Réunis à Saint-Louis dans le cadre du projet DYNOBA, plusieurs représentantes d’organismes de bassins transfrontaliers africains ont échangé autour d’une problématique cruciale : comment diversifier et sécuriser les financements nécessaires à la réalisation d’ouvrages communs au service de la gestion durable des ressources en eau ?
Le projet Dynamisation des appuis aux Organismes de Bassins transfrontaliers Africains (DYNOBA) est mis en œuvre sous la houlette de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), qui assure le secrétariat du Réseau africain des organismes de bassin (RAHOB). Il regroupe sept bassins fluviaux d’importance stratégique sur le continent africain, avec l’appui technique et financier de l’Agence française de développement (AFD).
Des ouvrages communs au cœur de la coopération
Les débats ont mis en lumière le rôle central des ouvrages communs dans la coopération entre États riverains. À ce titre, l’OMVS est souvent citée comme un modèle de gouvernance réussie. Ses infrastructures notamment les barrages de Diama, Manantali, Gouina et Ferlo – sont partagées par ses quatre États membres (Sénégal, Mali, Mauritanie et Guinée) et conçues comme des biens communautaires, conformément à une convention garantissant leur utilisation équitable.
Mamadouba Max Bangoura, Haut-commissaire adjoint de l’OMVS, a rappelé l’esprit de solidarité qui guide cette approche :
« Soit on s’entend pour réaliser des ouvrages communs au bénéfice de tous, soit on va droit dans le mur. »
Selon lui, cette philosophie doit inspirer d’autres organismes de bassin africains, tels que l’Autorité du bassin du Niger, du Lac Tchad, de la Volta, ou encore ceux du Nil et du Congo.
Des financements innovants pour pérenniser les infrastructures
Cependant, les modèles de financement actuels reposant largement sur les partenaires internationaux tels que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou l’AFD montrent leurs limites face à l’ampleur des besoins et à la complexité des projets transfrontaliers.
D’où l’intérêt croissant pour les financements innovants. Ce terme englobe diverses sources alternatives, comme les partenariats public-privé, les fonds climatiques, les obligations vertes ou encore des mécanismes de redevance sur l’usage de l’eau. L’objectif est double : renforcer l’autonomie financière des organismes de bassin et garantir la pérennité des ouvrages.
Christophe Brachet, conseiller détaché auprès de l’OMVS par l’Office International de l’Eau, souligne l’enjeu :
« Il est essentiel de développer des sources de financement internes, durables et indépendantes, pour que les organismes puissent planifier à long terme et assumer pleinement leur rôle. »
Un pas vers une diplomatie de l’eau renforcée
L’atelier organisé dans le cadre du projet DYNOBA marque ainsi une étape importante vers une diplomatie de l’eau renforcée sur le continent. En favorisant le dialogue entre institutions de bassin, en partageant les bonnes pratiques et en explorant de nouvelles pistes de financement, il contribue à accroître la résilience des territoires face aux défis liés à l’eau, au climat et au développement.
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