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PROFIL - Barthélémy Dias, coordinateur de Convergence socialiste : Ça jase !

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PROFIL - Barthélémy Dias, coordinateur de Convergence socialiste : Ça jase !

Il a tout de son père : la verve, la virulence et l’opposition au régime de Wade. Mais il n’aime pas être comparé à lui. A trente ans, il a préféré la case socialiste au Bcg de son père. Ce qui ne l’empêche pas d’être un fervent défenseur de papa.

Fils unique, à trente ans, Barthélémy est père de deux enfants nés d’une mère noire américaine. Derrière ses lunettes noires qui font penser à la Cosa Nostra italienne, une photocopie conforme de son père. Ils se ressemblent trop. Du moins physiquement. Les mêmes traits de visage, un front prolongé sur des cheveux dont l’éclat prend de l’ampleur grâce au teint clair de la peau. Un nez identique au papa, un peu épaté avec des trous visibles de loin et qui forment le chiffre trois. Des lèvres épaisses retirées sur les joues et à l’épaisseur aggravée par un sourire presque éternel, le tout entourant une moustache en «O», comme un bon «thiof» de son époque. Barthélémy Dias jouit de sa jeunesse. Il n’est pas de grande taille même si sa grosse tête est largement noyée dans une corpulence rigoureuse capable de faire flipper quelque jeune fille en quête de mec. Surtout que la nuit, il aime les rendez-vous de Dakar by night en compagnie de ses amis. Bon viveur comme la plupart des jeunes de la Sicap Baobab, il aimait, dans son adolescence, semer «le bordel» dans les dancing, se souvient un compagnon d’enfance. Ses amis sont fascinés par sa grande générosité et le grand amour qu’il voue à ses parents. Pour papa et maman, il est prêt à affronter l’Etat. Comme son père promet l’enfer à qui touchera à son fils. Entre Dias père et Dias fils, la seule différence réside dans le prénom.

Barthélémy, pour chaque affaire ou presque, enfonce le clou. Il aime attiser le feu. Son verbe est fracassant. Dans l’affaire en cours mettant sa famille au-devant de la scène, il est la source du tumulte : le père en détention dans les locaux de la Division des investigations criminelles (Dic), la mère blessée lors de l’intervention musclée de la police dans la demeure familiale, la maison saccagée. Il est celui par qui arrive le scandale. Il se braque sur le président de la République en toutes circonstances pour dire l’innommable. C’est que, le bonhomme ignore ou feint d’ignorer tout de la bienséance du Sénégalais lambda qui veut «qu’on laisse Gorgui faire son travail» et fait fi de la morale populaire qui met le «Vieux» hors portée de critique. «Mag ken douko khass». Barthélémy ne s’emprisonne pas dans toutes ces considérations socio-culturelles. Son avis, c’est sa conviction. Et il le dit haut et fort. Sans mettre de gants, préférant toujours le mot qui blesse, qui tue. Le tout dans un style sans image et un langage direct dépourvu de formule diplomatique, comme seuls les Dias savent le faire. «C’est le genre de mec qui appelle chat par chat», commente son ami d’enfance, Malick Seck. Mais lui rectifie et parle «de bonne éducation».

En effet, dans le privé catholique où il a fait ses études primaires et une partie du secondaire, mais aussi dans les rues de la capitale, le bonhomme a forgé et figé son caractère, caractéristique de ces jeunes «Boys town», qui aiment utiliser les gros mots et se targuer toujours devant les copains d’avoir été à la hauteur . «Aussi bien à l’école, que dans les rues de Dakar, j’ai appris la rigueur, l’engagement et le fait de ne pas accepter de me faire piétiner.» En somme, il prétend n’être «ni arrogant, ni violent, ni révolutionnaire», comme le qualifient ses détracteurs qui voient en lui un faiseur de troubles. Et quand il refuse de déférer à une convocation de la Division des investigations criminelles (Dic), ce n’est pas par crainte d’affronter les rigueurs carcérales à Rebeuss. C’est «le refus d’obéir à une police qui convoque les gens pour des propos politiques». Une police qu’il qualifie désormais de «division des illusions et des confusions» du fait qu’elle veut empêcher les politiciens de dire ce qu’ils pensent. «La prison est la moindre chose qui peut m’arriver avec ce régime.» «Je m’attends chaque jour au pire, parce que ce sont des criminels, ils ont tué Me Sèye», se convainc Barth, comme l’appellent affectueusement ses proches.

