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Poursuivie pour escroquerie immobilière en France de plus 500 millions de FCFA : la famille d’Assi Sarr dans les filets de la justice

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Poursuivie pour escroquerie immobilière en France de plus 500 millions de FCFA : la famille d’Assi Sarr dans les filets de la justice

C’est sans doute le scandale financier le plus important de l’histoire des émigrés sénégalais en France. Certains pensent même que le Sénégal tient son Bernard Madoff, du nom de l’escroc arrêté aux Etats-Unis pour divers montages financiers frauduleux. Mais, dans ce cas précis la mise en cause, une femme : c’est Assi Sarr Diouf. En attendant qu’elle s’explique sur la destination des fonds des émigrés collectés en vue de l’obtention de logements, l’affaire a été portée devant le tribunal de Créteil par un collectif de « victimes ».

Il y a quelques années, Assi Sarr Diouf crée une association dénommée « Paris Mboko », avec comme objectif la promotion de l’entraide et de la solidarité entre émigrés. Mais ce qui a attiré les émigrés, c’est que Mme Diouf a pris des engagements quant à la recherche de parcelles à usage d’habitation à Dakar, et la facilitation des démarches pour leur obtention. A cet effet, une coopérative d’habitat est créée, permettant ainsi aux adhérents de verser régulièrement des sommes d’argent.

Au bout d’un moment forcément, les uns et les autres se posent des questions sur la destination des fonds et surtout sur la date d’attribution effective des logements. Personne parmi les adhérents n’a eu de réponse. Se heurtant au refus de bilan, ils décident de s’attacher les services d’un avocat et de saisir la justice française.

En réalité, Mme Assi Sarr Diouf aurait mis en place un modus operandi simplissime. Les adhérents versaient les sommes d’argent par chèque, virement, mandat ou prélèvement sur le compte de l’association domicilié à la Société Générale. Sauf que c’est elle qui détient la carte bleue et le chéquier. Par conséquent, elle a pu utiliser l’argent à d’autres fins avec la complicité de sa fille, Fatou Diouf. Cette dernière a joué un rôle clé dans l’affaire.

En effet, sa mère l’a présentée aux adhérents comme étant une magistrate. Ce qui fait d’elle une caution juridique aux activités de l’association dont sa mère est présidente. En vérité, Fatou Diouf a été assistante judicaire stagiaire au cabinet du procureur de Paris. Elle s’est ensuite retrouvée au tribunal de commerce de Melun, en région parisienne, avec un poste de juriste. Les adhérents se sont alors dits : « Cette affaire, c’est du béton ». Ainsi, devant l’incapacité de livrer les logements ou de rembourser les sommes encaissées, certains décident de porter plainte en septembre 2008 au tribunal de Créteil.

C’est alors que la Brigade financière de Paris commence son enquête pour faire la lumière sur cette nébuleuse. Les investigations se sont limitées aux sommes dont les traces existent, c’est-à-dire tous les versements effectués contre reçus, mais aussi les mouvements sur les comptes bancaires. Les policiers relèvent des mouvements de fonds importants et réguliers. Entre fin 2005 et juillet 2008, 400 000 euros(260 millions de FCFA) ont été débités du compte de l’association. Selon la police, 32 000 euros(21 millions de FCFA) ont été virés à la Société Immobilière du Golf (SIG). Contactée en octobre dernier, la SIG avait confirmé que des comptes étaient ouverts chez elle, mais aucun d’eux n’était suffisamment crédité pour l’obtention d’un logement. D’ailleurs, l’un de ces comptes était au nom de Mme Assi Sarr Diouf. Entre le 3 janvier 2006 et le 27 novembre 2008, date à laquelle tous les comptes ont été bloqués pour les besoins de l’enquête, il y a eu 410 retraits et des paiements d’un montant total de 207 501 euros soit près de 135 millions de FCFA . Cette somme a servi, selon les relevés des cartes bancaires, à l’achat d’appareils électroménagers, de vêtements et de courses diverses. Par exemple, un chèque de l’association a permis de payer une voiture à 12 300 euros soit près de 8 millions de FCFA. Entendu par les policiers, Aliou Diouf, époux d’Assi Sarr Diouf et mécanicien de son état, aurait déclaré que « l’argent provenait d’une prime reçu à son travail ». Les vérifications des enquêteurs ont permis de constater que c’est bien un chèque de l’association qui a servi à payer la voiture, une Chrysler Voyager en l’occurrence. Fatou Diouf aussi a bénéficié des « largesses » de l’association. Les policiers ont relevé la somme de 9000 euros(6 millions de FCFA) en 29 versements sur son compte en provenance de celui de l’association. Explications de la mise en cause : « Il s’agit de remboursement de frais que j’ai avancés à l’association et aussi j’ai gagné à la tontine ».

