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PRÉPARATIFS DE LA FÊTE DE TABASKI A DAKAR : La conjoncture ralentit les ardeurs

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PRÉPARATIFS DE LA FÊTE DE TABASKI A DAKAR : La conjoncture ralentit les ardeurs

A près de 48 h de la fête de Tabaski, les choses ne semblent pas trop bouger dans la capitale sénégalaise. A part les points de vente de moutons que l’on peut apercevoir dans presque chaque quartier et l’affluence au niveau des marchés, la fête ne se fait pas ressentir chez les Dakarois. Pour prendre le pouls de la situation, nous avons sillonné quelques recoins de la ville.

La fête de Tabaski crée d’habitude chez les familles musulmanes une grande effervescence. Mais cette année, nous sommes loin de l’ambiance habituelle. Du moins c’est le constat fait dans la capitale sénégalaise. A quatre jours de la fête, tout semble morose à Dakar. Cette situation s’explique, selon Khady Dieng, par la conjoncture difficile. « Les temps sont durs. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire certains sacrifices pour les fêtes. L’essentiel, c’est de pouvoir acheter un mouton et de s’acquitter de son devoir de musulman », dit-elle.

Mamadou Diop abonde dans le même sens : « c’est très difficile de joindre les deux bouts. Mon souci est d’acheter avant tout mon mouton. Pour ce qui est des habits et autres astuces, je pourrai vraiment m’en passer », lance-t-il avec un air pressé. Les explications de ces Sénégalais semblent se vérifier au marché Hlm 5. Certes, il y a une grande affluence, mais la majeure partie des personnes présentes sur ces lieux n’est venue que pour le plaisir des yeux. Ils veulent bien acheter, mais les poches sont « trouées ». « Cette année, les clients n’ont pas pris d’assaut les magasins. La plupart d’entre eux font la navette, mais n’achètent rien », constate Ndèye Binta Sow, jeune commerçante de tissus. Pourtant les commerçants ont renouvelé les stocks pour appâter les acheteurs. De même, ils ont revu à la baisse le prix de certains tissus prisés par les clients pour mieux les servir. Mais ces efforts semblent vains. « Les choses ne vont pas bon train », indique le grossiste et détaillant de tissu, Thierno Sakho. « Je n’ai pas encore atteint le chiffre d’affaires de la Korité et nous sommes presque à la fête. Pourtant, il y’en a pour tous les goûts et à tous les prix », déplore Thierno Sakho. « Les acheteurs donnent souvent comme prétexte la cherté des tissus pour ne pas acheter, mais cet argument est facilement battu en brèche », renchérit Anta Faye, commerçante de tissus en tous genres qui soutient qu’à part le coût élevé du tissu dénommé « Vaidéhi », nouvellement sorti dans le marché et qui se négocie à 12.000FCfa le paquet, tous les autres tissus ont été revus à la baisse pour ne pas dire que nous sommes même en train de les brader ».

En effet, les prix de certains tissus ont chuté. Par exemple, le djiezner (tissu bazin très éclatant) qui se vendait à 1500FCfa lors de la fête de Korité se vend maintenant à 1000F. Aussi, les tissus dénommés « rafetna » et « obama » sont-ils à la portée de toutes les bourses, leurs mètres se négocient entre 700FCfa et 500FCfa. Quant aux tissus dénommés « mana », le mètre se vend à 1000FCfa au lieu de 1500FCfa. Malgré les rabais faits sur les tissus, les vendeurs guettent toujours les clients à longueur de journée.

« Nous nous attendions vraiment à faire de bons chiffres d’affaires pour la fête de Tabaski, car le problème des inondations qui avait quelque part entravé nos négoces lors de la fête de Korité ne se posait plus pour cette fête. Mais nous notons avec surprise peu d’affluence dans le marché », indique Modou Ballé Guèye. Parmi les clients présents dans le marché, la majeure partie d’entre eux ne font que des va-et-vient incessants sous prétexte d’être à la recherche d’une marchandise moins chère, alors qu’en réalité ils viennent juste assouvir leur désir visuel », explique-t-il.

Du côté des clients, les avis sont très partagés. Si pour certains la marchandise que leur propose les vendeurs est à la hauteur de leur bourse, d’autres, la majorité quasiment, par contre, trouvent que les tissus sont chers. Pour ces derniers, il y a que les tissus peu valeureux qui ne le sont pas.

Les couturiers trinquent

« La Tabaski est la plus grande fête pour les Musulmans, je trouve que c’est l’occasion pour nous de bien se saper », lance Ndèye Gaye, une jeune fille très coquette. Elle poursuit : « Pour moi s’habiller bien ne veut pas dire acheter du « rafetna » ou les voiles à 800FCfa ou 1000FCfa le mètre, mais c’est plutôt de me payer des tissus en soie, ou de la broderie high class ou encore le « penjah ». Il faut reconnaître que ces tissus se vendent à des prix exorbitants. Par exemple le paquet de soie est à 15.000FCfa, les « penjab » varient entre 14.000 et 12.000FCfa le paquet ».

Daba Aw n’est pas du même avis. Pour cette quadragénaire, seule la conjoncture explique le fait que les gens ne peuvent pas s’octroyer le plaisir d’acheter des tissus et certaines astuces pour la fête. Mais qu’en réalité les prix sont très abordables et les tissus sont très beaux. « Chaque acheteur trouve son compte au marché Hlm, car les prix varient en fonction de la qualité des tissus. Mais l’argent, devenu introuvable pour les Sénégalais, constitue la seule entrave pour la gent féminine de bien se saper », rétorque-t-elle.

La conjoncture difficile n’a pas aussi épargné les couturiers. En ces périodes, ils étaient souvent très sollicités, mais a en croire certains d’entre eux, par rapport aux années précédentes, l’affluence n’a pas été aussi grande. Selon F.G, couturière à Scat Urbam, elle n’a pas reçu beaucoup de commandes. « Cette année, il y a eu moins d’affluence. Mon chiffre d’affaires n’a pas augmenté », confie-t-elle. Elle lie cette situation à la crise économique qui sévit actuellement dans le pays. « L’argent est devenu introuvable en ces temps qui courent, en plus les délestages rendent difficile notre situation, car pour le peu de commandes que nous avons, nous rencontrons des difficultés à les livrer à temps à cause des coupures de courant », dit-elle. Même son de cloche chez les couturiers du marché Hlm. Ils sont tous contrariés par les délestages intempestifs qui ralentissent leur travail. Dans ces lieux, le ronronnement des moteurs des groupes électrogènes fait désormais partie de l’ambiance.

Pour pouvoir livrer les commandes à temps et éviter les complaintes des clients, certains couturiers se sont procurés des groupes électrogènes. D’autres, par contre, n’en disposent pas et se résignent. C’est le cas de Pa Ibrahima Ndaw, trouvé en train d’égrener son chapelet, au même moment, ses deux apprentis sont plongés dans les bras de morphée. « Depuis quelque temps, c’est ce calvaire que nous vivons, nous ne travaillons plus à temps plein. Les délestages nous empêchent de bien faire notre travail », explique le vieux Ndaw. « Nous risquons même de ne pas pouvoir livrer les commandes à temps et les clients vont en profiter pour nous traiter de tous les noms d’oiseau. C’est vraiment dur de travailler dans ce pays », fulmine-t-il.



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