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[ Entretien ] Professeur M. Lamine Sagna, Sociologue et président du Conseil exécutif de Re-Source/Sununet « Un de nos objectifs est de créer une banque de la diaspora »

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[ Entretien ] Professeur M. Lamine Sagna, Sociologue et président du Conseil exécutif de Re-Source/Sununet « Un de nos objectifs est de créer une banque de la diaspora »

Les Sénégalais de la diaspora regroupés au sein de l’association, Re-Source Sununet, organiseront à la fin juillet, leur deuxième Home coming (retour aux sources), à Dakar. Dans cet entretien, le président du Conseil exécutif de Re-Source/ Sununet, M. Mahamadou Lamine Sagna, évoque les préparatifs, les différentes communications au programme, et les particularités de cette deuxième édition du Home coming des Sénégalais de la diaspora. Parlant des nouveautés, M. Sagna, enseignant-chercheur à l’Université de Princeton, aux Etats-Unis, a donné d’amples informations sur la banque que son organisation s’apprête à mettre en place, pour remédier à sa  manière, aux effets drastiques de la crise financière internationale.  Cette deuxième rencontre qui fait suite à celle de l’été 2007, a pour thème principal « Diaspora et développement ». 

Du 25 juillet au 1er aout 2009, aura lieu à Dakar la deuxième édition du Home coming ou Retour aux sources de la Diaspora sénégalaise. Quelles sont les particularités de cette édition par rapport à la première?

Lors de la première édition de ce « home Coming » / Retour Aux Sources qui a eu lieu en 2007, certaines propositions faites par les membres se sont traduites par la suite en projets concrets. Nous avons également donné nos prix de citoyenneté à de grandes personnalités comme M. Amadou Mahtar Mbow (Président d’honneur de notre association), M. Cheikh Hamidou Kane (écrivain, conseiller de notre association), M.Ousmane Sow, artiste/sculpteur, Mme Awa Marie Coll-Seck (Médecin/Roll Back Malaria, conseillère de notre association), le Juge Feu Kéba Mbaye, le cinéaste Ousmane Sembène, les musiciens Touté Kunda et Youssou Ndour, et des humanitaires comme le docteur Alioune Blondin Diop (Médecins d’Afrique) et Al Ousseynou Ba (Michigan), etc. Cette année aussi nous donnerons des prix et médailles à d’autres personnalités importantes de la scène nationale et internationale, diplomatique et culturelle sénégalaise.

Nous allons également faire de ce « retour aux sources » collectif au Sénégal une occasion pour nous retrouver « en famille », discuter, organiser, proposer, agir, et affirmer notre citoyenneté, mais aussi montrer de façon concrète nos contributions au développement économique et social ainsi qu’à l’harmonie interne de notre pays. Ainsi par exemple, après avoir travaillé deux ans sur les projets, le moment est venu de présenter les résultats de recherches effectuées par nos membres, ingénieurs de très haut niveau, qui ont élaboré un système d’information en matière de santé publique. Nous allons également montrer l’état d’avancement de la création d’une banque de la diaspora. De même, nous proposerons à nos compatriotes la façon dont ils peuvent tirer profit de nos expériences individuelles et collectives pour repartir à la conquête du monde et contribuer au rayonnement international du Sénégal et de l’Afrique. 

Sentez-vous un engouement de la part des Sénégalais de la diaspora dans la préparation de ces rencontres?

Oui, il ya un engouement réel, surtout de la part des Sénégalais vivant aux USA. C’est peut-être l’effet Obama. Car comme vous le savez, le 20 Janvier 2009 une page s’est fermée dans l’histoire politique des USA, mais un nouveau chapitre s’ouvre en ce qui concerne le volontariat. Car, l’histoire du président Obama, ce n’est pas simplement celle qui concerne le franchissement du Color line comme dirait W.E.B Dubois, mais c’est aussi le résultat que le volontariat ou le travail communautaire peut produire comme personnage. Vu que les Sénégalais vivant aux Etats-Unis sont aussi influencés par leur environnement, c’est peut-être la raison pour laquelle on note autant d’engouement chez eux. Cela étant, d’autres Sénégalais vivant au Canada, en Asie, en Europe, et dans d’autres pays africains se sont aussi manifestés en masse pour participer à cette seconde édition du home coming.  

Le thème de cette seconde édition est « Diaspora et Développement ». Qu’est-ce qui justifie le choix de cette thématique ?

