'Etat.

SAINT-LOUIS - En chœur, les ‘Serigne daaras’ présents hier, au forum convoqué par le projet de lutte contre les pires formes de travail des enfants, ont demandé une subvention de l'Etat pour mieux s'occuper des enfants dont ils ont la charge. Pour Oustaz Yaya Diallo, il est difficile de prendre en charge les taalibe qui ont le droit, à l'instar de tout autre enfant, de survivre, de s'épanouir, d'être entretenus dans les conditions les plus favorables. A l'entendre parler, on comprend son souci de voir les taalibe en particulier, bien traités par le gouvernement, ses partenaires et autres bonnes volontés, mécènes et parrains. En outre, les maîtres de Daras, qui ont fait montre d'un engagement sans faille à prendre à bras-le-corps ce problème de société, se sont exprimés dans le sens d'une meilleure implication en termes budgétaires, techniques et surtout d'actions.

Pour Niokhobaye Diouf, coordonnateur national du projet de lutte contre les pires formes de travail des enfants au ministère de la Femme, de la Famille et du Développement social, il s'agissait surtout, à travers ce forum, de sensibiliser l'ensemble des intervenants du secteur sur la mendicité des enfants. Ainsi, en partenariat avec le Réseau des parlementaires pour la population et le développement, ils ont pu, pendant une journée, échanger avec les ‘Serigne daaras’, les représentants de la communauté internationale sur la situation des enfants et sur la nécessité de prendre en charge cette problématique de la mendicité des enfants qui constitue un fléau, surtout au niveau du département de Saint-Louis.

Quant au député Famara Sarr, président du Réseau des parlementaires pour la population et le développement, il a été formel lorsqu'il précise que leur démarche est plus globale qu'une simple lutte contre la mendicité qui n'est pas seulement une affaire des enfants en général et des taalibe en particulier. Pour lui, c'est un phénomène social qui a des racines profondes liées en particulier à la pauvreté. Par conséquent, a-t-il souligné, ‘la réponse globale que nous pouvons apporter au niveau du Sénégal contre la mendicité consiste précisément à organiser la lutte contre la pauvreté de telle sorte qu'on puisse donner à chaque Sénégalais les moyens de subsister avec sa famille dans des conditions compatibles avec sa dignité, de pouvoir éduquer sa progéniture correctement’. Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, ‘nous sommes venus discuter avec l'ensemble des personnalités, en particulier, les ‘Serignes daaras’, pour voir comment ils pourraient contribuer efficacement à l'éradication de l'exploitation des enfants par la mendicité’.

Famara Sarr a tenu à rappeler que ‘dans notre tradition, les élèves coraniques avaient l'habitude, pendant une partie de la journée, d'aller mendier. Cela faisait partie intégrante de leurs leçons de civisme, de leur formation. C'était pour tremper leur caractère, leur apprendre l'humilité, à compter sur eux-mêmes pour survivre et à savoir qu'ils dépendent de leur environnement et de leur société. C'était pour cette raison que les taalibe mendiaient’. Le problème qui se pose aujourd'hui, de l'avis du député Famara Sarr, est relatif à l'exploitation des enfants par le travail, qui est incompatible avec leur niveau de développement. Ce type d'exploitation, on le trouve sur plusieurs terrains. Il y a l'exploitation des enfants par la mendicité, l'exploitation des jeunes filles par le travail domestique précoce, par les abus et l'exploitation sexuelle et plusieurs autres formes d'exploitation. M. Sarr estime qu'on doit plancher aujourd'hui sur les choix à opérer dans le cadre de l'éducation de nos enfants. Est-ce que faire mendier les enfants, doit faire partie des valeurs culturelles que nous cultivons et que nous devons inculquer à ces derniers ?, s'est-il enfin demandé.