Les populations de Médina Thioub, village situé sur la route menant vers le lac rose, affrontent les gendarmes depuis trois jours. Elles s’opposent ainsi à la démolition de leurs habitations par les caterpillars de l’entrepreneur libéral Diop Sy, adjoint au maire de Dakar.
C’est la révolte à Médina Thioub. Cela fait maintenant trois jours que les populations de ce village situé sur la route menant vers le lac rose affrontent les gendarmes. Et cela a chauffé le week-end dernier. En effet, les gendarmes, au nombre de 150, selon les populations, ont irruption dans le village pour surveiller les travaux d’un chantier exécuté par l’entrepreneur libéral Diop Sy, adjoint au maire de Dakar. C’est le matin de bonne heure qu’ils ont fait irruption dans le village, escortant des engins lourds. Sans informer ces populations, des individus non identifiés, les accompagnaient.
Aussitôt après, les engins ont démarré les travaux. Et des dizaines de maisons, dont des étages, ont été démolies. Les populations qui ont voulu s’opposer aux travaux, ont été vite maîtrisées par les gendarmes. Il s’en est suivi une vive altercation entre manifestants et gendarmes. Et aux grenades lacrymogènes, les populations ont répondu par des jets de pierres. Le face-à-face a duré des heures durant. Trois jeunes du village ont été interpellés. Ils seront jugés ce mercredi.
Sur place, c’était encore hier la tristesse et la consternation dans le village. Les populations, avec en tête le chef de village, n’ont toujours pas compris comment un titre foncier sur 47 ha déjà habités, peut-il être établi dans le village sans leur consentement. ‘Nous doutons de tout. Nous sommes dans ce village depuis 1949 et jamais, nous n’avons été avertis d’un quelconque titre foncier. Et s’il en existe, on ne peut pas détruire des concessions dans un village sans pour autant avertir les populations’, lance le chef du village.
Hier, lundi, c’est une forte escorte de forces de l’ordre qui a assisté les engins démolisseurs. Deux grands engins continuent tranquillement les travaux en rasant tout sur le village. Selon les informations, d’autres maisons seront détruites dans les heures qui suivent. Les 47 ha traversent le village pour s’arrêter derrière l’école. Les autorités encouragent, selon les populations, la démolition. Et les jeunes du village dénoncent un deal entre l’autorité administrative et d’autres personnalités. ‘De toute façon, nous sommes prêts à perdre notre vie, mais nous nous opposerons à ces démolitions’, clament-ils.
De plus en plus, les villageois s’opposent aux spéculateurs fonciers. Souvent, ils brandissent des documents venant de la présidence ou de l’Apix, ou bien des titres fonciers nouvellement établis. L’astuce de ces grands spéculateurs fonciers, c’est d’abord que le terrain est à usage agricole affecté à l’Apix ou encore avec une autorisation du président. Au fil du temps, les spéculateurs changent de stratégie et démarrent ainsi la construction de cités. Aujourd’hui, bon nombre de cités sont sorties de terre dans plusieurs villages. La spéculation foncière bat son plein et fait l’affaire des courtiers de Rufisque qui vendent les terrains comme de petits pains.
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