Elles sont collégiennes ou lycéennes, leur moyenne d’âge varie entre 15 et 23 ans. Elles sont, pour l’écrasante majorité, natives de Ziguinchor, et issues de familles démunies. Pour être à l’abri du besoin pendant les vacances, et venir en aide à leurs parents, elles se lancent dans la vente : détergents, cartes de crédits ou puces constituent leurs produits favoris. Cependant, cette tâche n’est pas du tout repos pour ces jeunes filles. Elles soulignent être victimes de drague souvent de leurs employeurs, ou des clients qui leur font du chantage avant d’acheter leurs marchandises.
Oumou, la vingtaine bien épanouie, habillée d’une jupe vert et jaune assortie d’un haut de la même couleur, attend impatiemment sous le soleil ses rares clients qui viennent chaque matin se procurer des cartes de crédit. Elle explique sa nouvelle reconversion. « Mon père est à la retraite. Il n’a plus les moyens de me payer les frais de scolarité et les fournitures », explique-t-elle. Car, ajoute elle, « je ne suis pas la seule fille de mon père. On est 14 enfants, et plus de mes cousins qui logent chez nous. Et par conséquent, la tâche est difficile pour mes parents de nous prendre totalement en charge ». Pour Oumou, ce travail paie bien même si, souvent, elle est victime de drague de ses employeurs. « Pour bien gagner dans cette vente, on est obligé d’avoir le sourire pour attirer la clientèle, surtout les hommes. Cependant, certains de nos clients en abusent, en nous considérant comme des filles faciles. Ils (clients) nous font des chantages pour acheter nos produits », a-t-elle dit. De l’avis d’Oumou, certains clients pour les appâter les invitent à leur domicile, en prétendant qu’ils sont occupés par leur activité. Son amie Françoise qui travaille pour une société de téléphonie mobile, d’enfoncer le clou. A l’en croire, beaucoup de gens au premier contact font semblant d’être de fidèles clients, mais au bout de quelques jours, ils dévoilent leurs véritables intentions. « Chaque jour que Dieu fait, on reçoit des déclarations d’amour de la part de certains de nos clients. Et si vous refusez, ils ne reviennent plus acheter chez vous », fait-elle savoir. Avant de poursuivre, « ils ne sont mus que pour leurs propres intérêts ». Plusieurs collégiennes et lycéennes, issues de familles démunies exercent de petites activités génératrices de revenus. L’argent amassé leur permet de payer leurs frais de scolarité. Pour trouver un fonds afin de démarrer ces activités, ou pour être recrutée dans une entreprise, ces jeunes filles doivent franchir plusieurs étapes, qui sont souvent parsemées de pièges. « J’ai vu des patrons d’entreprises proposer de passer dans leur lit avant qu’ils ne vous recrutent. Je devais être à un poste beaucoup plus juteux que celui que je détiens. Mais, j’ai refusé les avances d’un patron qui m’a invitée dans un hôtel de la place pour prendre un pot avec lui ». Anna, élève en classe de 3e, a vécu une aventure similaire à celle de Françoise. « C’est après m’avoir recrutée, que mon employeur a voulu abuser de moi. Ce que j’ai catégoriquement refusé. Par conséquent, mon salaire a été revu à la baisse. Ce que j’ai accepté, je n’avais pas d’autres solutions. L’argent que je gagne me permet d’acheter des cahiers, des livres et de payer ma scolarité. Je parviens aussi à aider mes frères qui sont à l’école primaire. C’est une façon pour moi d’aider mes parents qui peinent à joindre les deux bouts ». Pélagie, quant à elle, est tombée dans le piège d’un de ses clients qui a abusé d’elle. « Franchement, je ne sais pas comment l’expliquer. Mais, je suis tombée amoureux d’un de mes clients qui m’a choyée de petits cadeaux. Et, qui continue de le faire. Par contre, cela ne m’a pas poussée à abandonner mes activités. Avec cet argent, je parviens à acheter des habits neufs et mes fournitures scolaires. De ce fait, je n’envie pas mes condisciples à l’ouverture des classes », nous a-t-elle confié.