Aujourd’hui avec la crise financière, la question du développement est plus que jamais d’actualité. Il se trouve que les sociétés, les banques communautaires par exemple ont été les moins touchées par la crise financière. Le thème Diaspora et Développement peut être donc un bon canevas, non seulement pour penser le développement mais aussi pour donner des orientations claires qui peuvent se traduire dans des actions concrètes. Le thème se déclinera sous plusieurs formes, expériences migratoires et possibilités pour le Sénégal, fond d’investissements, nos ressources scientifiques et technologiques, nos réseaux professionnels, etc.. En fait, il s’agira de discuter de la mobilisation et l’allocation des ressources de la diaspora au service du développement du Sénégal. Un de nos objectifs est de créer une banque de la diaspora. 

Qu’est-ce qui motive la décision de créer une banque de la diaspora?

Comme vous le savez, notre idéal est de mettre à la disposition des Sénégalais et du Sénégal, les ressources de notre Diaspora, car nous souhaitons que notre pays et notre continent puissent disposer des moyens de leurs ambitions. Ainsi l’image du Sénégal, pays de solidarité et d’entrepreneuriat sera renforcée.

Pour y parvenir, nous avons convié tous les Sénégalais et amis de notre pays à s’associer à nous dans la création d’une banque puis des fonds d’investissement. Nous incitons les uns et les autres  à accepter d’associer leur intérêt individuel à celui de notre communauté nationale pour  une harmonie au sein du pays. C’est le seul moyen de garantir une autonomie financière et économique pour que notre rêve de voir tous les enfants du Sénégal manger à leur faim et s’épanouir dans un environnement social, économique, culturel et écologique  favorable, puisse se réaliser. Ainsi nous disons, si on croit au développement il faut le désirer et croire que c’est possible, sinon on ne fait rien ou du moins on fait du surplace.

Quelle forme concrète prendra la banque de la diaspora ?  
 
En fait cette banque sera sous la forme d’un Credit Union à l’américaine. Dans un Credit Union, les clients quelle que soit la somme d’argent déposée, sont des membres, des actionnaires. On peut y effectuer toutes les opérations bancaires. Tous les immigrés sénégalais, qu’ils soient légaux ou pas dans leur pays de résidence peuvent être membres et bénéficier de tous les services offerts par l’institution bancaire. Dans le processus de création de cette banque, une lettre de mission a été destinée aux membres experts. Il s’agit pour eux de circonscrire les tâches des uns et des autres. En premier lieu, il leur revient d’articuler les liens organiques entre la banque des Sénégalais de la diaspora et notre association. Un aspect important dans la mesure où, Re-Source Sununet est à l’origine de la création de cette banque mais la porte avec d’autres Sénégalais qui ne sont pas membres. L’autre point de la lettre de mission est une demande faite au groupe de réfléchir sur les questions de structuration géographique et financière – vu que Re-Source Sununet a vocation à se déployer partout où des Sénégalais et des amis du Sénégal vivent. Dans cette optique, le groupe de travail en relation avec d’autres personnes-ressources de la diaspora sénégalaise et des amis de l’Afrique, doit trouver dans les pays où notre banque devra s’établir la meilleure structuration efficiente à adopter pour une prise en compte de cette dimension. Ce groupe de travail a pour mission d’aider également à mieux circonscrire et faire des propositions concrètes. 

Où en sont aujourd’hui les experts dans leurs travaux?

Au jour d’aujourd’hui, nos membres experts ont déjà établi un cahier de charge exhaustif et ambitieux, mais aussi réaliste. Ils ont montré comment à partir de nos recommandations (investissement ayant une dimension de responsabilité sociale et citoyenne) il est possible d’avoir une banque fiable et viable, financièrement et économiquement pour tous les Sénégalais. Dans leurs réflexions, ils ne perdent pas de vue la valeur ajoutée sociale que pourrait avoir la banque de la diaspora.

Aux Etats-Unis, en plus des banques américaines connues, il existe des institutions sénégalaises comme la Banque de l’Habitat du Sénégal. Certains pourraient se demander, pourquoi prendre le risque de détenir une part dans votre banque ?

La Banque de l’Habitat du Sénégal (Bhs) n’a que des clients, et dans notre banque (le Credit Union) les clients auront en même temps le double statut de propriétaire et d’actionnaire. Par ailleurs, avec la Bhs aux Etats-Unis, à ma connaissance, le client n’a pas la possibilité de faire des opérations bancaires autres que du transfert d’argent. En plus, la Bhs vous prête au taux du Sénégal pour la construction de votre maison, bien que les taux proposés par les banques américaines pour les mêmes besoins, soient beaucoup plus bas. Dans toutes les banques il y a des risques. D’ailleurs, ce sont dans les plus grandes banques américaines qu’il y a eu des faillites ces derniers mois. Donc il y a toujours des risques en matière de banque, seulement il faut se prémunir des risques avec les plus sérieuses précautions que la loi et les règlements envisagent. Etre membre de notre Credit Union c’est aussi d’une certaine façon être membre d’une banque américaine. Ce Credit Union opère sous la législation américaine et est obligé de respecter les lois et les règlements américains. En plus, le staff de notre future institution bancaire sera composé de banquiers confirmés qui ont déjà fait leur preuve dans les plus grandes banques américaines et du monde.  

