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PREPARATIFS DE LA RENTREE SCOLAIRE - La ruée vers les « librairies par terre »

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PREPARATIFS DE LA RENTREE SCOLAIRE - La ruée vers les « librairies par terre »

La rentrée des classes, qui intervient en plein Ramadan, chamboule certains projets de parents d’élèves. Nombreux sont ceux qui préfèrent aujourd’hui, compte tenu des difficultés financières, avec en toile de fond, la cherté des produits, se tourner vers les « librairies par terre », véritables librairies de la demande sociale, pour l’achat des fournitures des élèves. Toutefois, certains sont abusés par ces bouquinistes ou libraires par-terre qui n’hésitent pas, face à la forte demande, d’augmenter les prix. Reportage.

Jeudi 28 septembre, en ces heures de fin de matinée, la fatigue est la première chose qui se voit sur les visages crispés des vendeurs et des acheteurs. Les trottoirs de l’avenue Blaise Diagne, le marché Sandaga et ses agglomérations, sont occupés au centimètre près.
En cette veille de rentrée des classes, les bouquinistes ont transformé les trottoirs en « librairies par terre » . Les piétons qui ne disposent même plus d’espace pour marcher, se faufilent entre les voitures créant ainsi un désordre indescriptible. A ces difficultés de mobilité vient se greffer la chaleur d’étuve. Les parents d’élèves n’ont pas le choix, ils sont souvent obligés de faire plusieurs étales, à la recherche des fournitures aux prix abordables. Souvent, les premiers échanges entre acheteurs et vendeurs ressemblent fort bien à un dialogue de sourds, les premiers pensant que les prix sont élevés, les seconds estimant qu’ils sont à la portée de toutes les bourses. Seulement la surenchère érigée en mode de transaction, explique la prudence des acheteurs.

Septembre noir : le mois de toutes les dépenses

Pour certains bouquinistes, comme Talla khouma qui étale ses marchandises sur les trottoirs de l’avenue Blaise Diagne, ce n’est pas encore les bonnes affaires. « C’est à peine si on voit des clients, on en voit que quelques-uns et dès fois, on rentre bredouille sans vendre quoique se soit. Pourtant, nous ne vendons pas cher du tout, peut être que les parents d’élèves n’ont pas encore perçu leur argent. Mais une chose est sûre, ce que nous vendons est beaucoup moins cher que les librairies et c’est à peu prés la même. Donc, je pense qu’acheter chez nous est plus bénéfique pour les parents », avance-t-il. Son voisin, Sanou Sow, vendeur de livres d’occasion, déclare : « On sent que le mois de Ramadan a affecté la bonne marche des affaires, c’est pourquoi les clients sont presque rares. Certains viennent pour demander seulement les prix, d’autres viennent pour acheter, mais discutent largement des prix. Les ouvrages les plus demandés sont ceux que les élèves de l’école primaire utilisent. C’est la raison pour laquelle quand on se rend dans les foires pour acheter des livres, on vise les plus neufs pour en tirer bénéfice, en les revendant ». Et d’ajouter, avec un éclat de rire : « les parents payent un bon prix que quand le produit est neuf ou assez présentable ».

Des acheteurs souvent abusés

Mamadou Diallo, parent d’élève de passage au Sénégal, fait le tour des grandes librairies et les librairies par terre pour voir la différence des prix avant de faire ses achats. « Il faut reconnaître que les livres sont extrêmement chers, je ne vais pas dire qu’ils ne sont pas à notre portée, mais si le système éducatif nous l’impose, on n’y peut rien. Les livres au niveau des librairies par terre sont plus abordables, mais des fois, les vendeurs exagèrent sur les prix. Par exemple, un livre qui coûte à la librairie 2000f, si tu viens au marché tu peux l’avoir à 1000f ou 5000f, c’est ça le danger que l’on court. Ce qui nous fait perdre un peu la tête, personne ne sait plus où acheter » souligne M. Diallo, avant de souligner que « le mois de Ramadan affecte notre bourse parce que c’est un mois de dépenses pour les musulmans ».

