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Ranérou : les jeunes se soûlent en buvant du parfum +++Envoyée spéciale : Seynabou Kâ+++

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Ranérou : les jeunes se soûlent en buvant du parfum +++Envoyée spéciale : Seynabou Kâ+++

 "Boulefalé" et "Dollar". A priori, ce sont deux noms de parfum bien connus à Ranérou, dans le Ferlo (nord du Sénégal). Mais, depuis quelques temps ils sont détournés de leur vocation première de complément de toilette corporelle pour servir de…boisson à une jeunesse en mal de produits enivrants.

‘’Lorsque je prends +Boulfalé+ je me sens bien. Je surmonte tous mes soucis quotidiens. C’est un moyen pour moi de cacher ma timidité et faire tout ce que je veux’’, explique Y. B, élève au lycée de Ranérou.

M. B, autre pensionnaire du même établissement, renforce les révélations de son camarade et souligne que l’ingurgitation du "Boulefalé" le change en Don juan n’ayant pas froid aux yeux dans son entreprise de faire la cour aux filles. ‘’Avec ça, je me sens pousser des ailes, je m’évade’’, lance-t-il dans un sourire complice.

Avec le contenu d’une bouteille de "Boulefalé", les jeunes de Ranérou atteignent certes le nirvana, mais ils révèlent que cela se fait "à faible dose" dans la mesure où ce produit n’est pas très enivrant. Le puissant produit, celui qui les propulse vite fait dans les nuages est le "Dollar", un parfum dont la bouteille en plastique se négocie à la boutique du coin, entre 500 et 600 FCFA.

Pour se taper une cuite, les jeunes de Ranérou divisent en deux le contenu de la bouteille du "Dollar" (sur l’étiquette il y a le célèbre billet vert, d’où le nom de la monnaie américaine), diluent chaque part dans de l’eau, puis en avant la beuverie…

L’émoi suscité par ces beuveries est tel que les autorités, surtout la gendarmerie, ont décidé de l’interdiction de la vente des fameux flacons de parfum aux adolescents.

‘’Nous interdisons formellement la vente de +Boulefalé+ et +Dollar+ dans le marché et les boutiques de la commune. Nous les considérons comme des boissons alcoolisées. Nos équipes font régulièrement des descentes sur les lieux de vente’’, indique à ce propos, Babacar Samb, adjoint au chef de poste de la gendarmerie de Ranérou.

Ces parfums font chez leurs buveurs plus de dégâts que l’alcool, tant au point de vue comportemental que sanitaire, soutient-il, précisant que ses accros risquent de profonds troubles mentaux.

A l’en croire, les contrôles effectués par les gendarmes ont eu pour effet la baisse des agressions notées ces derniers temps à Ranérou et attribuées pour la plupart d’entre elles aux ‘’buveurs de parfum’’, nom collés aux usagers du "Boulefalé" et du "Dollar".

Se basant sur ce résultat positif, le chef gendarme assure que ses hommes vont continuer les descentes et patrouilles en vue d’‘’éradiquer ce phénomène hors de la commune’’ de Ranérou.

Plus facile à dire qu’à faire, dans la mesure où les vendeurs de parfums sont divisés sur l’identité de la personne à vendre leurs produits.

Certains boutiquiers semblent s’intéresser à leurs recettes et, à l’image de A. B., vendent à tout acheteur ayant de quoi se payer un "Boulefalé" ou un "Dollar".

‘’Il est inutile, avance A.B, de l’interdire aux jeunes ou de le cacher, puisque se sont parfois les parents eux-mêmes qui viennent en acheter aussi bien pour leur consommation que pour celle de leurs enfants’’.

Plus regardant sur la destination de ses parfums, ce boutiquier mauritanien martèle qu’il n’est pas question pour lui d’en vendre à des jeunes. ‘’Ils s’en servent pour se soûler et cela n’est pas bien pour eux. L’Islam l’interdit’’, souligne M.F.

Du côté des parents, on fait preuve d’une certaine impuissance, à l’image de S.D. qui déclare : ‘’Nous sommes au courant que les jeunes et certains adultes boivent du parfum pour se saouler, mais nous n’y pouvons rien. De toutes les façons, quoi que nous disons, ils n’arrêteront pas’’.

Pour sa part, D.D. fait cette surprenante sortie : ‘’Il est difficile de se prononcer sur cette question et de condamner ceux qui s’enivrent en tant que père de famille parce qu’on n’est jamais au courant de ce que font nos enfants, une fois seuls’’.

‘’Tout ce que je peux dire, ajoute-t-il, c’est que je l’interdis à mes enfants. Ce n’est pas bon pour la santé’’.

De cela, les jeunes de Ranérou en sont conscients, mais beaucoup d’entre eux ne peuvent se passer du "Boulefalé" et du "Dollar". ‘’C’est devenu une habitude’’, indique d’un ton fataliste cet adolescent.

SK/CTN



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