Rendez-vous manqué de Bécaye Diop avec les sinistrés. Ministre de l’Intérieur d’alors, le maire de Kolda avait annoncé la livraison de 600 premières maisons préfabriquées en six semaines. Une promesse qu'il avait faite au sortir d'une réunion interministérielle sur les inondations, le 26 juillet dernier. Deux mois après, seules 10 maisons sont visibles sur le site retenu. Soit 1,6% du nombre annoncé. Et comble du sort, elles n'ont ni mur de clôture, toilettes, cuisine, encore moins d’eau ou d’électricité.
À Tivaouane Peulh, un des villages de la région de Dakar situé au nord-est de Keur-Massar et qui relève de la Communauté rurale de Sangalkam, les maisons préfabriquées promises aux sinistrés des quartiers inondés (de Pikine et Guédiawaye) sortent difficilement de terre. Sur le site en question, à près d’un kilomètre du marché de Tivaouane Peulh, on semble être dans un grand chantier en préparation. Il n’y a que deux blocs de bâtiments. À première vue, ils donnent l’impression d’être une «base vie» de chantier où l’on garde le matériel et où loge le personnel employé. Mais en réalité, il s’agit des maisons préfabriquées qui avaient été annoncées par l'ancien ministre de l'Intérieur Bécaye Diop, aujourd'hui ministre des Forces armées, au sortir d'une réunion interministérielle sur les inondations, le 26 juillet 2010. Il avait donné un délai de 3 à 6 semaines. Juste le temps de permettre le transport maritime des matériaux de construction de l’étranger vers le Sénégal. De plus près, on distingue deux blocs contigus de 5 maisons, séparés seulement par un petit espace de moins d'un mètre.
Bécaye Diop avait annoncé 600 maisons en six semaines
Ces dix maisons sont les seules à être sorties de terre, deux mois après la promesse de Bécaye Diop d’en livrer 600 en 6 semaines. Elles équivalent à juste 1,6% du total promis, il y a 8 semaines par le ministre de l’Intérieur d’alors. Pis, ces dix maisons ne le sont que de nom. Aux couleurs du Pds (Parti démocratique sénégalais au pouvoir), c’est-à-dire des murs jaunes avec des poutrelles, portes et fenêtres bleues, ces maisons n’inspirent pas la solidité. Pis, elles sont juste composées de deux chambres, d'un petit espace à l'entrée. Aucune commodité particulière : pas de toilettes ni de cuisine. Il n’y a pas de mur de clôture tout alentour, la nature est là, sauvage. Une surface bordée par des herbes, avec boeufs et moutons broutant tranquillement. Et accéder à ce site est plus qu'un parcours de combattant. La route qui y mène est dans un état chaotique. Dès qu'on sort de Keur-Massar, on ne retrouve pratiquement plus le plus petit centimètre de goudron. C'est sur une voie latéritique, ponctuée essentiellement de nids-de-poule, de flaques d'eau, de pierres un peu partout que le conducteur se voit contraint de manoeuvrer, avec une réelle insécurité. C'est un espace étroit que se disputent véhicules particuliers, charrettes et nombreux camions sortant de partout.
Pourtant, au sortir de cette réunion interministérielle du 26 juillet, tenue à la Primature en présence du Premier ministre, Me Souleymane Ndéné Ndiaye et du ministre de l’Aménagement du territoire, Karim Wade, Bécaye Diop avait indiqué que : «Ces maisons-là qui seront mises à la disposition des Sénégalais n’ont rien à voir avec l’ensemble des programmes d’habitat que le gouvernement est en train de mettre en place et de démarrer».
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