Les librairies de la demande sociale

Il est 13h au marché de Sandaga. Sous les rayons chauds du soleil, et avec dans les oreilles, le bruit qui s’échappe des haut-parleurs, des baffles et des mégaphones, Khady Bâ, parent d’élève, accompagnée de sa petite fille, marche nonchalamment avec la sueur au front. « J’habite Ouakam, et je suis ici pour faire les achats de fournitures scolaires pour ma fille. Je trouve que les librairies par terre sont beaucoup moins chères et j’en profite, surtout que l’on est dans le mois de Ramadan qui demande beaucoup de frais. J’ai acheté des cahiers et des livres qui m’ont coûtés au total 5000f, alors que si c’était dans les librairies, j’en suis au moins certaine que ça m’aurait coûté dans les 12 000f, 15 000f ». A peine, a-t-elle terminé les explications, que sa fille, Rosalia Sarr, élève à Anne Marie Javoué montre à sa mère du doigt le type de sac qu’elle voudrait. « C’est ce type de sac qui est en vogue et je le veux, maman ». N’allez surtout pas demander à la petite de vous dire le pourquoi de son choix, vous serez frappés par son raisonnement : « C’est mon choix parce que premièrement, ce sac est très joli, deuxièmement il n’est pas trop grand et troisièmement je ferais partie des premières qui l’auront », dit-elle avec assurance. El Hadji Cissé, un marchand ambulant, montre les nouveautés (les sacs à dos et les sacs à mains) : « je les vends à 2000f, à 4000f, c’est vraiment abordable. Nous n’avons presque pas de problème, on s’en sort bien sauf que les policiers ne nous lâchent pas d’une semelle. Ils nous poursuivent tout au long de la journée et dès fois finissent par confisquer nos bagages. Pour les récupérer, il faut obligatoirement leur donner au moins 3000f en fin de journée ».

Ils chantent, les parents d’élèves pleurent

Si, pour les libraires par terre, les affaires ne marchent en dents de scie, les grandes librairies elles, ne se plaignent pas du tout. « La clientèle se bouscule vraiment ici dans notre librairie, surtout celle qui s’intéresse au programme français. Bien vrai qu’il n’y a pas de quoi se plaindre, mais les rayons scolaires des programmes sénégalais ne font, pour l’heure, l’objet d’attraction. Peut-être que cela s’explique par le fait que les que les Sénégalais ont l’habitude d’attendre les cinq dernières minutes pour venir faire leurs achats. Pour moment, ils ne viennent que pour demander les prix. Certains parents ont de plus en plus tendance à aller vers les marchés pour faire leurs courses scolaires, parce qu’ils pensent que les prix sont hors de portée, or ce n’est pas le cas, nos prix sont vraiment à la portée de toute les bourses », déclare cheikh Mbacké Diène, le responsable du rayon scolaire dans une librairie de la place. Il ajoute que « les vendeurs des librairies par terre viennent, la plupart du temps, chez pour s’approvisionner, ensuite ils enlèvent nos étiquettes pour leurrer les parents d’élèves et les vendent plus chers». Alioune Diouf, responsable de la papeterie, abonde dans le même sens : « nos cahiers ne coûtent pas cher, celui de 100 pages est vendu à 350f, les 50 pages à 250f, les 32 pages à 200f, les 200 pages à 650f et les 300 pages à 2000 F. Une chose est sûre, si vous voyez que l’on vend nos cahiers à des prix pareils, c’est parce qu’on les importe tous, à part les cahiers de travaux pratiques 17/22 qui sont fabriqués ici chez nous. Pour tout vous dire les affaires marchent à merveille chez nous ».
Chez les librairies par terre, le cahier de 100 pages est à 225f, contre 350 F dans certaines grandes librairies, les 200 pages à 450f contre 650 F chez les libraires.

 



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