Première session 2012 de la cour d’assises de Dakar : Braquages de banques, trafic de drogue, crimes de sang, cambriolages, agressions… : Les prémices d’une mafia

La première session 2012 de la Cour d’assises de Dakar démarre ce lundi 16 janvier, au palais de justice Lat-Dior.Dix-huit affaires impliquant 47 accusés sont inscrites au rôle.L’une des particularités est la pluralité des associations de malfaiteurs et organisations criminelles qui déploient leurs tentacules de manière rampante : ce sont là, les prémices d’une mafia avec ces groupes de malfrats formés par des militaires et des ex-prisonniers qui s’enrôlent dans le grand banditisme. Leurs spécialités, c’est les braquages de banques, cambriolages de magasins et agressions contre des gradés de l’Armée. Le trafic de drogue compte dans ses rangs d’insoupçonnables personnes.Aperçu de la situation.

 

ASSASSINAT DE OUSSEYNOU GUEYE EN 2007 : Gondio Guèye ouvre le feu sur le crâne de son frère

Les gendarmes de la brigade de Diamniadio ont été informés de la mort de Ousseynou Guèye le 23 janvier 2007. Gondio Guèye accusait la victime de multiples vols à son préjudice. Il n’a pas hésité à l’atteindre mortellement d’un coup de feu qui ne lui a laissé aucune chance de survie. Ce jour-là, en l’apercevant sous l’arbre à palabre, l’accusé s’est dirigé dans sa chambre pour prendre son fusil qu’il viendra pointer sur la tête de son frère afin de l’apeurer pour qu’il touche plus à ses affaires. Suite à cet incident, tous les villageois s’étaient barricadés de peur d’être pris à partie par l’’assassin’. Ce dernier parvenait à échapper à la vigilance des gendarmes à l’issue d’une course-poursuite au cours de laquelle il laissera tomber son pistolet.

 

C’est au moment où la victime invitait son frère à plus de prudence avec son arme qu’un coup de feu était parti. Gondio Guèye tirait ainsi sur son jeune frère qui est tombé aussitôt. Il a été acheminé vers trois hôpitaux avant qu’il ne décède au cours de son évacuation. L’accusé n’avait aucune intention de donner la mort à son frère, selon ses dires. Il voulait juste lui faire peur. Son comportement a été dicté par l’emprise de l’alcool. La nature de l’arme utilisée (arme à feu) et la sensibilité de la partie du corps visée (le crâne) ont écarté toute chance de survie.

 

Il ressort du dossier que Gondio Guèye a un penchant particulier pour l’alcool qui le poussait à adopter un comportement de violence envers les membres de sa famille. Gondio Guèye, 48 ans, maçon domicilié au village Déni Babacar Diop de Diamniadio chez son père, sera jugé au deuxième jour des assises, après cinq années de détention préventive.

 

MEURTRE DE KHALIFA ABABACAR SAVARE A RUFISQUE : Babacar Mbodj poignarde son ami au coeur

 

C’est suite à une altercation que Babacar Mbodj (30 ans, maçon domicilié au quartier Sant Yalla de Rufisque) avait mortellement poignardé son rival, Khalifa Ababacar Savaré, le 25 février 2007. Il lui a asséné un coup de couteau au niveau de la poitrine. Et la victime succomba à ses blessures à l’hôpital. Son seul tort a été de s’être rendu au domicile de l’accusé qui s’en prenait à son frère. La victime était un ami de longue date à Babacar Mbodj.

 

C’est suite à une dispute l’ayant opposé à son frère qu’il s’est rendu chez lui en compagnie de ses deux amis pour prendre la revanche de son frère. L’accusé brandit un couteau comme moyen de dissuasion. Malgré ce geste, la victime l’attaquera avec des coups reçus. Hélas, la riposte aura été fatale pour son protagoniste à qui il va porter un sacré coup de couteau. C’est en faisant un geste pour éviter les pierres qu’on lui lançait et la personne qui s’était ruée sur lui que le couteau atteindra Khalifa à la poitrine.

 

Les témoignages s’inscrivent en faux contre cette version des faits, livrée dans les déclarations de l’accusé. Son adversaire n’était pas armé et il n’avait pas non plus reçu aucun coup de couteau. L’ouverture du procès est prévue au cinquième jour des assises.

 

LE ‘PYROMANE’ IVRE INCENDIE LA CHAMBRE DU COUPLE KA : Le bébé de trois mois échappe aux flammes

 

C’est à son retour de travail que Amady Kâ a constaté que les rideaux de sa chambre ainsi que les murs avaient été la proie des flammes du feu allumé par leur voisin Alioune Badara Ndione qui avait introduit du papier enflammé à travers la fenêtre. Le bébé de trois mois qui se trouvait dans la chambre avait, à la suite de cet incident, été évacué dans un centre hospitalier pour des soins. Depuis lors, il draine des problèmes respiratoires du fait de la fumée qu’il avait inhalée. Les dégâts de cet ‘incendie volontaire de lieu habité’ ont été constatés par huissier et par un certificat médical.

