IMAM YOUSSOUPHA SARR APPELLE AU BOYCOTT DES FACTURES : «Que les Sénégalais gardent leur argent tant que la Senelec ne donne pas correctement l’électricité»
Coordonnateur du Collectif des imams et résidents de Guédiawaye, l’imam Youssoupha Sarr a appelé, hier, les populations sénégalaises à ne pas honorer leurs factures de courant en raison de la reprise des coupures d’électricité. Il a en plus indiqué que les arguments fournis les responsables de la Senelec «ne tiennent pas du tout la route».
En réaction au retour des coupures prolongées d’électricité que la Senelec impose aux ménages, le coordonnateur du Collectif des imams et résidents de Guédiawaye appelle au refus du paiement des factures de la Société nationale d’électricité. Et cela, à l’échelle nationale, afin de contraindre la Senelec à respecter son contrat avec les consommateurs et à ramener la situation à la normale.
«La question de l’électricité, ce n’est pas quelque chose qu’on peut régler par des marches ou des lamentations. La solution, c’est que les Sénégalais se rendent compte enfin que c’est eux qui font fonctionner la Senelec par leur argent. Qu’ils gardent leur argent tant que la Senelec ne donne pas correctement l’électricité. C’est cela la solution», martèle l’imam Sarr.
Le coordonnateur des imams de Guédiawaye rappelle que «les populations ont un contrat avec la Senelec qu’elles respectent. Mais de son côté, la Senelec ne donne pas de l’électricité à temps et dans les conditions convenues dans la police d’abonnement». Et pour faire face à une telle situation et contraindre la Senelec au respect du contrat qui la lie au client, l’imam Sarr est formel. «Il faut absolument que les gens acceptent de respecter ce mot d’ordre de ne pas payer les factures. Sinon, on sera toujours obligés de braver la loi, de brûler des pneus et de faire des manifestations non autorisées. Et dans ce cas, on est en conflit avec la loi, ce qui n’est pas bien», souligne-t-il.
«L’argument servi par la Senelec ne tient pas»
L’imam Youssoupha Sarr indique, par ailleurs, que le Collectif qu’il coordonne, à travers son Comité exécutif, va incessamment se réunir pour mûrir une stratégie et fédérer l’ensemble des populations sénégalaises autour de ce mot d’ordre de boycott du paiement des factures. «Nous sommes en train de nous organiser pour voir dans quel sens nous pouvons relancer le mot d’ordre de refus de payer les factures et convaincre les populations d’y adhérer. Car c’est la seule solution», dit imam Sarr.
En outre, les arguments avancés par la Senelec, que c’était la panne de deux unités de la centrale de Cap des biches qui serait responsable des perturbations actuelles, ont été tout simplement battus en brèche par l’imam. «Tu prévois la pointe d’octobre et tu crées des problèmes en septembre. Ça, c’est inadmissible. Pour nous, l’argument servi par la Senelec ne tient pas du tout la route et nous n’entrons même pas dans ces détails-là», fustige-t-il.
Les commerçants du marché Hlm anticipent la rétention des payements
Pour répliquer aux coupures intempestives d'électricité que la Senelec leur fait subir avec un impact négatif incommensurable sur leurs affaires, les commerçants, tailleurs et restauratrices du marché Hlm ont décidé de devancer les imams de Guédiawaye. Au niveau du Centre commercial Elisabeth Diouf où les locataires sont plongés dans le noir à chaque coupure d'électricité, il a été décidé le blocage des payements des factures de courant. Pour justifier leur anticipation sur le mot d'ordre de boycott que le Collectif des imams de Guédiawaye va décréter dans les prochaines heures, les acteurs économiques du marché Hlm font état des retards dans la livraison de leurs commandes. Les responsables de ce marché qui ont réussi à calmer les ardeurs des jeunes marchands ambulants qui voulaient porter le combat séance tenante en paralysant le trafic routier, fixent un ultimatum d'une dizaine de jours aux autorités étatiques avant de descendre dans la rue, au péril de leur vie. Prenant au mot les dirigeants de la Senelec, les locataires du marché Hlm indiquent que si les délestages persistent au-delà du 9 courant, la révolte sera déclenchée. Et, ce n'est pas l'électricité qui sera exigée, mais le départ du chef de l'Etat, Me Abdoulaye Wade.
Tard dans la soirée d'hier, les habitants de Sacré-coeur ont remis ça en envahissant les deux voies menant vers Liberté 6. Comme dans une guérilla, ils ont encore choisi d'attendre la tombée de la nuit pour déclencher une série de manifestations de protestation contre les délestages, dans le noir. Incendiant des pneus usagés, des poubelles à ordure et des branches d'arbre, les populations ont pu barrer les routes pendant une bonne demi-heure.
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