Pour financer son projet de modernisation des daara, le Sénégal va recourir au waqf. Cet instrument de solidarité islamique va permettre, grâce à la mise en place d’une haute autorité en charge du waqf, de lever des fonds au service de la lutte contre la pauvreté et selon les règles de la religion musulmane.
Pour financer le projet de modernisation des daara, le Sénégal a choisi de recourir au waqf. Cette forme de solidarité envers les pauvres a déjà fait ses preuves dans les pays Arabes. Et jusqu’à la Guinée voisine qui l’a adopté. Mais la mise en œuvre de cette option nécessite des préalables comme l’adoption de la loi sur le waqf. Un pas que le Sénégal a franchi le 24 avril dernier.
Cette nouvelle loi, qui fixe un cadre légal à la pratique du waqf, était hier au cœur d’un atelier de sensibilisation en direction des journalistes de la presse économique réunis au sein du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes). «Le waqf consiste à permettre à un individu de décider d’affecter une partie de ses biens à une activité. Cette affectation, une fois faite, est pérenne et même après sa disparition, sa volonté doit être respectée.
Dans les pays du Golfe et en Arabie Saoudite, il y a beaucoup d’immeubles, tous ceux qui sont aux abords de la Kaaba par exemple, qui sont dédiés au waqf et le produit de l’exploitation de ces immeubles sert à financer des activités de lutte contre la pauvreté. Moi qui vous parle, la bourse qui m’a permis de faire toutes mes études supérieures est une bourse allouée par une institution de waqf», explique Imam Mbaye Niang, député à l’Assemblée nationale. Selon le représentant de la Banque islamique de développement (Bid), Abdoul Ahad Chérif, le projet de modernisation des daara est financé à hauteur de 20 millions de dollars, environ 10 milliards de francs Cfa, dont les 80% seront fournis par la Bid.
Ce projet, qui sera le premier waqf public lancé par le Sénégal de façon officielle, va se faire selon le même modèle que celui de la Guinée. «Ce qui est envisagé, c’est que l’Etat octroie un terrain au Centre-ville de Dakar. Il y a déjà une proposition qui porte sur trois sites. Ce terrain que l’Etat propose à la Bid va abriter des immeubles dont l’exploitation va servir à financer les daara. Pas seulement cela d’ailleurs, mais aussi à mettre en place les conditions qui permettront de lutter contre la pauvreté», indique Imam Mbaye Niang.
Le parlementaire explique que malgré leur importance, les daara restent un secteur mal organisé et qui a besoin de beaucoup d’argent. «Il va falloir construire les écoles, les internats, prendre en charge les maîtres coraniques. Cela peut être lourd pour l’Etat.» C’est en ce sens que la mise en place de cet instrument est porteur d’espoir. «Le waqf est né avec l’islam et si aujourd’hui l’économie des pays musulmans est si développée, c’est grâce au Waqf et à la zakat», souligne l’Imam.
Une haute autorité pour gérer le waqf
Le waqf reste un outil très puissant de lutte contre la pauvreté dans les pays musulmans, souligne le représentant de la Bid, qui cite l’exemple de l’Iran ou les actifs générés par le waqf étaient de 8 milliards de dollars en 1999. Le potentiel est donc énorme, mais demande la mise en place d’un cadre adéquat et règlementaire. Ce que propose la loi adoptée par l’Assemblée nationale du Sénégal. Et c’est pour assurer toute la transparence de gestion voulue que le Sénégal a opté pour la mise en place d’une Haute autorité administrative indépendante, indique Mme Oulimata Diop, directrice de la Monnaie et du crédit au ministère de l’Economie, des finances et du plan. Mme Diop explique également que les waqf publics bénéficieront de conditions fiscales semblables à celles des fondations par exemple. «La seule différence, c’est que ce qui sous-tend le waqf est en relation avec la foi de l’individu», indique Imam Mbaye Niang.
4 Commentaires
Anonyme
En Juillet, 2015 (17:05 PM)Deme.
Yeural
En Juillet, 2015 (21:10 PM)Atypico
En Juillet, 2015 (22:48 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (04:30 AM)Participer à la Discussion