SAINT-LOUIS - Cruelle désillusion pour la quarantaine de filles qui caressaient le rêve d’intégrer, dès ce mois-ci, les rangs de l’armée sénégalaise. Elles auront finalement fait le voyage pour rien. En effet, ayant bravé les rigueurs d’un voyage souvent périlleux pour celles qui sont venues du Sud du pays, le coût du transport ainsi que les effets collatéraux consécutifs à une difficile séparation avec la famille, Fatou Badiane, Khourédia Seck, Fatou Badji et leurs camarades ont eu la désagréable surprise de s’entendre dire qu’elles ne sont pas prises en compte dans le deuxième contingent de l’année 2008. ‘Nous sommes toutes munies de nos papiers verts qui montrent que nous faisons partie des trois cents recrues. Nous sommes arrivées à Saint-Louis le 2 mai et avons été logées, depuis lors, au niveau du 12e bataillon d’instruction. Et puis subitement, ce mardi matin, on nous a demandé de vider les lieux parce que nous n’étions pas prises en compte dans la deuxième faction’, renseignent-elles.
Aujourd’hui, ces filles recrutées parmi les trois cents jugées aptes à faire leur service militaire, dans le cadre de l’ouverture à la gent féminine du 12e bataillon d’instruction du camp militaire de Dakar-Bango, ruent dans les brancards et pointent du doigt ‘les officiers de l’armée qui veulent choisir, arbitrairement, leurs filles, sœurs, cousines et autres membres de leur famille, à notre détriment. C’est une magouille orchestrée en haut lieu’, accusent-elles. Sûres de leur fait, elles ont squatté des heures durant les abords du camp militaire, avant de se rendre à l’évidence. ‘Nous étions trente-huit, mais les autres sont rentrées. Actuellement, nous ne sommes plus que quatorze. Mais, nous souhaitons en avoir le cœur net avant de quitter le camp militaire de Bango’, ont-elles martelé.
Du côté de la Grande Muette, l’on précise qu’il n’y a pas péril en la demeure. Ainsi, selon le lieutenant-colonel Abou Thiam, en poste dans la zone militaire n° 2, qui regroupe les cantonnements militaires de Saint-Louis, Matam, Louga, ‘il s’agit de filles pressées qui sont venues de leur propre chef.
Elles n’ont pas été convoquées. Malgré tout, le commandant du 12e bataillon d’instruction de Dakar-Bango a eu la grandeur d’esprit de les accueillir, de bien s’occuper d’elles avant de leur expliquer, clairement, qu’elles doivent retourner à la maison et attendre qu’on les convoque’, révèle l’officier de l’armée sénégalaise. Notre interlocuteur d’expliquer, dans la foulée, que ‘l’armée sénégalaise, vieille de 48 ans, a toujours été un modèle de droiture et de discipline. Nous nous interdisons d’arpenter des chemins sinueux qui nous éloigneraient de la droiture. Trois cents filles ont été recrutées, pour le compte de l’année 2008. Déjà, pour la première fraction, cent cinquante filles ont été formées pour le premier semestre. Pour le deuxième contingent, nous commençons l’instruction la semaine prochaine. Nous en sommes, actuellement, au stade des formalités. Et puis, nous pensons que cet engouement des filles pour l’armée est la preuve que l’idée d’ouvrir l’armée aux filles est une bonne chose’, fait-il remarquer.
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