Rétention de notes des élèves : Les enseignants entre reculade et résistance

La menace a été brandie par le ministre de l’Education, le Pr. Moustapha Sourang lors du premier comité régional de développement (Crd) pour la préparation de la rentrée scolaire prochaine à Fatick. Le salaire de ce mois d’août de tout enseignant poursuivant la rétention des notes, sera suspendu. À une semaine de la date fatidique, Le Soleil fait le point dans deux grands établissements de Dakar : les lycées Maurice Delafosse (industriel) et Blaise Diagne. Si on note un fléchissement à Delafosse, à Blaise Diagne, c’est toujours la résistance.

La menace de suspension des salaires du mois d’août semble atténuer l’ardeur des enseignants au lycée technique industriel Maurice Delafosse. Ici, les 3/4 des professeurs ont rendu les notes et les conseils de classe tenus.

Lycée technique industriel Maurice Delafosse. En ce mardi matin, un calme plat règne dans l’établissement. En face de l’école, des menuisiers ébénistes déplacés de la Corniche-Ouest dans le cadre des travaux de l’Anoci, étalent leurs œuvres composées de lits, armoires, fauteuils, etc. Dans la cour, sous les arbres, seuls quelques élèves sont assis sur les chaises métalliques, devisant tranquillement. Au niveau du couloir, au rez-de-chaussée du bâtiment central, 3 personnes assises derrière des tables s’occupent des élèves et enseignants qui s’y présentent. C’est le directeur des études, Babacar Wagane Faye et ses collaborateurs qui continuent de remplir les bulletins de notes que viennent récupérer les élèves. C’est dire que les enseignants ont remis les notes. Autrement dit, la rétention de notes set en train de perdre de l’allure dans l’établissement. « Les 4/5 des enseignants ont rendu les notes. Par classe, c’est 1 ou 2, souvent des responsables syndicaux qui ne se sont pas encore exécutés », révèle le directeur des études. Babacar Wagane Faye de poursuivre que plusieurs conseils de classe ont été tenus. « Les 2/3 des conseils de classe l’ont été. À ce rythme, tout sera terminé le samedi », affirme M. Faye. Même s’il rend hommage aux enseignants, M. Faye pense que la menace de suspension du salaire a un peu contribué à accélérer le processus. Mais, dit-il, ayant de bons rapports avec les enseignants, nous avons développé une stratégie permettant d’arriver à un dépassement. En attendant l’entrée en vigueur de la mesure, les élèves se frottent les mains. « Nous sommes enfin délivrés », soutient un groupe de jeunes filles, les bulletins dans les mains.

… On s’accroche à Blaise Diagne

La situation est tout autre à Blaise Diagne. Ici, la menace ne semble pas avoir un grand effet.

#Dans la cour des petit et grand quartiers (les 2 parties du lycée : le petit allant de la 6è à la 3è et le grand de la 2nde à la Terminale), règne un silence de cathédrale. Seuls quelques enseignants assis derrière des tables inscrivent les élèves voulant faire les cours de vacances. Seuls quelques enseignants ont remis les notes. « Sur les 207 enseignants, 88 n’ont pas encore remis les notes », précise le censeur Karim Faye dont le bureau se trouve au petit quartier. Ce dernier de poursuivre qu’ « aucun conseil de classe n’a été tenu ». Il explique le phénomène par le fait que dans chacune des classes, « il manque 1 ou 2 professeurs qui n’ont pas rendu les notes ». Or, dit M. Faye, « on ne peut pas tenir un conseil de classe sans toutes les notes. Mais pour les 6è, seuls d’eux classes ne sont pas encore prêtes ». Dans cet établissement, la rétention est importante dans les grandes classes. « Plus on avance, plus a rétention est forte. C’est dire que la menace de suspension de salaire ne semble pas avoir assez d’effets », laisse entendre le censeur, exhibant des feuilles pour étayer ses propos.