Jeudi 25 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

Près de 60 millions aux organes de la mouvance présidentielle - Bakar Dia bleuit l’aide à la presse au profit de ses amis et courtisans

Single Post
Près de 60 millions aux organes de la mouvance présidentielle - Bakar Dia bleuit l’aide à la presse au profit de ses amis et courtisans

Bakar Dia, le plus fantasque et truculent ministre de la Communication que le Sénégal ait jamais eu, s’apprête à organiser une grande cérémonie, filmée par les caméras de la Rts bien sûr, pour remettre leurs chèques aux bienheureux bénéficiaires de l’aide à la presse cuvée 2006. Une aide distribuée à 101 organes de presse, qui vont des groupes solidement établis et ayant pignon sur rue, aux publications à la périodicité annuelle, voire quinquennale, aux feuilles de chou, torchons, navets et autres feuilles tout simplement inconnues au bataillon de la presse de ce pays.

Source : Le Témoin

Des journaux tout simplement confidentiels, voire virtuels. Qu’importe, l’essentiel c’est de ne pas faire de mécontents en cette année préélectorale ! Il risque d’y avoir de la bousculade à cette fête des chèques du cher Bakar, mais certainement pas du beau monde puisque la plupart des ténors de la presse ont refusé de servir de décorum et de figurants à cette farce de mauvais goût conçue à des fins de propagande à l’immense gloire du Président, et à celle, non moins pleine de fatuité, de son ministron Bakar Dia. Lequel s’est singularisé en « bleuissant » cette aide que la République généreuse octroie à la presse dans le but de lui permettre de s’acquitter de sa noble mission d’informer le peuple sénégalais. Pour cela, le législateur a édicté des critères très précis. Sur lesquels l’honorable Bakar Dia s’est assis allègrement préférant privilégier les journaux et radios « bleues », c’est-à-dire la presse du Parti démocratique sénégalais et de la présidence de la République. Il suffit d’examiner la liste que nous reproduisons pour se rendre compte à quel point les critères politiques d’appartenance à la mouvance présidentielle ont prévalu sur ceux du professionnalisme et des charges des entreprises de presse. Et alors que de tout temps une règle non écrite a toujours été appliquée qui voulait que les journaux et les radios ayant moins d’une année d’existence ne recevraient pas de subvention, toutes les radios et les journaux de la mouvance présidentielle, qui n’ont pas soufflé leur première bougie, ont eu la part du lion dans cette aide 2005.

Comme le dit un confrère, le pouvoir a repris d’une main ce qu’il a fait semblant d’offrir de l’autre. Il y a plus grave puisque, chaque année depuis 1990, année où l’aide à la presse a été distribuée pour la première fois, c’est une commission composée de représentants des éditeurs, du Synpics, de la Primature , du ministère de la Communication , du ministère des Finances etc. qui se réunissait pour procéder à la répartition de cette aide instituée par la loi n° 96-04 du 22 février 1996 relative aux organes de communication sociale et aux professions de journaliste et de technicien. Cette année n’a pas échappé à la règle puisque la même commission s’est réunie pendant six heures dans la salle de conférences du ministère de la Communication. A l’issue de sa réunion, elle avait rédigé un procès-verbal consensuel qui avait été transmis au ministre selon les voies appropriées. Et alors on a vu une chose qui n’avait jamais été observée auparavant, des ministres socialistes à leurs homologues libéraux, en particulier MM. Abdou Fall et Mamadou Diop Decroix, ce dernier ayant eu en charge le portefeuille de la Communication à deux reprises : Bakar Dia s’est enfermé avec ses conseillers pour « rectifier » le procès-verbal de la commission au motif qu’il fallait « privilégier nos amis ». Cela a donné des soustractions au détriment des journaux et groupes « ennemis » et des additions au profit des « amis » et de la presse présidentielle. A l’arrivée les « bons », c’est-à-dire les politiquement corrects, ont été récompensés et les méchants, autrement dit les subversifs, sanctionnés financièrement.

C’est ainsi qu’un journal comme Le Populaire, qui est le premier quotidien de ce pays - ou en tout cas qui se dispute cette place avec L’Observateur - reçoit moins que Le Courrier du jour, une feuille de chou qui ne tire pas à 1000 exemplaires ! Ou que Le Messager, un organe de la même veine. Ou encore Il est midi. Quant à L’Observateur, il a droit au même traitement que Le Courrier ! Agée de moins d’un an, la radio An Nour Fm du ministre Farba Senghor reçoit 7 millions de francs, tandis qu’Expresse News, appartenant au même, a droit à trois millions de francs. Au total, le groupe du ministre de l’Agriculture reçoit plus que des groupes plus anciens et ayant plus de charges comme, par exemple, le groupe Le Témoin ou le Groupe Nouvel Horizon. Mais l’injustice la plus flagrante concerne sans doute la radio Walf Fadjri Fm qui est créditée d’une somme inférieure à celle que va toucher une radio très locale comme Téranga Fm - qui n’existe que dans la bonne ville de Saint-Louis alors que la radio de Sacré-Cœur, en plus d’être la plus écoutée du pays, a plusieurs stations régionales. Explication : Téranga Fm couvre régulièrement les manifestations politiques du ministre Bakar Dia dont la base politique se trouve à Saint-Louis. Cela valait bien une récompense financière, non ? Au total, la presse « bleue » a reçu 54 millions de francs, soit le sixième de l’enveloppe distribuée. Il s’agit du Messager, d’Il est midi, Express News, An Nour Fm, Xew-Xew Fm et Xew-Xew Journal de notre ami Alex Ndiaye d’Air France, Océan Fm du transfuge Mbackiou Faye, et Sen-Info du Premier ministre Macky Sall.

Qui dit mieux ? Dans ce chiffre, nous ne comptabilisons bien sûr pas le Groupe Origines, qui appartient au producteur de cassettes El Hadj Ndiaye du Studio 2000, par ailleurs propriétaire de la Télévision 2 S TV. Une télévision qui ne faisait pas d’informations au moment de l’attribution de l’aide. Or la loi est claire sur ce point : pour prétendre bénéficier de l’aide à la presse, il faut faire des « blocs d’informations ». Bien que cette clause substantielle n’ait pas été remplie par l’ami El Hadj Ndiaye dont le cahier des charges de la télévision insistait sur le fait qu’il ne devait pas faire d’informations, il a été servi royalement. Faut-il s’étonner dans ces conditions que certains éditeurs aient décidé d’attaquer l’arrêté du ministre devant le Conseil d’Etat ? Un ministre qui s’apprête à savourer son triomphe devant les caméras. Mais puisque les élections c’est dans quelques mois et que les journalistes, les vrais, sont aussi des électeurs...



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email