 

Toutes les personnes entendues, dans le cadre de cette procédure comme témoins, ont chargé l’accusé en soutenant l’avoir surpris en train de mettre le feu à des papiers qu’il avait introduits dans la chambre (à travers la fenêtre) de la dame Nafi Bineta Ndoye. Alors que cette dernière y dormait avec deux de ses enfants. Elle dira même que l’accusé avait menacé de mettre le feu à toute la maison, si elle ne consentait pas à lui restituer un trop-perçu qu’elle n’avait jamais reçu.

 

Alioune Badara Ndione avance la thèse de l’incinération de déchets. Pour lui, ce sont certainement les flammes provenant d’un feu qu’il avait allumé pour détruire des ordures qui avaient malencontreusement atteint la chambre de Amady Kâ. Agé de 50 ans, ce mareyeur, domicilié au quartier Guendel 2 de Rufisque, comparaîtra au troisième jour.

 

DES MILITAIRES S’ENROLENT DANS LA CRIMINALITE : Quand Les gradés de l’Armée deviennent la cible des ‘agresseurs’

 

Le colonel de l’Armée Alassane Fall a eu la malchance de croiser le chemin de la bande à Ousmane Guèye, le chef de gang qui se trouve être un militaire en service au 12e bataillon. Les abords du stade Léopold Sédar Senghor sont le domaine de prédilection privilégié de ces ‘agresseurs’ qui y mènent de violents actes de banditisme. C’est dans cet endroit qu’ils ont cassé le pare-brise de son véhicule avant de soustraire violemment les effets de son épouse. Heureusement, il a pu récupérer le sac volé avec l’aide du brigadier Grégoire Natarang. Ce dernier a aussi été victime de l’expédition punitive de ces ‘malfaiteurs’. Il a été blessé par deux coups de couteau, reçus durant son intervention. Le policier Daouda Diop, témoin oculaire des faits, a participé à l’arrestation des accusés. Les dames Marième Barry, Ami Collé Diop, Khady Fall et Seynabou Ndiaye ont aussi été victimes de la furie criminelle des accusés, sur les mêmes lieux. Ces accusés seront jugés jeudi prochain.

 

L’autre groupe d’agresseurs constitué de Assane Yabaré ‘Assane Sadio’, Mama Diagne, Alassane Guèye ‘Boye Poulo’ et du Guinéen Amadou Barry (22 ans) vont ouvrir le bal. Ils seront jugés au premier jour de la Cour d’assises. Ces derniers se seraient rendus coupables d’avoir agressé le médecin colonel des Eaux et Forêts à Hann maristes, Cheikh Dieng, et le chauffeur de taxi Mamadou Gaye. Les faits ont eu lieu en avril 2007 à Médina Gounass.

 

BRAQUAGE A L’AGENCE WESTERN UNION DE DIAMALAYE : L’opération foirée de quatre Nigérians

 

Le 16 mai 2008, quatre Nigérians entrent dans l’agence Western Union de Diamalaye pour y perpétrer un braquage. Ikenga Martins Obiolor, meneur de l’opération, s’y était rendu en compagnie de ses compatriotes pour recevoir de l’argent en provenance de sa famille, basée au Bénin. Sur place, la caissière leur fait savoir qu’ils doivent repasser dans l’après-midi, parce que la vitesse de la connexion ne permettait pas le traitement rapide de l’opération.

 

Décidés à percevoir l’argent, ils se sont alors concertés pour dévaliser l’agence. L’un immobilise le vigile pendant que l’autre intime l’ordre à la caissière de lui remettre le contenu de la caisse, sous la menace d’un pistolet. Devant la résistance de la caissière, il enjambe le verre protecteur et s’empare de 309 mille francs qui traînaient sur le comptoir. Le vigile parvient à se défaire de l’étreinte des trois assaillants et arrive même à désarmer l’un d’eux.

 

Devant cette situation et face aux appels au secours, lancés par la caissière, les malfaiteurs prennent la fuite. Mais, ils seront poursuivis par les chauffeurs de taxi urbains stationnés dehors et les passants qui réussissent à appréhender trois d’entre eux.

 

CAMBRIOLAGE DE MAGASINS A DAKAR-VILLE : La Chinoise Yu Xiuping, la cible des malfrats de Médina

 

Le cerveau de la bande Pape Moussa Diagne et ses lieutenants Abdou Karim Sow, Abdoulaye Ndiaye ‘Vieux’ et Boubacar Diouf forment un groupe d’amis résidant dans le même quartier à la Médina. Ils sont accusés d’avoir cambriolé le magasin de la Chinoise Yu Xiuping, le 11 décembre 2008.

