La société civile sénégalaise s’est retrouvée sur un standard commun pour dénoncer l’arrestation du Pr. Malick Ndiaye, le coordonnateur général du Cercle des intellectuels du Sénégal (Cis). Elle s’est insurgée contre les pratiques de l’Etat et l’interpelle pour le faire revenir à la raison, car il est en train de fouler au pied un droit «institutionnalisé» dans une Constitution soumise aux Sénégalais, par voie référendaire, après l’avènement de l’alternance.
Le gouvernement du Sénégal est en train de sonner le glas des libertés publiques. C’est le Mouvement citoyen et Amnesty international/Section sénégalaise, qui donnent ainsi leur position, après l’arrestation de Malick Ndiaye, professeur de sociologie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et coordonnateur du Comité des intellectuels du Sénégal (Cis), qui manifestait contre les délestages intempestifs ayant fini de plonger les Sénégalais dans le noir. Le Pr. Penda Mbow, du Mouvement citoyen, a entonné «le De profundis» des libertés publiques. Pour la présidente du Mouvement citoyen, c’est l’idéal démocratique qui en prend un sacré coup et «ce n’est pas normal d’arrêter des citoyens pour avoir exprimé leur ras-le-bol». Elle a tenu à faire savoir, sous ce rapport, que «c’est contraire aux exigences démocratiques». Mieux, «il faut, au Sénégal, qu’on arrête de priver les citoyens d’un droit qui a été institutionnalisé par les textes», clame Penda Mbow. C’est pourquoi, explique-t-elle, «nous exigeons la libération de Malick Ndiaye (l’échange a eu lieu peu avant sa libération, hier : Ndlr) et invitons les acteurs des droits de l’Homme à faire entendre raison à l’Etat».
C’est la même réaction d’indignation du côté de Amnesty International/Section Sénégal qui, par la voix de son secrétaire exécutif, Me Demba Ciré Bathily, confirme que le gouvernement s’est engagé résolument à tordre le cou aux libertés publiques. Pour Me Bathily, «on n’a pas besoin d’une autorisation pour marcher ; il suffit seulement d’aviser l’autorité. D’autant plus qu’il (Ndlr : Malick) exerçait un droit légitime consacré par la Constitution». Avant de lâcher, très amer, que «c’est une tendance à remettre en cause un droit absolu des citoyens». Le représentant de Amnesty international au Sénégal s’est aussi insurgé contre les difficultés d’approvisionnement en électricité par la Sénélec, une situation qui a valu au coordonnateur du Cis de se retrouver derrière les grilles de la police de Médina, avant d’être libéré suite à une détention de 24 heures. «Nous sommes tous gênés par cette situation. Et ce qui est inadmissible, c’est que la Sénélec ne nous donne aucune explication. Et d’ajouter qu’après 40 ans d’indépendance, on n’a pas encore résolu ces problèmes de délestages. C’est au pouvoir politique actuel qu’il incombe de régler ça», se désole le droit-de-l’hommiste.
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