Présentée au juge d’instruction après une garde à vue, elle a été mise en examen le 24 mars dernier et placé sous contrôle judiciaire. Son père, dont la responsabilité dans l’affaire n’a pas été établie, est un témoin assisté et ne devra pas quitter le territoire français.

Reste la personne centrale de cette affaire qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Assi Sarr Diouf est actuellement au Sénégal. Elle n’a donc pas pu être entendue ni par les policiers encore moins par le juge. Mais à Dakar, elle a aussi maille à partir avec la justice pour divers délits, notamment émission de chèques sans provisions et abus de confiance. En effet, le 19 septembre 2008, elle a été arrêtée, placée en garde à vue au commissariat de Dieuppeul puis déférée au parquet et placée sous mandat de dépôt au Camp pénal. Après une brève incarcération, elle a été libérée à la faveur d’une médiation pénale introduite par ses conseils Mes Pape Khaly Niang et Sidiki Kaba. Plusieurs affaires la concernant sont toujours pendantes devant les tribunaux à Dakar. Elle est sous contrôle judiciaire et ne peut donc quitter le Sénégal.

En France, on apprend que l’association Paris Mboko a été dissoute à la préfecture du Val de Marne en janvier dernier. Pour Me Khéops Lara, avocat du collectif des victimes de Paris Mboko, cela ne change rien. Il estime le préjudice à quelque 900 mille euros. En effet, plusieurs adhérents ont déclaré avoir eu la mauvaise inspiration consistant à verser des sommes d’argent en espèces et sans reçus. « Il est très difficile de faire une estimation exacte, parce que les pratiques ont été informelles dans bien des cas », constate hélas Me Lara, qui espère un jour avoir des explications d’Assi Sarr Diouf.

Joint au téléphone, Me Pape Khaly Niang a balayé d’un revers de la main les accusations portées contre sa cliente. Il a néanmoins confirmé la mise en examen de Fatou Diouf et le statut de témoin assisté d’Aliou Diouf. « Tout n’est pas clair dans cette affaire », a précisé Me Niang, qui invite par ailleurs à la prudence et à la sérénité. Pour lui, « Assi Sarr Diouf n’a pu livrer les maisons, parce que la SIG n’a pas tenu ses engagements vis-à-vis d’elle. Assi a versé de l’argent pour avoir des maisons, mais elle ne les a pas reçues et ne peut pas rembourser les sommes ». C’est pourquoi, poursuit Me Niang, « une procédure est en cours contre la SIG », dont l’avocat s’est saisi du dossier. S’agissant des sommes dépensées par Aliou Diouf et Fatou Diouf, « elles proviennent des tirages de la tontine. Ils ont gagné et ont pu disposer de leur argent », a précisé Me Niang. Enfin, pour lui, la responsabilité d’Abdou Salam Tandiang n’est pas à exclure. En effet, l’ex-secrétaire général de Paris Mboko était commercial pour la SIG et proposait des maisons quand il a adhéré à l’association. Par conséquent, « on charge trop Assi Sarr Diouf, alors qu’il y a d’autres parties prenantes qui doivent s’expliquer », ajoute Me Niang.

Au demeurant, cette affaire est loin d’être terminée. Au-delà de l’aspect purement financier, la politique pourrait compliquer davantage le dossier. En effet, Assi Sarr Diouf a pu compter sur le soutien du président de la République, avec l’ambassadeur itinérant Saër Guèye, ensuite sur celui de Karim Wade, avec Baba Wone qui l’a lui-même annoncé le 14 juin 2008 à Paris lors d’un forum de Paris Mboko et enfin sur l’appui d’Abdoulaye Baldé qui, lors de cette manifestation a dépêché une forte délégation conduite par Valdiodio Diouf, chargé de mission à la présidence. Alors, aujourd’hui peut-elle toujours compter sur ce beau monde pour se soustraire à la justice française, voire de celle de son pays ?



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