 

Ils étaient dix hommes armés à défoncer les portes du magasin à l’aide d’armes blanches avant de s’emparer d’une trentaine de cartons contenant des chaussures. Ayant pris peur, elle s’est enfermée au premier étage jusqu’au départ des malfaiteurs. Ces accusés comparaîtront à la fin de la première semaine, après quatre ans de détention sans jugement.

 

AGRESSION DE LA FRANCAISE CHANTAL PIMPERNELLE EN 2008 : Des accusés rompus au banditisme

 

Boubacar Bâ et Souleymane Djiba sont des personnes connues des services de police de leurs localités, parce qu’immergées dans la criminalité depuis leur jeune âge. Leur dessin criminel ressort de leur comportement dicté par l’emprise de l’alcool. Ils préparent et exécutent leur projet criminel par des violences exercées sur les personnes pour les dépouiller de leurs biens. Enfin, Ils vivent dans des familles très modestes qui n’ont pu leur assurer une bonne éducation. L’alcool, c’est leur péché mignon.

 

Ils ont mûri leur plan en se rendant au niveau des feux optiques du canal 4 de Fass pour attendre une cible. Ils sont tombés sur la Française Chantal Pimpernelle et son chauffeur. Ils ont agressé la dame qui a eu de graves blessures le 29 septembre 2007. Son sac contenant une importante somme d’argent, des bijoux en or, deux téléphones portables et des documents administratifs, a été emporté.

 

Après partage du butin, chacun a reçu un million 500 mille francs. Djiba sera en fuite en Gambie à l’arrestation de son acolyte. L’affaire a été portée à la connaissance des autorités judiciaires par le vice-consul de l’ambassade de France à Dakar. Ce procès s’ouvre au deuxième jour de la Cour d’assises.

 

TRAFIC INTERNATIONAL DE COCAINE : Espagnoles, Hollandaises et Sud-africaines au banc des accusés

 

Les Espagnols Mario Martinez Palarez et Rosario Jimenez ont été arrêtés à leur descente d’avion en provenance du Brésil, le 16 juillet 2009. Ils ont été pris avec 11 mille 460 grammes de cocaïne répartis en 12 paquets et dissimulés dans trois valises enregistrées au nom Mario Martinez Palarez, 26 ans, serveur de bar en chômage de passage à Dakar. Rosario Jimenez (38 ans) soutient avoir été trompée par un individu rencontré au Brésil qui lui avait cédé à bon marché trois mallettes contenant des habits. Cela pour signifier qu’elle ignorait la présence du produit prohibé dans les bagages. Ils seront jugés à l’avant-dernier jour des assises.

 

La Hollandaise Monica Pina, la Guinéenne Haoulatou Amira Sow et trois Nigérians seront jugés au début de la deuxième semaine. La première âgée de 50 ans a été prise avec six grammes de cocaïne. Le Tchèque Frantisek Vospil, cuisinier de passage de Dakar âgé de 26 ans, a été interpellé avec en sa possession une importante quantité de drogue dure estimée à 369 millions de francs. Il avait quitté son pays pour des vacances au Brésil et avait décidé au moment de rentrer de venir au Sénégal. Il sera jugé à la fin de la première semaine.

 

Les Sud-africaines Paulina Makalgé et Puseletso Emelda seront au prétoire au début de la deuxième semaine. Elles ont été prises à l’aéroport Léopold Sédar Senghor avec respectivement 456 et 864 grammes de cocaïne. C’est à la faveur d’un test urinaire que la présence de la drogue ingurgitée a été décelée. Et suite à l’administration d’un produit laxatif, ils ont fini par expulser les boulettes de cocaïne.

 

Les Nigérians Chidiebere Anazode et Chukwuéméka Celestine ont été pris avec 67 boulettes de cocaïne qu’ils avaient ingurgitées, suite à un contrôle par ciblage des passagers d’un vol de la compagnie aérienne du Mali en provenance de Conakry. Leur procès s’ouvre le 23 janvier.

 

ILS SONT DECEDES AU COURS DE L’INSTRUCTION : Deux accusés échappent à la justice des hommes

 

Mouhamed Bâ est décédé en cours de procédure. Il est accusé d’avoir participé, avec Boubacar Bâ et Souleymane Djiba, à l’agression contre la Française Chantal Pimpernelle, le 29 septembre 2007. Le Nigérian Chibuza Nick Uzendu est décédé de mort naturelle le 20 novembre 2007, après six mois d’incarcération. Il avait participé à un braquage perpétré à l’agence Western Union de Diamalaye, le 16 mai 2007, en compagnie de ses acolytes Nigérians qui seront jugés mercredi prochain. L’action publique est déclarée éteinte à leur égard, pour cause de décès.