Procès des filles de Claudel : Un réquisitoire préservatif pour les étudiantes - André, le Pivot de l’équipe risque 3 ans ferme

Lors de son réquisitoire, le procureur a affirmé qu’il «serait prématuré de parler de prostitution» dans cette affaire où les 8 étudiantes sont poursuivies en même temps que leurs recruteurs. Mais, pour lui, «il y a eu effectivement incitation à la débauche de la part de André Pivot».

Pendant plusieurs minutes, le procureur s’est exprimé sur les cas des étudiantes poursuivies pour complicité de proxénétisme et qui, depuis lundi dernier, sont incarcérées au Camp pénal de Liberté VI. En effet, le procureur soutient mordicus qu’il ne poursuit pas ces prévenues pour proxénétisme car, selon lui, il serait prématuré de parler de prostitution, qui plus est, il réfute la thèse selon laquelle il y a eu collecte frauduleuse de données.
Par ailleurs, le principal mis en cause, en l’occurrence le Français André Pivot, patron de l’agence Afrik-Annonces, a été déclaré coupable par le représentant du Parquet pour incitation à la débauche. En outre, la validité de sa carte d’identité a expiré. Pourquoi l’accuser d’incitation à la débauche ? Parce que «M. Pivot excite et facilite la débauche. Car, des demoiselles posent comme des mannequins», affirme le procureur qui soutient aussi que «la plastique» de ces filles est mise en valeur, «vendue en quelque sorte sur le Net».
Toutefois, le procureur a jaugé ces étudiantes en disant qu’«elles sont intelligentes car leur discours à la barre prouve que c’est une partie de l’élite du Sénégal qu’elles représentent». En fait, ces filles sont des étudiantes allant de la 2e à la 5e année d’études supérieures et, la plus jeune d’entre elles est née en 1985. Pour finir son réquisitoire, le procureur est d’avis que les étudiantes ne sont pas coupables de prostitution. Il considère, par contre, M. Pivot et son chauffeur Pape Momar Mbengue comme des coupables. Aussi a-t-il requis une peine de 2 mois ferme de prison pour séjour irrégulier et 3 ans ferme pour incitation à la débauche contre le Français André Pivot et 6 mois avec sursis contre son chauffeur et le reste de la bande pour les chefs d’inculpation de complicité de proxénétisme, d’incitation à la débauche et de collecte frauduleuse de données.
Des accusations que les avocats de la défense ont rejetées, aussitôt après avoir pris la parole. Très en verve, ils ont plaidé pour leurs clients à voix haute et aiguë parfois, faisant les cents pas et se référant de temps à autre au Code pénal. Ce que Me Sambou et ses confrères expliquent au président du Tribunal des flagrants délits, c’est qu’il n’a jamais été question de prostitution ni de proxénétisme, entre autres. Et que, pour eux, cette affaire n’a pas lieu d’être et ne mérite pas toute l’ampleur que lui ont donné «la Police et les journalistes». Leur justification repose sur le fait que, pour les conseils des prévenus, «les filles ont répondu à une annonce d’offre d’emploi et ont déposé leur Curriculum vitae. Le travail qui les attendait était de promouvoir un site de rencontres et elles ont été envoyées sur le terrain pour faire connaître le site aux populations».
Lors de leurs plaidoiries, les avocats se sont quasiment acharnés sur le procureur en lui faisant savoir qu’il existe des cas pires que celui-ci et qui sont vécus quotidiennement. Ils faisaient allusion aux canaux roses, aux sites pornographiques que les enfants mineurs consultent tous les jours dans les cybercafés, entre autres. Et un des avocats de dire au président que ce dossier «c’est du toc et qu’il n’est pas important pour lui car, il n’y a rien de grave».
Pour conclure, les avocats de la défense ont demandé «respectueusement» au président, la relaxe pure et simple de leurs clients.
L’affaire est mise en délibéré jusqu’à demain vendredi 20 mars.