REACTION - Projet de délocalisation de leur établissement : Les anciennes de Mariama Bâ réaffirment leur opposition

Après l’annonce du ministre de l’Education sur les raisons de la délocalisation prochaine de la Maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée, les anciennes dudit établissement, par le biais de leur amicale, réfutent les arguments du ministre. Elles se disent déterminées à s’opposer à la mise en œuvre de cette volonté du gouvernement.

Les anciennes élèves de la Maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée sont montées au créneau pour dire non au projet de délocalisation dudit établissement. Lors de la conférence de presse organisée, samedi dernier, par l’Amemba (Amicale des anciennes de la Maison d’éducation Mariama Bâ), les membres du bureau de cette structure ont tenu à défendre leur position, avec à leurs côtés des «partenaires stratégiques» comme Mme Penda M’bow.

La présidente de l’amicale, Fatou Bintou Mbaye, est revenue sur les raisons invoquées par le ministre de l’Education, le professeur Moustapha Sourang, pour justifier la délocalisation de leur ancien établissement et la création d’un nouveau lycée national de jeunes filles à Diourbel. «L’école est devenue vétuste, des problèmes d’environnement se posent, elle a atteint ses limites…» sont, entre autres, selon Mme Mbaye, les arguments avancés par le ministre Moustapha Sourang. De tous ces arguments, «aucun ne tient la route», selon Fatou Bintou Mbaye.

D’abord, au sujet de la vétusté, elle avance que «les bâtiments n’ont pas 30 ans». Car, c’est en janvier 2008 que l’école aura 30 ans et, en plus, l’architecte qui a construit ces locaux estime que «ces bâtiments sont construits pour (une durée de) 100 ans».

L’autre aspect souligné est relatif à l’effectif du nouveau lycée qu’elle juge trop pléthorique pour pouvoir dispenser un enseignement de qualité. «On ne peut pas faire de l’excellence avec 3.000 élèves», soutient la présidente de l’Amemba, qui cite en exemple Mariama Bâ avec un effectif de 200 élèves et le Prytannée militaire de Saint-Louis, qui compte 500 pensionnaires. A propos du fait qu’on ne peut pas faire du neuf à Gorée, car l’île est classée Patrimoine universel de l’Unesco, Fatou B. Mbaye reconnaît ce statut de Gorée. Mais, «ceci n’empêche pas de construire», pourvu que «ceci doit obéir à des normes», affirme-t-elle. C’est dire, donc, que les arguments avancés par le gouvernement n’ont pas du tout convaincu les anciennes de cette école qui accusent encore l’Etat d’avoir laissé progressivement mourir ce «bijou». «Le budget de la nourriture était insuffisant depuis l’Alternance, les moyens ne suivent pas», déclare Marième Selly Kane, ancienne présidente de l’Amemba. Cette dernière s’interroge : «Un gouvernement qui n’a pas su s’occuper de 200 jeunes filles pourra-t-il s’occuper de 3 000 filles ?»

En définitive, selon Mme Kane, il y a eu une opération de sape du corps professoral, des élèves et, maintenant, on veut délocaliser.

Pour Mme Penda Mbow, professeur d’Histoire à l’Ucad, venue soutenir la cause des anciennes de Mariama Bâ, «on ne peut pas faire un enseignement d’élite dans n’importe quel environnement. Ici, on est à côté des grandes bibliothèques».

Toutefois, Fatou Bintou Mbaye a tenu à clarifier la position de ses camarades sur ce projet de l’Etat. «Nous, les membres de l’amicale, sommes favorables au projet de création du lycée (national) des filles». Mais, «le problème, c’est qu’il n’est pas nécessaire de créer une école et d’en fermer une autre». «Nous voulons qu’ils nous laissent ce bijou», dit-elle.

Dans cette perspective, une cellule de crise est mise sur pied, une pétition est déjà disponible sur un site Internet. De par ces mesures, «nous voulons amener le gouvernement à rassembler tous les acteurs, afin de trouver la meilleure solution», explique Mme Mbaye. Stagiaires