Quelles sont les garanties que vous donnez aux éventuels actionnaires du Credit Union qui est en création par le Re-Source Sununet ? 
 
En dehors des organes de contrôle de l’Etat Fédéral Américain, il est prévu d’autres organes de contrôle : le Conseil d’Administration, le Conseil d’Orientation et de Surveillance et l’Assemblée Générale. Nous allons aussi proposer les modes et voies d’élection et de désignation de ces membres. Mais, de façon générale, le choix se fera sur les bases suivantes : engagements dans la création et représentativité (nombre de signatures levées), compétence technique (financières), dépôts d’argent, et motivation individuelle et communautaire à savoir l’engagement pour servir les autres et surtout pour l’unité des sénégalais dans cette entreprise. 
 
 
Vous laissez entendre qu’il faudrait avoir la carte de membre de Re-Source Sununet pour participer à ce Crédit Union. Pourquoi cette restriction ?  
Pour créer un Credit Union, il faudra que cela se fasse sur une base associative. Il se trouve que Re-source Sununet avait depuis très longtemps ce projet et en plus, c’est une organisation qui permettra non seulement aux Sénégalais vivant aux USA, mais aussi à tous les autres Sénégalais vivant dans d’autres pays de pouvoir y participer. Re-Source Sununet est la plus large structure associative de Sénégalais à l’étranger. Appartenir à Sununet n’exclut pas d’appartenir à une autre structure. Donc vous pourrez toujours rester dans votre organisation et être membre du Credit Union en prenant aussi une adhésion à Sununet.  

A l’exemple de la première édition, des universitaires sénégalais de la diaspora et étrangers seraient-ils à Dakar pour présenter des communications?

Oui, il y aura beaucoup d’universitaires, surtout des scientifiques cette fois-ci. Il y aura même d’autres universitaires africains et étrangers. Nous souhaitons même nous rendre en Gambie ensemble avec la plupart de ces universitaires.

Pouvez-vous nous donner quelques noms, et les titres phares de leurs communications ?

Oh ! ils sont nombreux. Il y aura des inventeurs, des ingénieurs, des universitaires étrangers et sénégalais très peu connus dans notre pays. Par exemple, mes collègues de Princeton, les professeurs Cornel West (Obama, entre l’Imaginaire et le Symbolique) et Wole Sobeyejo (Sciences, Technologie et l’Afrique : présentations de quelques résultats) – Je dois vous dire que cette dernière présentation sera l’une des plus intéressantes. Car, à l’initiative de Princeton et de Mr Soboyejo, il y a eu des inventions extraordinaires concernant l’Afrique. Par exemple la création d’un vélo en bambou. Il est aussi en train de travailler sur la conception d’une voiture en bambou, sans compter ce qu’il fait dans le domaine médical. Le président de Africare, Julius Coles– la plus grande organisation américaine intervenant en Afrique, sera aussi présent. Il y aura également Dr Awa Coll-Seck qui parlera des capitaux humains et des stratégies en politique de santé. D’autres personnalités fortement pressenties comme Roland Colin (Sénégal. Regard d’un étranger), Souleymane Bachir Diagne (comment philosopher en Islam au Sénégal), Boubacar Boris Diop  (Ecriture et Voyages).

Pour votre prochaine rencontre à Dakar, outre les communications et les ateliers, prévoyez-vous des activités sur le terrain auprès des populations pour répondre à un des objectifs de votre organisation qui est de contribuer à la solidarité nationale?

Oui, nous avons un projet pilote avec le Centre Jacques Chirac qui s’occupe de l’orientation et de la réinsertion des hommes. Nous allons travailler avec eux et recueillir leurs enseignements, afin de faire une meilleure orientation de nos ressources. Nous avons aussi demandé à nos membres de passer une partie de leur séjour dans un village dans du Sénégal. Car, nous croyons que l’un des drames de la jeunesse du Sénégal c’est de ne pas être sorti du microcosme dakarois. Il y a beaucoup de Sénégalais de la diaspora qui connaissent mieux nos pays d’accueil que le Sénégal. Ce qui à mon avis est très problématique... En ce qui me concerne, quand je viens au Sénégal, j’essaie de prendre une partie de mon temps de séjour pour découvrir un village, une région. Cette visite sur le terrain nous permettra de mieux nous imprégner de la réalité et de pouvoir faire dans le futur, une meilleure orientation de nos ressources. 

Entretien réalisé par Anoumou AMEKUDJI

New York-U.S.A



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