La plus grosse vente est rémunérée à 2000F
2000 francs, c’est la somme remise aux ambulantes qui ont effectué la plus grosse vente dans la journée. Un fait que certaines employées d’une société de téléphonie mobile et d’un magasin spécialisé dans la vente des détergents ont dénoncé. « On parvient à peine à avoir ces deux mille. Car, il faut vendre plusieurs articles pour parvenir à avoir cette somme dérisoire », peste cette fille qui a préféré parler sous le sceau de l’anonymat. Elle renchérit : « c’est de la pure exploitation. Imaginez, avec la conjoncture qui sévit à Ziguinchor, trouver des acheteurs relève d’un casse-tête. Mais, on est obligé d’accepter, car on a pas d’autres moyens ». Mais, stoïque cette fille n’entend pas baisser les bras. Car, selon elle, Dieu va l’assister un de ces jours. « Je ne me décourage pas. Cette situation à laquelle je suis confrontée, est passagère. Elle sera un mauvais souvenir pour moi un jour », indique-t-elle.
Un travail jugé pénible
Ces jeune filles qualifie de très pénible leur job de vacances. Si l’on en croit certaines, il faut avoir du courage pour l’exercer. « Nos condisciples se moquent parfois de nous si nous nous rencontrons dans les artères de la ville. Et, d’autres, plus compréhensives, nous encouragent et nous félicitent », explique Fatou. Mieux, ajoute-t-elle, « il n’y a pas de sot métier. Seul le travail paie. Je ne quémande pas, je ne me prostitue pas. Je gagne ma vie à la sueur de mon front. Je ne vois pas pourquoi, je me cacherais ». Anta Faty et Juliette, toutes élèves, vendent des effets de toilette. Si la première a la chance d’avoir une cantine, la dernière quant à elle sillonne les rues de la ville à la recherche de clients. Elle narre ses randonnées quotidiennes sur le terrain. « Chaque jour, je me lève à six heures du matin pour rallier d’abord la boutique de mon fournisseur. Après, sans prendre le petit déjeuner, je me dirige vers les endroits où je pense trouver quelques clients. C’est souvent devant les banques et bureaux sis sur l’avenue Jean Paul II. L’après midi, après une pause de quelques minutes, je sillonne les rues ou je pointe devant des restaurants », explique-t-elle. La différence entre Juliette et les premières citées, elle n’est pas assujettie à un résultat immédiat, car elle n’est pas payée à la tâche. Elle a un cachet à la fin du mois. « Je suis payée chaque fin du mois par mon fournisseur. Le cachet n’est pas consistant, mais je m’en contente », souligne-t-elle.
8 Commentaires
Le Senegalais
En Septembre, 2012 (17:38 PM)Mdou Modou
En Septembre, 2012 (18:32 PM)Elysee
En Septembre, 2012 (01:20 AM)Par contre , je les encourage vivement a ne pas se decourager, et a s'accrocher !
Si elles perseverent , et se concentrent serieusement sur leurs etudes , tout cela , demain , ne sera qu'un lointain
souvenir !
JUST...HANG...ON...!!!...NEVER...GIVE UP....!...LADIES...!!!......Chapeau a vous ...!
Des difficultees d'aujourd 'hui , naisseront les succes et les triomphes de demain..., si seulement , vous pouvez garder intact ,votre focus et votre dignite !....WASSALAM....
Constat D'un Sénégalais
En Septembre, 2012 (02:34 AM)Da
En Septembre, 2012 (03:19 AM)Une soeur depuis l'exterieur!
Diom
En Septembre, 2012 (03:25 AM)Black Mbolo
En Septembre, 2012 (17:57 PM)Loi
En Septembre, 2012 (22:06 PM)Participer à la Discussion