Après avoir annoncé en grande pompe et fixé même la date du 15 juillet pour déporter les sinistrés de la banlieue à Tivaouane Peul, le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye tarde à trouver un seul lopin de terre pouvant abriter les inondés. D’abord, le Premier ministre a tergiversé dans le choix du lieu. Tivaouane Peul une première fois, ensuite Diamniadio, avant de revenir sur Tivaouane Peul. Mais ce choix n’était pas encore définitif, alors que l’hivernage tire à sa fin et que les inondés crient leur ras le bol.
L’Etat, dans sa recherche de parcelles aux sinistrés, a commis un vice de forme. Seul le sous-préfet de Sangalcam, Ibou Diop, a été impliqué dans le choix, en faisant fi des services déconcentrés tels que le cadastre, l’urbanisme, le domaine et snobant le Conseil rural de Sangalcam. Et le rapport du sous-préfet envoyé au ministre de l’Intérieur est truffé d’erreurs. En effet, Ibou Diop y prétend qu’il reste toujours des espaces à Tivaouane Peul. C’est sur ce conseil que le Premier ministre a pris la décision de rapatrier les sinistrés dans le village de Tivaouane Peul. Mais face à la résistance des populations qui ont même failli lyncher les conducteurs d’engins, les autorités ont décidé de convoquer d’urgence une réunion pour parler aux populations. Et sur le terrain, ils se sont rendu compte que les terrains ciblés n’étaient pas vierges. Deux coopératives d’habitats, celle des enseignants et une autre des travailleurs de la mairie de Dakar, n’attendent que les constructions. Des terrains d’anciens ministres et de particuliers dont des maisons déjà construites sont également concernés.
L’affaire se complique quand le sous-préfet et les techniciens ne parlent pas le même langage. Le premier parle d’emprunt de terres pouvant abriter les sinistrés tandis que les autres évaluent les parcelles et parlent d’impense. Une seconde réunion élargie aux propriétaires terriens sous l’égide du préfet de Rufisque, a permis de faire la situation. La parole est d’abord donnée au président du conseil rural, Omar Guèye. Pour ce dernier, les services de l’Etat ont voulu passer outre leurs prestations en les ignorant dans la recherche des parcelles dans une communauté rurale qu’ils gèrent. ‘Nous sommes des conseillers techniques de l’autorité centrale. Nous devons être saisis avant toute décision prise dans notre communauté rurale. Nous sommes en face des citoyens sénégalais qui ont un problème d’habitation et qui ont obtenu leur terrain par la loi. Nous pensons également qu’il faut trouver une solution au problème des inondés. C’est pourquoi nous proposons une solution technique au problème’, lance Oumar Guèye.
Pour l’imam du village, Tivaouane Peul est l’un des plus peuplés de Sangalcam. Plusieurs familles vivent dans une même concession. ‘Il est temps que l’on nous laisse nos terres pour nos enfants’, dit le religieux.
Pour les deux conseillers du village qui parlaient au nom des habitants de Tivaouane Peul, il est curieux qu’à chaque fois, les techniciens de l’Etat évoquent le nom du président Wade dans des projets fonciers. ‘A chaque fois, on nous dit que c’est un projet du président Wade. Mais lors de la visite du président sur le site de Namora, on s’est rendu compte que Me Wade n’était au courant d’aucun projet. Nous n’accepterons plus que des supposés porteurs de projets de Wade prennent nos terres’, soutient un conseiller. Pour les jeunes du village qui exigent une extension du village, toute la partie maritime est aujourd’hui occupée par les promoteurs. ‘Ces derniers, après avoir obtenu gratuitement des parcelles des mains du chef de l’Etat, les vendent aux populations. Aujourd’hui ils s’en prennent au seul accès à la mer’, poursuit un jeune. Quand aux coopératives d’habitat, il n’est pas question de céder un centimètre à l’Etat.
Le préfet de Rufisque qui présidait la rencontre, a plaidé pour un respect strict de la loi. ‘L’administration est au service des populations. Le Premier ministre lui-même a signifié que les sites ciblés ne doivent pas être occupés par d’autres. Nous avons choisi Tivaouane Peul parce que nous avons reçu l’information que le site n’est pas occupé. Nous demandons aux propriétaires terriens de faire parvenir les documents afin que les services de l’Etat puissent les vérifier. Rendez-vous est donné à tous ce lundi sur le site, afin que le cadastre puisse voir l’effectivité des documents’, soulignera le préfet.
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