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PROFIL - Joanna, jeune étudiante de l’Iam : Embûches sur une ambition

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PROFIL - Joanna, jeune étudiante de l’Iam : Embûches sur une ambition

 

Ils viennent nombreux de la sous-région, et même de toute l’Afrique francophone pour faire leurs études supérieures à Dakar. Joanna, 23 ans, vient du Gabon. Elle aurait préféré atterrir au Canada, aux Etats-Unis ou en France, mais la commission, qui dans son pays attribue les places aux bacheliers, en a décidé autrement. De toute façon, pour obtenir ces places très convoitées, il faut avoir des «connexions en haut lieu». Alors l’Iam à Dakar, on s’en contente. Et puis le Sénégal a un attrait certain en Afrique, en termes de formation comme de débouchés professionnels, surtout depuis la crise ivoirienne. Les écoles l’affirment toutes, elles comptent beaucoup d’étrangers dans leurs effectifs, 40% à 45%, parfois plus de 50%. Les Gabonais, plus que les autres d’ailleurs, grâce au généreux système de bourses dont tous les bacheliers bénéficient pour aller poursuivre leurs études à l’étranger.

Professionnellement parlant, les ambitions de Joanna ne sont pas forcément très claires. Au terme de sa deuxième année, elle sait simplement qu’elle ne veut pas faire de la finance ou de comptabilité. Alors ce sera peut-être du marketing, la Gestion des ressources humaines (Grh) ou bien encore l’événementiel. Les professeurs vont probablement l’aider à s’orienter. De gré ou de force, au vu des notes, mais pas seulement. «Les enseignants nous connaissent tous par nos prénoms et la relation est personnelle». Selon l’un d’eux, notre étudiante est trop introvertie, alors la Grh, avec ses dimensions interpersonnelle et psychologique pourrait lui donner envie de s’ouvrir aux autres. Joanna n’est pas très d’accord avec le diagnostic, mais les Grh n’ont pas l’air «trop prise de tête». Quoi qu’il en soit, elle ne compte pas s’arrêter au Bachelor, le cursus en 4 ans de l’Iam, mais continuer au delà. Ce n’est pas le cas de tout le monde ici. Beaucoup veulent travailler rapidement et le projet de l’institut de faire passer le bachelor en 3 ans est plutôt bienvenu parmi les étudiants.

Mais ce qui intéresse Joanna, c’est poursuivre ses études au Canada ou ailleurs, de nouveaux horizons, en un mot «bouger». Pourtant, l’école lui plait. La souplesse des enseignants et leur disponibilité à l’égard des étudiants, «profs et élèves se retrouvent à la cafète, forment des cercles, lancent des débats». Le directeur, que l’on voit tous les jours, qui sert la main de ses étudiants, et qui dispose même, soupçonne-t-elle, de réseaux d’informateurs pour le tenir au courant de tous les ragots. «Un directeur de proximité» en somme. Même le port de l’uniforme, obligatoire les mardis et jeudi, ne l’embête pas, «c’est assez beau à voir quand tout le monde le porte».

Le point fort, par-dessus tout, c’est l’ambiance qui règne à l’école. Très joviale vue de l’extérieur, très diplomatique vécue de l’intérieur… Un brin hypocrite ? Peut-être aussi. «Mais de toute façon, ça, c’est un premier pas dans le monde de l’entreprise». Non, l’atmosphère est positive et elle doit beaucoup selon elle, au bizutage. Dix jours d’intégration autour de Kédougou, qui contribuent chaque année à inculquer l’esprit de l’école aux jeunes «bleus», les nouveaux admis. Randonnée sportive et conditions de vie spartiates sont au programme des réjouissances pour les quelque 800 participants, tous élèves de l’institut. A la fin, on établit le «tribunal des caciques», c’est-à-dire les étudiants des années supérieures, qui rend son verdict et décide du sort de chaque bleu. Celui qui a été obéissant, et a docilement effectué les corvées assignées s’en voit félicité. Dans le cas contraire, il est envoyé, sans autre forme de procès, dans les eaux glaciales des chutes de Dindéfelo. Déclarée coupable d’avoir un peu trop tenu tête aux anciens, Joanna n’a pas vraiment gardé de séquelles de cette inhumaine sanction. Tout au contraire.

En tout cas, cet esprit d’école transcende les différences, nationales ou religieuses qui existent. Elles ne se ressentent, ni se voient. Pas même un réflexe de regroupement national ? «Je ne fréquente pratiquement aucun Gabonais».



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