Du 31 août au 9 septembre, soixante-quatre soldats des Forces françaises du Cap-Vert basées à Dakar et soixante militaires sénégalais, emboîtant le pas aux étudiants, au service civique national, aux populations et autres mouvements de jeunesse, ont été sur le front de la Grande muraille verte, un projet de reboisement du président Wade de Dakar à Djibouti sur une largeur de 15 km. Après Windou Tchingoly, une communauté rurale du département de Linguère, dans la zone sylvo-pastorale qui a abrité le premier camp l’année dernière, cette année, les planteurs ont planté leurs tentes à Labgar. Parmi les mille cinq cents reboiseurs qui ont été mobilisés cette année, les militaires français et sénégalais, pour une première participation, ont marqué un grand coup. Selon, le Colonel Matar Cissé, directeur de l’Agence nationale de la Grande muraille verte, les deux armées réunies ont offert 7 211 hectares de terre reboisée sur les dix mille hectares emblavés en deux ans, notamment à Téssékéré, Windou Tchingoly, et Loughoré. Ce qui équivaut à près de 5 475 plantes repiquées au niveau des deux parcelles de Labgar par les militaires des deux armées, au cours de cette opération. Les espèces plantées qui s’adaptent parfaitement à cette zone du Ferlo, sont, entre autres, le Jujuphus Mauritnus (ou sidemb en wolof), le Planitus eagytienca (ou soump), l’acacia senegalensus (ou weregg) et le tamarandus indica (tamarinier ou dakhar).
Les autorités militaires de la France et du Sénégal ainsi que les responsables de l’Agence nationale de la Grande muraille verte n’ont pas été insensibles à cette œuvre des militaires, durant cette campagne de reboisement. C’est ainsi que, mercredi dernier, lors de la cérémonie marquant la fin de la mission pour les deux armées, ces autorités ont exprimé de vive voix leur satisfaction à ceux qui ont participé à cette opération dans des conditions climatiques difficiles. ‘Vous avez fait ce que l’on attendait de vous, en participant avec brio à cette opération de réalisation de la Grande Muraille verte. Mais on ne pouvait pas attendre moins de vous parce qu’étant des Diambars dont la mission est de participer au développement du pays’, dira à l’endroit des soldats sénégalais le colonel Maguette Bâ, commandant de la Zone militaire numéro 2 qui polarise les régions de Saint-Louis, Louga et Matam.
Lui emboîtant le pas, le directeur de l’Agence nationale de la Grande muraille verte, le colonel Matar Cissé, dira que ‘cet acte est extrêmement important. Vous avez, par votre présence, donné une effervescence que le village n’a jamais connue. Mais aussi par votre rigueur et votre discipline, vous avez encadré les jeunes du village. Ce que vous avez apporté à ce projet civilo-militaire, nous l’apprécions avec un grand intérêt, car c’est une œuvre gigantesque pour donner corps à ce projet si cher au chef de l’Etat’.
S’adressant aux militaires français lors d’une cérémonie d’adieu, le colonel Cissé dira à peu près la même chose, en ajoutant simplement qu’’en plantant ces arbres, vous avez laissé des ici des traces dont vos fils et petits-fils pourront un jour récolter les fruits’. Le livre ‘L’arbre et la vie’, du colonel des Eaux et forêts, Moumar Guèye, coordonnateur du projet agro-forestier de Diourbel, a été offert à tous les militaires participant à l’opération, histoire de forger chez eux ‘une conscience écologique’, pour reprendre l’expression du colonel Matar Cissé.
ADJUDANT CHEF BAUDOUIN (RESPONSABLE DU DETACHEMENT FRANÇAIS) : ‘Le record du détachement français a été de planter mille arbres en une matinée’
‘Nous avons travaillé en coopération étroite avec les forces armées sénégalaises et les populations locales. Nous avons formé quatre équipes au sein du détachement français. Ces quatre équipes travaillent sur des sillons d’un kilomètre et nous plantons des arbres tous les cinq mètres. Les sillons sont espacés de dix mètres environ. Le record battu au sein du détachement français a été de planter près de mille arbres en une matinée dans des conditions de chaleur assez éprouvantes. Mais on est tous contents d’être ici pour participer à ce projet de plantation d’une bande d’arbres de Dakar à Djibouti avec les Sénégalais. C’est un projet écologique qui est bon pour la planète. En dehors de la plantation, nous avons vécu en harmonie avec nos frères d’armes sénégalais sur le plan sanitaire et au niveau du bivouac’.
COLONEL MATAR CISSE (DG DE L’AGENCE DE LA GRANDE MURAILLE) : ‘Les populations ont senti, à travers cette opération, la fierté nationale’
‘Cette opération a permis un brassage au niveau de la population : jeunes et adultes ont participé à l’opération de plantation. Cela a permis également un brassage entre l’armée sénégalaise et française et les populations. C’est dire qu’il y a une intégration entre la population locale et celle venue d’autres horizons. C’est un effet que nous ne pouvons pas occulter. Nous avons aussi recruté, pour les pépinières, des centaines de jeunes à travers les villages du tracé de la Grande muraille. Nous pouvons d’ores et déjà dire qu’il y a des effets directs sur le plan social et économique au niveau des populations. Nous avons vu les armées françaises et sénégalaises organiser des rencontres de football avec les populations locales. Cela montre que les populations ont senti à travers cette opération la fierté nationale. Des relations de fraternité et d’amitié se sont tissées au cours de cette opération et, j’en suis sûr, elles iront au-delà de cette opération’.
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