Pourtant, quand Dias-fils est revenu au pays, il y a de cela deux ans, après un long séjour aux Etats-unis où il a poursuivi ses études, rien ne laissait présager chez lui un avenir politique aussi orageux. Il est resté une année à chercher à vivre de son métier, en tant que diplômé en «Business-Management option Transport», pour lequel il a traîné sa bosse au pays de l’Oncle de Sam. Ce qu’il réussit puisque ses activités professionnelles l’ont rendu financièrement indépendant de sa famille. «Je vis de mon métier, je n’ai pas besoin de faire de la politique pour vivre ! Je fais vivre la politique ! Et ce n’est pas un poste de ministre ou de député qui me fera changer d’avis.»

LEITMOTIV : DEBOULONNER WADE

Mais son destin le poursuit et très vite le jeune Dias n’a plus envie de rester passif «face aux promesses non tenues du régime de Abdoulaye Wade». D’où le sens d’un engagement politique avec un programme rond : «Déboulonner Wade.» Pour lui, il n’y a rien qui soit possible à partir des théories développées dans des «(…) salons ennuyeux et inefficaces». Le Bloc des centristes Gaïndé est tout près de lui. Il est d’un père dont le nom renvoie au compagnonnage tumultueux avec Me Wade. Il s’y engage dans le Bcg ? Non, il pose ses baluchons et ses idées chez les anciens ennemis de papa. Barthélémy choisit de cheminer avec le Parti socialiste (Ps). Explication : «Le Ps est le seul parti politique au Sénégal qui ne dépend pas de la vie d’un homme. Le Bcg va mourir avec mon père, le Pds de même avec Abdouylaye Wade, ce sont des partis qui sont structurés autour d’une seule personne.» A la Maison Léopold Sédar Senghor, siège du Ps, Barthélémy veut garder toute son indépendance. De parole et d’action. C’est pourquoi il a créé, avec la bénédiction de la direction du parti, «Convergence socialiste», un mouvement de soutien affilié et non intégré au Ps. «Pour conserver ma liberté», dit-il. Un mouvement de soutien qui pourrait bien devenir, demain, ce courant politique dont les responsables socialistes ne veulent point entendre parler. Sa liberté, ce n’est pas un mot vague. Dans le débat lié à la prorogation du mandat des députés, la structure de Barthélémy Dias a été la seule du Parti socialiste à oser dénoncer les parlementaires qui «cautionnent l’illégalité de Me Wade». Et c’est avec le même zèle et la même détermination qu’il avait jugé la naissance du courant «Démocratie et solidarité», comme une tentative du secrétaire général national du Pds de casser le Ps. Toutefois, le respect qu’il voue aux instances régulières de son parti est une réalité parce que, justifie-t-il, «je ne veux pas gêner les responsables du parti».

L’ENCADREMENT DU PS

«Sa fougue juvénile», ses prises de positions iconoclastes et ses déclarations incendiaires ne dérangent pas, pour autant, le Parti socialiste post alternance assagi par la défaite du 19 mars. Au contraire, Abdoulaye Wilane, membre du Bureau politique et chargé de communication, l’accepte comme «son cadet», tel qu’il est, au nom d’une démocratie interne déclarée. Sa conviction est, cependant, que le jeune homme a besoin d’encadrement et c’est cela qu’il gagnera à côté de Ousmane Tanor Dieng. Barthélémy, lui, n’en a cure. «Je respecte les positions de mon parti et sa ligne de conduite, mais je fais partie d’une génération et notre combat ne se limitera pas au parti. J’ai des idées parfois contraires avec celles du parti mais cela ne m’empêche pas de les défendre.»

Ses idées, justement, son père les respecte. C’est pourquoi, il a fermé les yeux quand son fils a adhéré dans un parti qu’il a durement combattu. Jean-Paul Dias préfère que sa maison soit «le premier cadre de liberté d’expression» et de choix. «Il est libre de militer où il veut, c’est son problème, je ne trouve aucun mal à cela. Son grand père était socialiste, moi libéral. Pourquoi lui (Ndlr : Bartelémy) ne serait pas socialiste ?.» Le regard que Barthélémy porte sur papa est, toutefois, critique. Il lui reconnaît beaucoup d’erreurs, notamment celle de s’être trop exposé en se sacrifiant «pour des gens qui n’en valaient pas la peine».

 



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